Le 20 octobre 2005, le secrétaire général de Reporters sans frontières a fait part, au directeur de cabinet et au conseiller pour la presse et la communication de Nicolas Sarkozy, de son inquiétude concernant les journalistes menacés, à la suite du conflit de la SNCM en Corse.
Le 25 octobre 2005, le ministre de l’Intérieur a répondu qu’ « aucune cause ni aucun combat politique ou syndical ne peut tolérer ce type de comportements individuels. Il faut les réduire à ce qu’ils sont : d’abord et avant tout des actes délictuels passibles de sanctions pénales ».
En outre, il a rappelé que la liberté de la presse fait partie des libertés nécessaire au fondement même d’une société démocratique, et qu’elle est une condition primordiale du progrès et de l’épanouissement de chacun. Ainsi, « rien ni personne ne doit pouvoir l’empêcher (le journaliste) de communiquer les informations dont il a connaissance, ni d’exprimer librement ses convictions ».
Ces inquiétudes ont fait suite à de violentes manifestations contre la privatisation de la SNCM, au cours desquelles deux cameramen de France 2 et France 3, ainsi qu’un photographe de l’AFP ont été pris à partie. Selon Jean-Marc Plantade, chef du service économie du Parisien, lui-même menacé de mort lors d’appels téléphoniques, il s’agit d’un « terrorisme intellectuel et il appartient aux pouvoirs publics de mettre hors d’état de nuire ces individus qui se permettent de telles menaces ».
Un cameraman de France 3 a ainsi été frappé à la tête alors qu’il était entrain de filmer environ deux cents casseurs qui s’en prenaient à une camionnette d’EDF dans les rues de Bastia. Selon lui, « il faut maintenant que l’on puisse travailler en Corse comme ailleurs ».
Puis, un photographe de l’AFP a été molesté par des manifestants sur le port de Bastia alors qu’il prenait des clichés d’un policier en civil, passé à tabac par une quinzaine de personnes. Son appareil photo a ensuite été jeté à la mer.
Aujourd’hui, la direction territoriale de France 3 Corse porte plainte contre X après l’agression d’un journaliste réalisant un reportage à propos d’un attentat visant une entreprise BTP en Haute-Corse. Selon un communiqué de l’intersyndicale SNJ, CGT, STC, Sud et CFDT, celui-ci s’était déplacé sur les lieux, resté en dehors du périmètre de sécurité établi par les gendarmes là où les dégâts n’étaient pas visibles. C’est alors qu’il a été insulté par les responsables de l’entreprise, une personne s’est emparée de la caméra, l’a jetée par terre et détruite.
Malgré la réponse du ministre de l’Intérieur il y a un an de cela, l’intimidation à l’encontre des journalistes en Corse semble toujours d’actualité, et ce quelque soit le contexte politico-économique.
Les syndicats considèrent qu’il s’agit d’un acte de violence qui tend à museler le service public d’information qui doit être réprimé au nom de la liberté d’expression.
Sources :
http://www.lemonde.fr, édition du 12 novembre 2006
http://www.afp.fr
Clarisse PORTET