POLEMIQUE AUTOUR D'UN TELEPHONE PORTABLE POUR ENFANTS

Le Mo1, un téléphone portable destiné aux enfants de 6 ans et plus, est proposé depuis les fêtes de Noël par les magasins de jouet Imaginarium, au grand dam de deux associations françaises qui réclament l’interdiction de ces appareils.
Un téléphone portables pour enfants doit-il devenir un marché nécessaire ? Le sujet fait débat.

Les associations Agir pour l’environnement et Priartem (Pour une réglementation des implantations d’antennes-relais de téléphone mobile) s’opposent ainsi à la commercialisation de ce téléphone et espèrent le faire retirer de la vente, comme elle l’avaient fait avec les deux précédents. En effet, c’est le troisième produit de ce type a être lancé sur le marché hexagonal après le Babymo en 2005 et le Kiditel au printemps dernier. Ce mobile simplifié (touches intuitives et d’appel d’urgence, contrôle d’accès parental) est proposé à la vente par la société espagnole au prix de 99 euros.
Les deux associations ont rencontré, hier, la Ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, pour demander l’interdiction de la vente de téléphones aux enfants. Elles mettent en garde les citoyens : « on sait que le cerveau des enfants absorbe 60% de rayonnements électromagnétiques de plus que celui des adultes ». Imaginarium réplique que le haut parleur s’active automatiquement lors d’un appel reçu, ce qui permet à l’enfant de ne pas porter le combiné à son oreille, la société précisant dans sa notice que le Mo1 n’est pas recommandé pour les enfants de moins de 36 mois.
Le 7 janvier dernier, Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, s’était exprimée sur les ondes de RMC contre la commercialisation des portables explicitement destinés aux enfants. Les associations ont ainsi invité Madame Bachelot a reprendre à son compte une proposition de réglementation contraignante pour une interdiction ciblée des portables pour enfants, et plus généralement à la mise en place d’une campagne de sensibilisation au bon usage du portable car la position de la Ministre peut paraître pour l’instant consensuelle. En effet, appliquant le principe de précaution, le ministère de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, exprime une retenue vis à vis des appareils de téléphonie mobile destinés aux enfants et recommande un usage modéré pour les jeunes utilisateurs, sans pour autant décrété une interdiction de commercialisation. La Ministre souligne qu’ « aucune preuve scientifique ne permet aujourd’hui de démontrer que l’utilisation des téléphones mobiles présente un risque pour la santé, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants », tout en précisant que « plusieurs études scientifiques parues récemment « mettent en évidence la possibilité d’un risque faible d’effet sanitaire lié aux téléphones mobiles après une utilisation intense et de longue durée (plus de dix ans) ». La position officielle du gouvernement se résume ainsi : « les limites inhérentes à ce type d’études ne permettent pas de conclure formellement sur l’existence d’un risque ».
Interrogée sur le sujet dans le Journal télévisé de 20H de France 2 fin décembre, la Ministre a déclaré qu’elle n’a « pas jugé utile pour l’instant de supprimé ce type de téléphones portables ». Position confirmée à l’issue de la rencontre avec les deux associations qui ont donc agi en vain.
A la suite des ces réactions nuancées, les deux associations ont exprimé leur menace de porter l’affaire sur le terrain judiciaire, « faute d’engagements politiques forts ».

Le Mo1 relance donc le débat autour du secteur des télécommunications prenant pour cible les enfants, et par la même occasion, la controverse des possibles effets néfastes sur la santé. A n’en pas douter, les télécommunications posent des interrogations de santé publique. Nous attendons avec impatience les résultats de l’étude de l’AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail) qui réalise une mise à jour de son expertise sur les risques liés à l’exposition aux radiofréquences, ainsi que les travaux en cours de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).
Le sujet n’est définitivement pas clos avec la recherche effrénée du toujours plus haut débit possible, notamment sans fil, sur le marché des télécommunications.

Mathieu LAPOIRIE

Sources :

– Communication du Ministère de la Santé, de la jeunesse et des Sports, « Téléphones mobiles : santé et sécurité », 2 janvier 2008, http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/actualite-presse/presse-sante/communiques/telephones-mobiles-sante-securite.html

www.01net.com/
– BLOCH-SITBON (N.), « Le téléphone pour enfants revient en rayons en janvier », article du 14 décembre 2007

www.vnunet.fr/
– GUERRIER (P.), « Téléphones mobiles pour enfants : le Mo1 oblige le gouvernement à réagir », article du 3 janvier 2008