La célèbre plateforme de partage de vidéo en ligne, YouTube et la Fondation Guggenheim se sont associées au lancement du premier biennal de création vidéo, intitulé YouTube Play. A biennal of creative video
En juin la Fondation Guggenheim lance un appel à un concours mondial en ligne, invitant les participants à uploader leur vidéo, créative et originale, sur la plateforme YouTube, et ce au plus tard le 31 juillet 2010.
Ainsi 23 000 participants ont pris part à cette expérience.
Après une première sélection de 125 vidéos accessibles sur la Play Channel, 25 de ces vidéos ont été retenues par un jury composé de onze artistes parmi lesquels on peut compter Takashi MURAKAMI ainsi que Douglas GORDON. Ces créations ont été exposées pendant quatre jours dans les différents musées Guggenheim de Bilbao, Berlin, Venise et bien sur New York. C’est dans ce dernier que s’est tenu le 21 octobre dernier une cérémonie en l’honneur des 25 réalisateurs « les plus créatifs du monde ». Pour cet évènement le Guggenheim de New York s’est alors transformé en « écran géant de YouTube »
Ce n’est cependant pas la première fois que YouTube participe à ce genre d’opération, on se souvient alors du YouTube Symphony Orchestra en 2008. Il s’agissait de mettre en œuvre une immense audition sur internet afin de constituer un orchestre pour un concert au Carnegie Hall de New York orchestré par le pianiste et compositeur américain, Michael TILSON THOMAS.
La question qui est à présent sur toutes les lèvres, est celle de savoir si ces vidéos sont de véritables œuvres de l’esprit et par conséquent légitimement figurer aux cotés d’autres œuvres du musée Guggenheim. La réponse se trouve en grande partie dans les conditions de participation à ce biennal, et plus particulièrement dans la clause relative aux critères de sélection. En effet YouTube Play impose des « vidéos créatives : Art, animation, graphisme animé, narration, non-narration, etc. Quelle que soit l’approche, la candidature doit se distinguer par sa créativité », ainsi l’objectif est-il de « découvrir des travaux innovants, originaux et surprenants, sans considération du genre, de la technique ou du budget » et la recherche de « quelque chose de différent. Pas ce qui est là, mais ce qui arrive. » Ces termes de « création », « originalité », et l’expression « sans considération de genre », font échos à la définition d’une œuvre de l’esprit, donnée par le code de la propriété intellectuelle aux articles L 112-1 ; L 112-2 ; L 112-3 et L 112-4.
Par conséquent et parce qu’il s’agit de vidéos spécialement crées et postées sur la plateforme YouTube pour l’occasion, il n’est nul doute quant à la nature d’œuvre de l’esprit de ces créations vidéo et peuvent être ainsi considérées comme des objets d’art d’un musée.
YouTube Play s’inscrit dans le phénomène de l’Art 2.0 issu de la rencontre entre l’art et la sphère du web 2.0 (ou l’internaute devient l’acteur et l’auteur). L’Art 2.0 définit un ensemble d’œuvres collaboratives d’un nouveau genre à travers différentes initiatives, et dont le dénominateur commun se trouve être l’aspect participatif. L’enjeu principal du concept « Art 2.0 » réside dans le développement d’un « marketing innovant de l’art sur internet » dont le but final est de promouvoir l’émergence de nouveaux talents. YouTube Play compte parmi ces initiatives « art 2.0 ». Tout le monde s’accorde à dire, comme YouTube, que « la vidéo en ligne est en train d’explosée, pas seulement comme média, mais comme forme artistique » propos repris par la directrice adjointe de la Fondation Guggenheim qui demeure « fascinée par l’idée de regarder comment la vidéo en ligne émerge progressivement comme une forme d’art en tant que tel »
Mais il est un paradoxe s’agissant de l’expérience YouTube Play, qu’on ne peut ignorer. En effet à y regarder de plus près, il manque à cette initiative une dimension participative. On peut ainsi regretter une absence de participation des internautes à la création des vidéos en tant qu’œuvres de collaboration, et une absence d’intervention des internautes dans la sélection des candidats, comme ce fut le cas pour YouTube Symphony Orchestra. Etant donné que YouTube est par nature un outil de partage l’on déplore alors que YouTube Play ne soit pas un réel concours participatif et collaboratif. Il s’agit alors plus simplement d’un nouveau mode de diffusion de l’art à défaut d’être une nouvelle forme de création d’œuvre originale.
Quoi qu’il en soit, même si certains verrons en cet évènement la réussite d’un coût marketing pour YouTube, l’on ne peut lui hotter son incontestable incidence sur la promotion d’une nouvelle forme d’art, qu’est la création vidéo et sur l’émergence de nouveaux talents.
https://sites.google.com/site/ytplayterms/fr (conditions de participation YouTube Play)
http://www.guggenheim.org/new-york/interact/participate/youtube-play