Le besoin de numériser les données et notamment les ouvrages papiers est ressenti depuis quelques années déjà. L’objectif étant de sauvegarder la multitude d’œuvres en proie à la détérioration, et de mettre une partie du patrimoine littéraire à la porté de tous grâce au réseau. Ce serait le début du rêve de la bibliothèque universelle.. et c’est précisemment le projet ambitieux du moteur de recherche “google”.
Ce projet récemment renommé “google book” est initié par l’américain Larry PAGE
et le russe Sergey BRIN, les cofondateurs du moteur de recherche “google”.
Il vise ainsi à numériser, en moins de six ans, 15 millions d’ouvrages présents dans les bibliothèques publiques ou dans celles de plusieurs Universités américaines afin que les internautes puissent faire des recherches dans ces livres. Il permettra de visionner 3 pages d’un ouvrage (en plus de la couverture et de la table des matières), et ce, principalement pour des raisons de “copyright”. Bien entendu, “google” n’a pas oublié le coté “business” en proposant à l’internaute plusieurs liens commerciaux pour acheter l’ouvrage consulté.
Quant aux ouvrages tombés dans le domaine public, depuis le 3 novembre dernier ils devraient pouvoir être consultés dans leur intégralité.
Or comme tout grand projet, “google book” s’attire aujourd’hui les foudres de nombreux défenseurs des droits d’auteur et de ceux qui craignent la monopolisation du patrimoine commun par quelques-uns.
Pour ces derniers; aux nombres desquels on compte le président de la “Bibliothèque Nationale Française” , J.N JEANNENEY; « il est imprudent de laisser google
organiser seul l’information planétaire ».
Ce projet est en effet le 1er projet de grande envergure en ce domaine.
Cependant il en existait d’autres auparavant et il en existera d’autres dans les mois à venir parmi lesquels l’O.C.A (l’Open Content Alliance) associant notamment “MSN, Microsoft, Yahoo!”, ou encore celui regroupant les 20 bibliothèques nationales européennes.
Il est en effet incontestable qu’un des mérites de “google” est d’avoir suscité une nouvelle vague de projets alternatifs, publics comme privés.
Pour Patricia SCHROEDER, Présidente de “l’Association of American Publishers”,
les auteurs et les éditeurs ont compris le rôle du moteur de recherche et des grandes bibliothèques numériques, en ce “qu’elles constituent une excellente ressource”. Or en l’espèce il semblerait que “Google cherche à s’enrichir en parasitant les régles du Copyright “.
En effet “Google book” souhaite numériser autant de titres que possible, sauf quand les ayants droit s’y opposent par simple notification écrite. Or les éditeurs estiment que c’est à “Google” d’obtenir l’autorisation préalable. Ce système qui se base sur le principe
de l’opt-out ( l’accord du détenteur des droits est présumé) est lui aussi trés critiqué..
De fait google risque d’être plongé dans un imbroglio juridique inextricable: qu’il s’agisse de déterminer la date à laquelle les oeuvres tombent dans le domaine public, ou encore des questions de droit privé international puisque le regime juridique d’une oeuvre varie en passant l’Atlantique.
“Google” devra donc faire preuve d’une grande habilité pour mener son projet initial à terme.
En dépit de cette controverse un bon nombre d’éditeurs américains ont fourni leurs textes à “Google”, estimant que l’indexation de tous les mots d’un auteur,
une première dans l’édition, favorise l’accès des livres au public, puis les ventes des livres.
L’entreprise fait donc des émules et le débat mondial sur le devenir des produits culturels, les fameux “contenus à l’ère de l’Internet”, ne cesse de s’amplifier.
Sources :
– L’article de Claudine MULARD paru dans “Abondance Actu” du jeudi 20 octobre 2005;
-“Le Monde” du 04 Novembre 2005;
– La chronique Google.print: projet historique ou simple contrefaçon? de Paul VAN DEN BULCK paru dans “Expertise” le mensuel du droit de l’informatique et du multimédia”, n°298, Déc 2005.
Fanette BONNET