L’avenir de la presse, c’est internet! Depuis plusieurs années les grands journaux nationaux se sont fait une place sur la toile. Le challenge est difficile pour les entreprises de presse, qui voient la gratuité s’imposer. De même le web permet l’accès à de nombreuses ressources sans mettre la main à son porte-monnaie. Les internautes s’en réjouissent et font part de leur désapprobation lorsqu’il est question de payer. L’inénarrable problème de la presse gratuite contre la presse indépendante ne désenfle pas. Au contraire, cette question qui s’est posée pour la presse écrite, avec le lancement en 2002 des quotidiens gratuits (20 mn, Direct soir) se déplace sur le net.
La sphère internationale est concernée. Au Etats-Unis, le quotidien NY Times est passé au tout gratuit depuis septembre 2007. Les archives et dossiers spécifiques sont désormais accessibles gratuitement tels que les articles d’actualité. Cette décision est intervenue, car d’un point de vue économique, le payant est un frein à la croissance de revenus et d’audience.
Cependant des initiatives pour une presse indépendante, font surface. Au Etats-Unis, Jay Rosen, professeur de journalisme à l’Université de New York, fait part d’un nouveau concept sur son site New assignment. Pour libérer l’information des pressions économiques, se sont les internautes et de généreux donateurs qui vont faire tourner la machine. En effet, les internautes proposent et financent des sujets de reportage, que des journalistes professionnels s’engagent à réaliser. Cette initiative n’en est qu’à ses balbutiements et rien encore ne peut certifier de l’efficacité d’une telle entreprise. Cependant certaines agences font le pari, comme l’agence Reuters qui a versé à New assignment une petite somme de 100.000 dollars pour donner l’élan nécessaire à son développement.
En France, Edwy Plenel, ancien directeur des rédactions du quotidien Le Monde fait part de son projet Mediapart, un journal en ligne totalement indépendant de la manne publicitaire. Projet abondamment critiqué, celui-ci devrait permettre l’accès à l’information via un abonnement mensuel. Ce modèle économique est selon E. Plenel « la clé de l’indépendance et de la qualité ». L’équipe d’une quarantaine de personnes sera constituée de professionnels. Les fondateurs quant à eux détiendront la majorité du capital « pour une indépendance économique véritable ». Le lancement est prévu début 2008.
L’idée est coiffée d’un nuage de scepticisme. Les internautes seront certainement peu enclin à participer financièrement, alors que d’autres sites d’informations leur proposent un accès gratuit. De même, subvenir aux besoins de 40 professionnels semble difficilement réalisable. Le développement de plus petites structures serait peut être plus pertinent, comme le site Rue89, initié par des journalistes de Libération.
L’idée d’une presse totalement indépendante des revenus publicitaires semble inconcevable. Le lectorat de la presse écrite quotidienne est en chute libre depuis plusieurs années. Les gratuits se sont fait une place remarquable et tout semble se diriger vers une économie de marché. Internet est un espace de liberté certain, mais c’est également un outil économique très fort. Les initiatives pour une presse indépendante sur internet semblent vouées à l’échec.
Presse de qualité et journalisme d’investigation contre simple reprise de dépêches d’agence et homogénéité de l’information: le débat se joue aujourd’hui sur internet.
Sources:
Les echos
Le nouvel observateur
Le Figaro
Sandie DARDAR