Lundi 6 mars, TF1 a annoncé qu’à partir du 15 juillet, le journal télévisé (JT) de 20 heures serait présenté par un journaliste antillais, Harry Roselmack, pendant les vacances de Patrick Poivre d’Arvor. Le recrutement du journaliste fait écho à la réunion du 22 novembre 2005 entre Jacques Chirac et les dirigeants des chaînes qui avait pour thème l’accroissement de la représentation des minorités de la communauté nationale à la télévision.
L’arrivée d’un journaliste noir sur la chaîne privée a été saluée par la communauté noire ainsi que par l’ensemble de la profession. Toutefois, même si cette nomination est un pas en avant vers une représentation des minorités sur les écrans, elle ne règle pas définitivement le problème de la diversité dans les médias. En effet, il existe encore une trop grande disparité entre le visage de la société et celui représenté dans les médias.
Ainsi, les efforts entrepris dans ce sens sont encore timides par rapport aux initiatives d’autres pays européens et notamment de la Grande-Bretagne. La BBC a investi beaucoup d’argent pour former et recruter des « journalistes de couleur, noirs, indiens ou pakistanais ». Ceux-ci représentent aujourd’hui environ 10% du total des journalistes de la chaîne.
En France, le CSA a donc tenté d’instaurer des règles strictes en faisant figurer des obligations dans les conventions signées avec les chaînes privées. Ainsi depuis 2001, ces chaînes doivent impérativement tenir compte de la « diversité des origines et des cultures » par le biais de l’intégration des minorités devant et derrière les caméras. Les chaînes publiques sont également actives dans ce domaine puisque dès 2004, France Télévisions a lancé un “plan d’action positive pour l’intégration” (PAPI) créé pour améliorer l’expression des diverses composantes de la communauté nationale sur les antennes, dans les programmes et dans la structure des chaînes. Seul bémol à cette initiative, des inégalités persistent tout de même entre les journalistes qui bénéficient de ce PAPI et les autres.
Pour l’heure, le recrutement d’Harry Roselmack pose un autre problème, celui du contrat d’image qui le lie à Canal+, chaîne pour laquelle le journaliste travaille actuellement. Ce type de contrat, créé dans les années 90, octroie à la chaîne l’exclusivité des prestations des journalistes ou animateurs pendant toute sa durée, ce qui constitue son principal atout. De plus, ce contrat assure un régime fiscal plus favorable au salarié ainsi qu’une économie de charges sociales à l’employeur.
TF1 doit obtenir l’accord de Canal+ pour mettre fin au contrat d’image d’Harry Roselmack avant l’échéance prévue initialement fin août 2006. Toutefois, il semble que Canal+ ne refusera pas cette opération étant donné l’impact médiatique qu’a eu la nomination du journaliste.