Dès les premières présentations du film Vol 93, racontant le détournement par quatre terroristes d’un avion devant s’écraser sur la Maison Blanche, de vives interrogations se sont posées. Pourquoi revenir sur le drame du 11 septembre ? Certains ont voulu retirer le film des salles, d’autres dénoncent l’argent récolté par les studios grâce à cette tragédie, enfin, d’autres pensaient que le délai de deuil n’était pas approprié.
Néanmoins, le film de Paul Greengrass, présenté au festival de Tribeca, a conquis le public, la critique comme les spectateurs. En effet, le réalisateur a su éviter le film catastrophe, le manichéisme politique, le pathos et perturbe par sa vraisemblance. Le festival de Cannes a confirmé ces attentes. Les exemples de ce genre ont toujours existé aux Etats-Unis, qui savent réagir rapidement aux pages sombres de leur histoire. On se souvient de M.A.S.H., Voyage au bout de l’enfer et Apocalypse now, sortis quelques temps après la guerre du Vietnam. En Angleterre, des films comme Au nom du père ou Bloody Sunday traitent des l’IRA.
La France préfère montrer ses moments de gloire, comme les moment de bravoure de la seconde guerre mondiale, mais a du mal à évoquer son passé trouble. Elle a même censuré Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, sur la guerre de 14-18. Avec Vol 93, le réalisateur relate le voyage de l’avion qui a finit par s’écraser en Pennsylvanie alors qu’il devait finir sur la maison blanche, suite à la révolte des passagers. C’est la télévision qui avait abordé le sujet en premier et avait battu des recors d’audience. D’autre adaptation ont suivit, des téléfilms ou séries. Mais Paul Greengrass tient à rester au plus près des évènements. Le réalisateur s’est appuyé sur les appels téléphoniques des passagers et de l’équipage, des archives nationales et des témoignages. La presse spécialisée est unanime.
On attend à présent le World Trade Center d’Oliver Stone sur les pompiers new-yorkais présent le 11 septembre. La réalité écrit parfois des scénarios qu’aucun scénariste de fiction n’aurait pu imaginer.
Source : Michel Rebichon, Studio n°225 de juillet/août 2006
Audrey RAPUZZI