Le crowdfunding littéralement le « financement par la foule » ou encore appelé « financement 2.0 » se définit comme de modestes investissements fait par un grand nombre de personnes à travers des réseaux sociaux ou des communautés en ligne. L’objectif étant de fédérer une communauté autour du financement d’un projet quel qu’il soit.
On dit qu’il est dérivé du crowdsourcing : « approvisionnement par la foule » où l’on fait appel à « la créativité, l’intelligence et le savoir faire » des internautes. En effet, ces deux systèmes font référence à « l’intelligence collective » comme « notre plus grande richesse » (Professeur Pierre Lévy)
Comme beaucoup de concept, le financement par la communauté n’est pas nouveau, mais il trouve à travers le média internet une toute autre dimension. Ce mouvement s’est amplifié par le phénomène des réseaux communautaires et sociaux, il est désormais possible de démultiplier les investissements dans le but de toucher un plus grand nombre de personne et ainsi généraliser cette pratique à de multiples secteurs.
Concrètement il existe deux types de plateformes, des plateformes spécialisées dans certain secteur comme la musique, le cinéma, l’édition, la mode, ou encore dernièrement l’information et le photojournalisme, ou bien des plateformes généralistes sur lesquelles tous types de projets se rencontrent tels que sociaux, professionnels, artistiques, humanitaires etc.
En France depuis 2007 s’est développé le crowdfunding, l’exemple le plus connu est le label de musique communautaire MyMajorCompany, depuis, beaucoup de plateformes se sont construites sur ce modèle touchant différents secteurs. On peut ainsi nommer, pour le cinéma « Touscoprod », pour l’édition MyMajorCompanyBooks où Elena Klein avec « cendrillon à Hollywood » a été la première romancière éditée par des internautes-contributeurs. S’agissant des plateformes généralistes, « Kisskissbankbank » et « Ulule » se place comme les leaders français du financement collectif avec comme slogan « soutenez des projets, organiser des collectes en lignes, donnez vie aux bonnes idées ! »
Derniers arrivés, le crowfunding de l’information et celui du photojournalisme. En effet le 27 octobre 2010 Glipfix, crée sur le modèle du site américain Spot.us, fait son entré comme premier site français dédié au cofinancement de reportage. On attend pour ce début d’année le dernier venu de Rue 89 « j’aimel’info » calqué sur ce même modèle. Lancée début du mois de janvier la plateforme Emphas.is sans être la solution à la crise que connait le photojournalisme, propose une nouvelle source de financement du reportage par le système du crowdfunding.
Bien entendu, le financement participatif peut être également utilisé pour la réalisation de projet ponctuel indépendant comme l’a fait David Lynch avec son documentaire Lynch three project.
Cependant il est important de distinguer deux catégories de financement collectif. En effet il y a d’une part les plateformes d’investissement ou plus communément appelées « sites de coproduction communautaire ». Dans ce cas l’internaute-investisseur bénéficie d’un retour sur investissement par la perception des dividendes sur les bénéfices futurs de l’artiste ou du créateur. Par conséquent l’auteur de l’œuvre consent à céder une partie de ses droits d’exploitation de l’œuvre à l’internaute mais aussi « au site de coproduction », c’est le cas des plateformes MyMajorCompany ou encore « Touscorpod ».
D’autre part les plateformes de dons quant à elles, constituent des sites de soutien à la création et s’apparentent au mécénat de groupe, dans ce cas le créateur ou artiste conserve la totalité de ses droits d’exploitation sur l’œuvre. Dans ce cas les internautes-contributeurs ne bénéficieront qu’à titre symbolique de contreparties « ponctuelles » ou de services.
A l’époque où l’on fait le malheureux amalgame entre la gratuité des contenus et le web 2.0 où la gratuité is now an essentiel part of getting paid (Larry Towell), il est devenu plus que nécessaire de trouver de nouvelles sources de financement.
Internet a su créer des communautés de personnes, briser des barrières, désormais des relations peuvent s’établir entre l’internaute-créateur et l’internaute-investisseur pour créer ce qu’on appelle le « pronétariat ».
Quant à l’avenir du crowdfunding, à court terme il va pouvoir trouver son marché et se développer en même temps que se développe les réseaux communautaires.
Mais à long terme peut-on parler d’un système de financement pérenne ? La charité sera-t-elle suffisante pour le financement de projets ambitieux ? Ou simplement un soutien aux projets raisonnables ?
Le crowdfunding ne sera certainement pas une source de financement qui s’inscrit dans le temps mais il possède au mois l’avantage de susciter de nouvelles approches, de nouveaux travaux, de fédérer des communautés et de créer une relance dans certain secteur.