La commission des affaires culturelles du Sénat a publié mercredi 10 octobre 2007 un rapport afin de résoudre la crise de la presse française.
Celle ci s’est accentuée de manière fulgurante ces dernières années et de nombreux titres, nationaux et régionaux, font face à une baisse constante de leur diffusion.
Les raisons sont multiples et durent depuis plusieurs années : augmentation des coûts, concurrence des autres médias, problèmes de distribution, nouveau lectorat…
Pour beaucoup, cette baisse est également la conséquence du déferlement des journaux gratuits et du développement de l’information sur internet.
Ces difficultés imposent aux journaux de repenser leur offre et leurs équilibres économiques. Plusieurs quotidiens ont ainsi du faire face à des plans de restructuration.
Mais la baisse n’a pu être enrayée.
C’est dans ce contexte qu’intervient le rapport sénatorial intitulé “La presse quotidienne d’information : chronique d’une mort annoncée ?” et présenté par le sénateur UMP Louis de Broissia.
Ce rapport clôt les auditions d’acteurs de la profession, organisées par un groupe de travail (créé par la commission des affaires culturelles du Sénat le 23 janvier dernier).
Le rapport commence par constater le malaise du secteur : “La presse quotidienne d’information politique et générale traverse une période difficile marquée par la désaffection de son lectorat, la baisse continue de ses recettes publicitaires et le maintien de coûts de production élevés”.
Mais il considère que tous les acteurs ont leur part de responsabilité. Il pointe du doigt les aides publiques qui “peinent à faire la preuve de leur efficacité”, les éditeurs, les journalistes pour leur “perte de crédibilité”…
Après ce constat, plusieurs pistes sont développées pour sauver la presse française :
-première proposition : une négociation entre éditeurs afin d’améliorer le système de distribution. Le Sénat propose de “redynamiser le portage” et de développer de points de vente spécialisés ou complémentaires. Le Sénat propose également de changer la loi Bichet de 1947, en vertu de laquelle “le groupage et la distribution de plusieurs journaux et publications périodiques ne peuvent être assurés que par des sociétés coopératives de messageries de presse”.
-seconde proposition : la mise en place d’un “Médiamétrie” de la presse, pour mesurer l’audience des journaux et permettre des études sur le comportement des lecteurs.
-troisième proposition : la sensibilisation des jeunes à la presse. La commission propose l’accès aux quotidiens pour les élèves de collège, un abonnement à un titre de presse quotidienne nationale pour les élèves de seconde et l’installation de points de vente dans les lycées.
-quatrième proposition : le rapport recommande de faciliter l’entrée des quotidiens dans l’univers numérique. Cette proposition implique de réfléchir aux droits d’auteurs.
-cinquième proposition : conforter le statut des journalistes en intégrant les chartes de déontologie dans les texte régissant la profession et en inscrivant la protection des sources dans le droit français. Cette dernière mesure avait déjà été annoncée en 2006 par le garde des sceaux Pascal Clément mais était restée sans suite jusqu’à aujourd’hui.
En revanche, l’indépendance éditoriale n’a pas été évoquée.
Le rapport a été approuvé à l’unanimité par la commission des affaires culturelles.
Il faut désormais attendre, afin de savoir de quelle manière ces mesures seront appliquées et si elles auront un effet positif sur la diffusion des quotidiens.
Source
Les Echos
Julie CABON