Le coup d’envoi a été donné en février 2007 par Amazon, qui a sorti son propre e-book, le «Kindle », associé à une offre en ligne. Le « Kindle » a un confort de lecture proche de celui que l’on peut avoir avec un vrai livre. Cette innovation permet à Amazon d’en vendre 500 000 sur le marché américain.
En effet le marché du livre numérique a décollé aux Etats Unis, où il est bien plus prometteur qu’en France. Il y a deux ans, il ne représentait que 0,5%, alors qu’aujourd’hui, il représente 3% du marché.
Désormais, le « Kindle » est disponible en Europe, depuis le 19 octobre 2009, pour un prix de 190 Euros, mais seulement en anglais.
Pour faire face à cette montée en puissance, la concurrence s’organise : tandis que le japonais Sony proposera bientôt le « e-Reader », l’entreprise française Booken propose le « Cybook », et MSI et Acer annonce leur intention de leur faire concurrence.
En parallèle, Apple travaille au développement d’une tablette numérique, permettant de lire des livres, écouter de la musique et regarder des films…appelé « l’iPad ».
C’est pourquoi, tout laisse à penser que l’e-book a de beaux jours devant lui, d’autant que les consommateurs se trouveraient gagnants dans cette bataille annonçant une baisse des prix.
Cependant, des obstacles surgissent, comme le problème de compatibilité des formats. Amazon, qui développe un système propriétaire, ne permet qu’aux possesseurs du « Kindle », de télécharger des livres dans sa boutique en ligne. Face aux critiques grandissantes, l’entreprise a décidé de rendre compatible ses e-books avec d’autres appareils. Ainsi, ils peuvent d’ores et déjà être lus sur l’iPhone ou l’iPod Touch d’Apple.
En outre, Google, autre acteur de cette guérilla, annonce son intention de proposer des livres téléchargeables depuis n’importe quel terminal connecté à internet. Cette offensive inquiète particulièrement, car l’ogre américain a déjà démontré sa capacité à développer rapidement un catalogue conséquent. D’autant plus qu’ayant passé un accord avec 29 bibliothèques, il a déjà numérisé dix millions d’ouvrages sur les trente millions qu’il compte traiter.
Par conséquent, un autre problème important est venu s’ajouter, celui des droits d’auteur. En effet, les trois quarts du catalogue proposé par Google sont encore couverts par ces droits.
Le groupe « La Martinière » , troisième groupe d’édition français et Hachette, filiale du groupe Lagardère, premier agrégateur de livres numériques francophones et principale plateforme de distribution des e-books en France attaquent le géant américain.
Le jugement du 18 décembre 2009, du TGI de Paris a donné raison aux éditeurs français. En effet, le tribunal a estimé que Google avait commis des “actes de contrefaçon de droits d’auteur”, et le condamne à 300 000 Euros de Dommages et Intérêts au profit du groupe « La Martinière ». De plus, il interdit au groupe américain de poursuivre la numérisation et la diffusion d’ouvrages sans une autorisation préalable des auteurs et éditeurs. Si Google ne s’exécute pas dans le mois, il devra payer 10 000 euros par jour de retard.
Alors, comment peut-on envisager la suite ?
Même si Hachette, fier de cette décision, affirme qu’en Europe il est interdit de s’approprier des contenus numériques non libres de droits; Benjamin du Chaffaut, le responsable juridique de Google France annonce de son côté que son groupe “envisage de faire appel”.
En conclusion, et malgré cette victoire, les éditeurs ne veulent pas couper les ponts avec Google, et sont prêts à discuter avec le géant, afin de trouver un cadre à cette révolution numérique, qui convienne à chacun dans le respect des règles de protection des auteurs et des éditeurs.
Fanny ESCARGUEL