Dans quelques mois, les opérateurs télécoms français devraient faire irruption sur le marché de la presse numérique mobile. Mais il convient alors de s’interroger sur l’avenir de la presse papier. Sera-t-elle remplacée au simplement complétée par la presse numérique ?
La presse a été mise au défi du numérique pour des raisons essentiellement économiques. Pour bon nombre de lecteurs, l’accès à l’information se doit d’être d’une part gratuit, mais également le plus rapide possible; mais cette adaptabilité fait défaut à la presse papier, car elle peut être mise à jour au mieux quotidiennement, et pour la plupart, de manière hebdomadaire ou même mensuelle.
Selon Julien Miniconi, Senior manager chez Ineum Consulting, la presse numérique serait un moyen de contrer la presse gratuite en permettant l’accès à un quotidien dont les contenus seraient actualisés plusieurs fois par jour. Cependant, les maisons d’édition, qui cherchent à se libérer des contraintes financières que présentent leurs structures – dont les coûts sont non négligeables, devraient tenter de parvenir à un accord avec tous les acteurs. Le problème restant maintenant de savoir s’il convient de viser un marché de masse ou simplement une activité de niche.
Rupert Murdoch ne le voit pas de cet oeil; le magnat de la presse a en effet affirmé jeudi 28 mai, que l’avenir des journaux est à chercher dans le numérique. Selon l’homme d’affaires, dix à quinze ans seront nécessaires pour que les lecteurs abandonnent complètement le papier.
Les journaux, en crise en raison de l’érosion de leur diffusion papier et la baisse des recettes publicitaires, vont devoir payer l’accès à leurs sites internet.
Rupert Murdoch, dont le groupe possède entre autres le Wall Street Journal, le New York Post et les quotidiens britanniques Times et Sun, affirme que l’époque des versions gratuites des journaux sur internet « va prendre fin », car « les journaux qui se sont précipités sur le web pour tenter de gagner un plus large public et d’attirer l’attention – pour faire face au succès des quotidiens gratuits – se mis à nu eux-mêmes, et ils vont désormais devoir faire marche arrière ».
A l’avenir, « au lieu d’un journal imprimé sur papier, on pourra l’avoir sur des supports mobiles qui capteront l’intégralité du contenu du journal par les airs et seront mis à jour toutes les heures ou toutes les deux heures. On pourra avoir le contenu ou les principaux titres et des alertes sur son Blackberry, tout au long de la journée ».
Mais faut-il pour autant parler d’une presse numérique qui va « supplanter » la presse papier ?
Ne serait-on pas plus tenté de parler d’une « relation complémentaire » ?
En effet, la seconde permettrait plutôt de nouvelles prépublications couleurs, des dossiers réactifs, ou un renouvellement plus rapide de l’actualité, sans pour autant sonner le glas des traditionnels quotidiens qui salissent les doigts !
Une seule chose reste toutefois à noter: la presse actuelle, outre son statut, est désormais destinée à suivre une évolution tracée non par Internet mais plutôt par les logiques de l’accès gratuit et de la gratuité de l’information.
En effet, le problème n’est pas tant la disparition totale des journaux papier, puisque bien trop nombreux sont les lecteurs qui restent fidèlement attachés à leur bon vieux périodique.
Il suffirait plutôt de regarder le succès des quotidiens tels que Metro, 20 Minutes ou encore Direct Soir et Direct Matin, pour comprendre les nouveaux enjeux auxquels les grands quotidiens nationaux payants ont à faire face aujourd’hui.
Donc deux angles sont à surveiller soigneusement pour les maisons de presse: d’une part l’accès gratuit à l’information et d’autre part la rapidité et l’adaptabilité de celle-ci; ces soucis ayant en partie été réglés par la création de sites Internet gratuits tels que Lemonde.fr ou Lefigaro.fr., les journaux doivent maintenant trouver une solution, en accord avec tous les acteurs de la presse numérique, pour faire face à tous les enjeux financiers que cette nouvelle technologie a fait naître.
Alexandra IARCA