LE CYBER-TERRORISME : BIEN PLUS QU’UN MYTHE

Comme l’écrit M.CHAMBET, le terrorisme et l’anti-terrorisme s’emparent d’Internet.
En effet, ce média n’est pas l’apanage des gens ordinaires. Les usages qu’il rend possible, profitent également aux terroristes : ils peuvent communiquer, « publier des revendications, des fatwas, les vidéos d’exécution de leurs otages ou assurer leur propagande » via des sites, des forums, recruter des membres. Mais, le recours au World Wilde Web peut aller bien au-delà et servir à lancer des attaques. La Toile est une arme de guerre qui peut s’avérer redoutable. Les pays dépendants des réseaux de communications électroniques, et particulièrement ceux industrialisés, sont vulnérables aux cyber-attaques. En raison de leur dépendance au réseau d’énergie, et aux réseaux d’ordinateurs grâce auxquels sont assurés la fourniture du pétrole et du gaz, le pompage et la purification de l’eau, et le fonctionnement des systèmes de transport, les attaques via le cyberespace peuvent provoquer des effets notamment économiques, logistiques et émotionnels considérables : les pertes boursières, les problèmes d’approvisionnement d’eau et d’électricité, la perte de confiance en l’économie numérique, ou encore les accidents dans les transports.

Il n’existe pas encore de consensus autour d’une définition universelle du « terrorisme ».En conséquence, la notion de « cyber-terrorisme » subit le même sort. Elle a été défini, par l’auteur susmentionné, comme « l’action délibérée de destruction, dégradation ou modification de données, de flux d’informations ou de systèmes informatiques vitaux d’Etats ou d’entreprises cruciales au bon fonctionnement d’un pays, dans un but de dommages et/ou de retentissement maximum, pour des raisons politiques, religieuses ou idéologiques. »

Bien plus qu’un mythe, le cyber-terrorisme constitue une menace bien réelle pour le gouvernement américain, qui a par conséquent cherché à s’en prémunir.
Cédric Thévenet reporte dans son mémoire intitulé Cyber-terrorisme, mythe ou réalité ?, la déclaration qu’a tenu un ancien Directeur du FBI, Lois FREEH, le 10 mai 2001, devant le Comité du Sénat des Etats-Unis sur les finances, les services armés et le comité en charge du renseignement :“The FBI believes cyber-terrorism, the use of cyber-tools to shut down, degrade, or deny critical national infrastructures, such as energy, transportation, communications, or government services, for the purpose of coercing or intimidating a government or civilian population, is clearly an emerging threat for which it must develop prevention, deterrence, and response capabilities.”
Selon M.McConnell, chef du renseignement (espionnage) national, qui supervise l’Agence Central du Renseignement, L’Agence de Contre-espionnage et l’Agence National de Sécurité, « un hacker pourrait avec un ordinateur endommager les infrastructures majeures d’une grande ville et perturber des services essentiels, voler des millions de dollars à travers le monde, infiltrer les systèmes de défense, extorquer des millions à des entreprises publiques et même saboter les systèmes de défense. Aujourd’hui, c’est non seulement possible mais tout ceci est réellement arrivé, et bien plus encore dont nous n’avons même pas connaissance. C’est la raison pour laquelle le président OBAMA a fait de la défense contre la cyber-guerre une haute priorité nationale… ».
Pour justifier de la mise en place des installations d’un nouveau centre unifié de lutte contre la criminalité informatique, près de Washington, le gouvernement américain explique que les cyber-attaques se sont développées ces dernières années et évoque les attaques des réseaux par les hackers, le vol de numéros de cartes de crédit par les cyber-délinquant. Les ordinateurs des administrations seraient des cibles de premier choix. Des problèmes de sécurité estimés à 5 500 « ont été rapportés à l’Equipe de préparation aux situations d’urgence informatique (USCERT) en 2006, contre près de 17 000 en 2008 ». En avril, un responsable américain évaluait le coût des dommages, à « 100 millions de dollars (68 millions d’euros) par an pour les administrations ». Inauguré vendredi 30 octobre 2009 par la ministre américaine chargée de la Sécurité intérieure, Janet NAPOLITANO, le Centre national d’intégration de la cyber-sécurité et des communications (NCCIC) réunit divers organismes gouvernementaux.
La politique américaine de lutte contre la cybercriminalité a été amorcée des mois auparavant. Le 30 mai 2009, Barack OBAMA a créé un poste de responsable chargé de la guerre contre le cyber-terrorisme. La mission qui s’y attache est la protection de l’Etat contre les « futures cyber-attaques » « destinées à détruire ses systèmes économiques, de transport et de santé ». Le poste est affecté de « plusieurs milliards de dollars destinés à financer des moyens de lutte contre les attaques provenant de réseaux terroristes ou de hackers internationaux ». Poursuivant le même objectif, le département de la défense a annoncé « la création d’un nouveau commandement militaire pour le cyberespace (Military Intelligence Cyber-Command) », qui relèvera de la National Security Agency (NSA). La NSA qui dépend elle-même du département de la défense, s’occupe d’opérations « visant à pénétrer les codes et les réseaux des ennemis étrangers potentiels » et s’en prend aussi « aux réseaux domestiques supposés représenter une menace ». En outre, les entreprises les plus importantes dans l’industrie militaire ont décidé de réaliser des investissements conséquents afin de mener « ce qui est désormais nommé la « digital arms race », la course aux armements numériques ». Le recrutement de milliers de jeunes ingénieurs et scientifiques a été planifié.
En juillet 2009, le Washington Post révélait l’intention du président OBAMA de demander l’assistance technique de l’Agence de sécurité nationale (NSA) pour surveiller « le trafic internet entre le réseau informatique gouvernemental américain et le secteur privé » dans le but de « protéger le réseau informatique de l’administration publique civile d’attaques venues de l’extérieur ». Le quotidien ajoute : « A chaque fois que quelqu’un se rend sur un site internet du gouvernement depuis son ordinateur privé ou qu’un courriel est envoyé à un employé du gouvernement ou à un fonctionnaire depuis une adresse privée, (la NSA) sera chargée d’analyser le risque potentiel qu’encourt le réseau informatique du gouvernement ».
Enfin, le Cybersecurity Act of 2009 donne à l’Administration le pouvoir de contrôler l’Internet. Une procédure est prévue afin d’autoriser le président à « fermer des sites et réseaux, qu’ils soient gouvernementaux, commerciaux ou opérés par des particuliers », après avoir décréter l’état d’urgence en matière de cyber-sécurité.

Sources :

-Le cyber-terrorisme, Patrick CHAMBET
http://www.terrorisme.net/pdf/2006_Thevenet.pdf : Cyberterrorisme, mythe ou réalité ? Cédric Thévenet, Université de Marne-La-Vallée, 2005
http://www.cbsnews.com/stories/2009/11/06/60minutes/main5555565.shtml?tag=contentMain;contentBody
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=302 : La lutte contre le cyber-terrorisme, nouvelle frontière technologique et militaire pour l’Amérique, article mis en ligne le 31 mai 2009 par Jean Paul BAQUIAST
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/11/02/inauguration-aux-etats-unis-du-premier-centre-unifie-de-cyber-securite_1261535_651865.html
http://www.lematin.ch/flash-info/high-tech/usa-trafic-internet-gouvernement-bientot-scrute-nsa

Kelly CHARLETON-GUITTEAUD