Officiellement lancée par la cérémonie du mercredi 13 mai avec la projection du film d’animation Up, l’édition 2009 du festival de Cannes a ouvert la compétition dès le lendemain par la projection du film chinois Nuit d’ivresse printanière.
Après Purple butterfly en 2003 et Une jeunesse chinoise en 2006, il s’agit là du troisième film de Lou Ye à concourir pour la Palme d’Or.
Réalisateur controversé en son pays, Lou Ye est frappé par la censure des autorités chinoises dès ses toutes premières réalisations. Ainsi, Weekend Lover est censuré en 1994 et Suzhou River, histoire d’amour tragique, fait l’objet d’une interdiction de diffusion, à laquelle s’ajoute une interdiction de tourner pendant deux années. Mais c’est avec Une jeunesse chinoise, qui dépeint une histoire d’amour dans le contexte historique des événements de la place Tiananmen et qui va être visionné et présenté au festival de Cannes de 2006 sans visa des autorités, que la sanction sera la plus lourde. En effet, frappé par la censure chinoise, Lou Ye fait alors l’objet d’une mesure de bannissement, à savoir une interdiction de tourner pendant une durée de cinq ans.
Jugeant cette sanction déraisonnable et souhaitant continuer à exercer sa profession, Lou Ye décide malgré cela de poursuivre ses projets et, de façon clandestine, entreprend le tournage de Nuit d’ivresse printanière. Filmé en caméra numérique haute définition en seulement deux mois et joué par des comédiens non professionnels, ce film d’amour aborde un thème qui est tabou en Chine, l’homosexualité, qui reste regardée aujourd’hui encore comme une maladie mentale. Rythmant son film de scènes silencieuses gorgées d’émotion, de pudeur et de poésie ainsi que de scènes plus brutales d’ébats passionnés, Lou Ye espère faire évoluer les mentalités chinoises vers davantage de tolérance sur le sujet. Toutefois, par cette nouvelle bravade de l’interdit, il paraît peu probable que Lou Ye parvienne à retrouver aujourd’hui les bonnes grâces des autorités chinoises, dont la réaction à ce jour reste inconnue.
Financé en partie par des investisseurs hongkongais, Nuit d’ivresse printanière a également bénéficié d’un financement français, notamment grâce à la société de production Rosem Films, au Centre National de la Cinématographie et à la région Ile-de-France, ce qui est propre à justifier qu’il soit aujourd’hui présenté en France comme une œuvre franco-hongkongaise.
Sources :
http://www.festival-cannes.fr
http://www.lefigaro.fr
http://www.latribune.fr
Gaëlle BROCHOT