La fin d’une exception française
C’est une page de l’histoire du paysage audiovisuel français qui se tourne.
A l’image de Première en Allemagne, BSkyeB en Grande-Bretagne, Sky en Italie et Digital Plus en Espagne, la France va donc bientôt se retrouver avec une seule plate-forme satellitaire de télévision payante. La France était, en effet, jusqu à présent le seul pays où deux bouquets satellites coexistent. Les fusions de ce type en Europe ont toutes été autorisées mais à certaines conditions, notamment que les prix d’abonnement n’explosent pas et que les droits de foot soient régulièrement renégociés.
Un mariage de raison
Objectif affiché de cette fusion : contrer les ambitions des groupes télécoms et des fournisseurs d’accès Internet dans l’univers de contenus audiovisuels.
En effet, les opérateurs de télécommunication comme France Télécom, Free et autres Neuf Cegetel bouleversent les cartes en proposant des offres mariant à la fois téléphone, Internet et télévision.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a adopté mardi 24 mai, à l’unanimité, un avis sur le projet de fusion des groupes de télévision à péage TPS et Canal +, qu’il a transmis au Conseil de la Concurrence.
L’obtention par la chaîne cryptée des droits de diffusion de la ligue 1 de football a sonné le glas des espoirs des responsables de TPS, qui depuis ne pouvait plus compter dégager de vrais bénéfices. « Côté Canal », les sommes astronomiques consenties par la chaîne cryptée afin de conserver cette exclusivité risquaient de mettre en péril, cette fois ci, l’économie même d’un groupe encore convalescent.
Avis favorable du CSA
Le rôle du CSA est de veiller au pluralisme des éditeurs et au développement de la création audiovisuelle, d’encourager le développement de la Télévision Numérique Terrestre (TNT), de favoriser l’extinction de l’analogique et de protéger le cinéma et le consommateur, c’est ce qu’ a rappelé Elisabeth Flury-Hérard, conseillère au CSA. Durant deux mois, les membres du CSA ont auditionné tous les acteurs du secteur audiovisuel pour écouter leur remarque.
L’autorité de régulation recommanderait un accès libre des fournisseurs Internet et des opérateurs télécoms aux chaînes de sport et de cinéma sur les plates-formes ADSL. Il s’agit d’un système équilibré afin de préserver le niveau de financement de la production, tout en permettant aux nouveaux concurrents de Canal + de se développer.
Premières victimes de cette situation, les chaînes de France Télévisions qui réclament aujourd’hui des garde-fous pour empêcher les télévisions privées d’acheter en commun leur programmes, ou de nouer des accords de longue durée avec les grandes majors américaines pour la fourniture de films et de séries. Selon Patrick de Carolis, PDG de France Télévisions, « la fusion TPS Canal+ est un véritable danger pour le service public français ».
Enfin le CSA a souhaité « laisser le marché ouvert » sur le secteur de la vidéo à la demande.
Le CSA a transmis son avis au Conseil de la Concurrence qui se prononcera au plus tard le 13 juillet. L’accord conclu prévoit la création d’un nouvel ensemble baptisé temporairement « Canal+ France », détenu à 65% par le groupe Canal + , à 20% par Lagardère, à 9,9% par TF1 et 5,1% par M6.
Les conséquences selon les consommateurs
Moins d’offres commerciales, des chaînes disparaîtront et des emplois aussi : les 625 employés de TPS s’inquiètent de leur sort.
La fusion aura également des conséquences sur le financement du cinéma français.
Jusqu’ à maintenant, les deux bouquets proposaient chacun tout un panel de chaînes cinéma (12 pour Canal +, 11pour TPS) avec une programmation fournie de longs métrages permettant de conquérir de nouveaux abonnés.
Avec la fusion, le nombre de longs métrages diffusés en exclusivité risque d’être revu à la baisse. Cela signifiera automatiquement moins de films produits en France, faute de financement.
De plus, les producteurs pourraient faire monter les enchères concernant les films les plus attendues des téléspectateurs. L’union va aussi faire chuter les recettes des clubs de football professionnel à partir de 2008.
Les inquiétudes demeurent…
Sources : Le Monde du 25 mai 2006
http://www.lemonde.fr
http://www.lefigaro.fr
http://www.lexpress.fr
http://www.linternaute.com
COMBE Linda