Près de quatre mois de travail auront permis au comité de pilotage sur la réforme de l’audiovisuel extérieur français de remettre son rapport sur le bureau de l’Elysée le 30 novembre 2007. Présidé par Georges-Marc Benamou, conseiller de Nicolas Sarkozy pour l’audiovisuel et la culture, ce rapport a été rédigé notamment sous l’impulsion de la direction du développement des médias (DDM), de la direction de l’audiovisuel extérieur (Quai d’Orsay) et de l’Agence des participations de l’Etat (Bercy). Il en résulte l’ambition de regrouper dans une structure commune baptisée « France Monde » la télévision francophone TV5 Monde, la chaîne d’information internationale en continu France 24 et la radio internationale RFI. A l’intérieur de cette holding, qui sera éventuellement dirigée par un tandem composé d’un journaliste et d’un entrepreneur, chaque entité garde néanmoins sa marque propre, et ce malgré la mise en place d’un groupement d’intérêt économique pour « mutualiser » les services administratifs, logistiques et commerciaux de ces trois entités.
Cette refonte profonde de l’audiovisuel extérieur français s’étalant jusqu’en 2012 traduit la volonté de « créer une modernité médiatique qui soit une alternance à CNN et Al Jazira », comme a pu le souligner l’un des membres du comité de pilotage. Pour ce faire, une nouvelle plate-forme de contenu est envisagée, qui regrouperait des nouvelles chaînes thématiques essentiellement consacrées aux sports ou à la jeunesse, des services de télévision en différé, de la vidéo à la demande, des sites communautaires. Cette nouvelle plate-forme aurait la capacité d’engendrer, selon les estimations du comité, 40 millions de recettes publicitaires supplémentaires, dont la moitié sur internet, ce qui porterait le budget annuel de la structure commune à 400 millions d’euros contre 360 millions actuellement pour l’ensemble des trois structures existantes. En effet, un grand portail internet commun auquel les trois organismes rassemblés contribueront sur la base du volontariat devrait voir le jour.
Une telle refonte de l’audiovisuel extérieur français n’est pas sans faire naître certaines craintes de la part des partenaires francophones de TV5 Monde d’une part (Belgique, Suisse, Québec, Canada, Organisation internationale de la francophonie), et de la part des syndicats d’autre part. Si les partenaires francophones de TV5 Monde craignent de voir la chaîne devenir « la voix de la France », les syndicats craignent des suppressions d’emplois. De telles craintes se matérialisent notamment lorsque le comité de pilotage envisage de revoir les participations de France Télévision au sein des chaînes France 24 et TV5 Monde. Cette phase de transition, jusqu’à la création d’une réelle « news factory », va alors devoir rechercher le consensus qui confirmerait l’existence d’une cohérence de l’audiovisuel extérieur français.
Sources :
www.lemonde.fr
www.lefigaro.fr
www.humanite.fr
www.latribune.fr
www.nouvelobs.com
Anne-Christelle BLANCHON