En 2006, la France découvrait le calvaire d’Ilan Halimi, jeune juif torturé pendant trois semaines avant de mourir des suites de ses blessures. Depuis le 29 avril 2009, Youssouf Fofana et le « gang des barbares » comparaissent à huit clos devant la cour d’assises des mineurs de Paris pour meurtre aggravé.
Le magazine « Choc » a publié dans son numéro du 15 mai 2009 des clichés montrant Ilan Halimi alors qu’il était séquestré, un pistolet sur la tempe, le visage masqué par du scotch et les poignés entravés. Choquée par cette publication, la famille d’Ilan Halimi a assigné devant le juge des référés, le magazine « Choc » pour atteinte à l’intimité de la vie privée. Fait exceptionnel, le parquet s’était associé à la demande d’interdiction du magazine, le procureur estimant qu’aucune autre mesure ne pouvait mettre fin à ce « trouble manifestement illicite », la photo incriminée étant publiée à la Une du magazine. Ainsi le 22 mai dernier, la justice a ordonné le retrait immédiat du magazine. L’avocate de « Choc » avait immédiatement annoncé son intention de faire appel de cette ordonnance.
L’interdiction d’une publication est rarissime en France. Le dernier exemple en date est celui de l’ouvrage du médecin de François Mitterrand, « Le grand secret ». Paru huit jours après la mort du président, l’ouvrage avait été interdit en référé, le magistrat estimant qu’il s’agissait d’ « une intrusion particulièrement grave dans l’intimité de la vie privée et familiale » de l’ancien président de la République.
Le 28 mai dernier, la décision d’appel est intervenue, autorisant finalement la vente du magazine « Choc ». Le titre pourra à nouveau être proposé à la vente, à condition que les clichés en question soient occultés. La cour d’appel a estimé que les photos, qui avaient été adressées à la famille pour la demande de rançon, n’avaient pas vocation à être diffusé au public. Ces images d’Ilan Halimi portent atteinte à la dignité humaine et leur diffusion n’est aucunement justifiée par les nécessités de l’information.
Malgré tout, les magistrats ont estimé qu’il n’était pas nécessaire d’interdire la totalité du numéro. Les clichés devront être occultés, cette mesure a dans les faits les mêmes conséquences qu’une interdiction. Il est en effet difficilement possible de modifier tous les magazines déjà édités, c’est pourquoi les avocats du magazine ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation.
Sources :
http://www.liberation.fr/societe/0101570004-ilan-halimi-le-magazine-choc-peut-rester-en-kiosque
http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Ilan_Halimi
Yann Birgand