Pour certains, 2004 étant une année historique (avec 198 millions de spectateurs), les chiffres de fréquentation en baisse de 14% en 2005 sur les premiers mois (soit 137,6 millions de spectateurs) représentent en fait une moyenne normale. De plus, certaines grosses productions ont été programmées pour la fin de l’année (King Kong, Harry Potter et la Coupe de feu ou encore Angel A et Le monde de Narnia). Pour d’autres, un nouveau mouvement s’est développé, où de nouveaux risques et de nouvelles menaces vont accentuer cette baisse des fréquentations, si l’on ne prend pas de mesures nécessaires.
Un chose est sûre, c’est que l’année 2005 a manqué de « locomotive » capable d’attirer de nombreux spectateur et qui donne aux gens l’envie de retourner dans les salles. Derrière les 7,3 millions d’entrées du dernier épisode de Star Wars, les films atteignent péniblement les 4 millions de spectateurs (Brice de Nice, Charlie et la chocolaterie et La guerre des mondes) contre, des succès allant de 5 à plus de 8 millions de places vendues, en 2004. Par ailleurs, de nombreux succès annoncés ne l’ont pas été ou n’ont pas tenu leurs promesses. On pense à Mr & Mrs Smith, Ocean’s twelve, et Iznogood, et, à plus forte raison (économique) Kingdom of heaven, Alexandre, Robots, Boudu, L’empire des loups et Les chevaliers du ciel. En revanche, 2005 a porté son lot de bonnes surprises comme le Brice de Nice de James Huth avec ses 4,3 millions de spectateurs. Ensuite viennent le Charlie et la chocolaterie de Tim Burton et le Million dollar baby de Clint Eastwood. Enfin, avoisinant le million d’entrées du film De battre mon cœur s’est arrêté (Jacques Audiard) ainsi que Mon petit doigt m’a dit… (Pascal Thomas), Match point (Woody Allen), History of violence (David Cronenberg) et Broken flowers (Jim Jarmusch).
Le bilan 2005 montre que le public français a appris à se méfier de certains films (les films médiocres, les films d’auteur trop élitistes ou les grosses machines Hollywoodiennes). Ainsi, cette année, nous avons pu voir des longs métrages exigeants, singuliers, à hauteur d’homme, liant artistique et ambition, sachant séduire les critiques et le public tels que Joyeux noël de Christian Carion et Palais royal de Valérie Lemercier. D’ailleurs, avec 34,8% de part de marché, le cinéma français ne s’en sort pas si mal. Néanmoins, la part de marché américaine en France est aussi en hausse (51,3% depuis le début de l’année). De plus, le Centre National de la Cinématographie vient de déclarer que, pour l’année 2004, les recettes des films français à l’étranger ont progressé de 14,2% pour atteindre 141,2 millions d’euros (en provenance surtout de l’Allemagne, l’Italie et le Japon).
Des problèmes persistent à inquiéter le monde du cinéma et qui ne sont toujours pas résolus (le financement des films, la situation des intermittents, les négociations autour des conventions collectives, l’embouteillage des sorties, la fragilité des industries techniques…), ainsi que d’autres problèmes dont les pouvoirs publics se soucient, à savoir le succès du DVD, le développement du piratage (selon le CNC, 38% des films sortis en France entre août 2004 et juillet 2005 ont été piratés sur Internet), l’avènement de la projection numérique (nécessitant un investissement très coûteux).
Certains optimistes pensent que cette nouvelle ère qui s’annonce ne peut être que bénéfique pour le cinéma si ce virage est bien négocié. On l’espère, car si tous les films programmés en 2006 tiennent leurs promesses, la fréquentation des salles risquent de s’envoler. En effet, on attend Munich de Steven Spielberg, Les bronzés 3, amis pour la vie de Patrice Leconte, Incontrôlable avec Michael Youn, Un ticket pour l’espace avec Kad et Olivier. Le cinéma n’est pas près de baisser les bras.
Sources : Jean-Pierre Lavoignat dans le Studio hors série de 2005.
Audrey RAPUZZI