Suite à sa suspension d’antenne par le patron des sports de France Télévisions motivée par un mélange des genres généré avec le Groupe Areva, le journaliste de la plus grande chaîne publique française a été convoqué par sa direction afin de s’expliquer sur la réalisation de « ménage » sans en avoir préalablement averti sa hiérarchie.
Pour plus de précisions sur le déroulement des faits, au cours du mois de février, la SNJ-CGT dénonce « le ménage » effectué par Nelson Monfort pour la filiale d’Areva, Athlenergy. Le journaliste sportif devait commenter les Championnats qui se déroulaient en salle à Bercy et qui faisaient l’objet d’une diffusion sur France 2. Le problème réside dans le simple fait que ce dernier devait assurer dans le même temps une émission identique pour Athlenergy, filiale du groupe nucléaire Areva qui sponsorisait la Fédération Française d’Athlétisme. Durant trois journées, il aurait effectué un travail de consultant pour Athlernergy.
Pour comprendre ce qu’il en est, il faut se référer à la définition du terme. Constitue un ménage toute pratique consistant notamment pour les journalistes (mais pas uniquement) à œuvrer pour une autre entreprise avec dans la plupart des cas d’espèces de cossus émoluments en échange. Ainsi, pour bien assimiler le reproche formulé à l’encontre du célèbre journaliste, il faut convenir que cette pratique consistant à percevoir des revenus provenant d’une autre entreprise que la sienne est formellement interdite par une disposition interne à l’entreprise France Télévisions.Ce que les syndicats lui reprochèrent, ce fut de profiter d’un évènement pour faire de la publicité pour Areva. Le patron des sports peut, quant à lui, autoriser les journalistes à faire de la publicité mais ne délivrera jamais son accord lorsqu’il est susceptible d’y avoir une confusion dans l’esprit des citoyens. Or en l’espèce, la frontière était relativement floue.
Dans un premier temps, il a affirmé que sa direction était au courant de ce partenariat, avant d’assurer qu’une autorisation de la chaîne lui avait été délivrée, ce que dément Daniel Bilalian, patron des sports. Ainsi, devant l’ampleur de la polémique, Nelson Monfort a décidé de se désengager auprès d’Athlenergy. Le journaliste reconnaît avoir commis une petite négligence dans cette affaire, sans pour autant se reconnaître clairement coupable. Il considère que sa « totale bonne foi »[1] légitime l’acception à une collaboration qui comportait, selon ses dires, un caractère purement journalistique.
Cette conviction ne devrait pas néanmoins bâtir sa défense pour un argumentaire qui a pour but de l’exonérer de toute responsabilité. Croire que l’on roulait à 150 km/h au lieu de 130 km/h devrait-il permettre d’échapper à une sanction ? La réponse est clairement négative …
Comme disait Louis Vigée, « l’innocence a parfois l’apparence d’un crime ».[2]
En réalité, le journaliste est persuadé ne pas être en présence d’un ménage, raison pour laquelle il a le sentiment de subir une véritable injustice. La question est alors de savoir si cette collaboration constitue un ménage ou simplement donne une apparence de ménage sans en être un, auquel cas, il n’y aurait pas eu lieu de le soumettre à une commission de discipline. Quelque sera la décision prise par le conseil de discipline, évitons de faire preuve d’hypocrisie … les ménages sont très fréquents dans la profession alors même qu’ils ne demeurent pas moins prohibés. Effectivement, le tapage médiatique relayé par la presse et le monde télévisuel place le célèbre journaliste dans une position inconfortable.
Nelson Monfort est sans doute victime ici de sa notoriété, car on peut à juste titre supposer qu’une affaire similaire en présence d’un journaliste peu connu n’aurait pas conduit à un tel acharnement. La cloche de l’avertissement a bel et bien sonné ! Négligence peut être, mais il va falloir veiller à ce qu’elle ne soit pas habituelle.
En réalité, le point le plus contestable de cette histoire est l’idée que ce n’était pas la première fois qu’il se faisait pointer du doigt. Mickey, pourtant incarnation de la ruse et de l’espièglerie sans limite, aurait du contraindre le journaliste à être prudent. Et oui, cette fois, la victime de la malicieuse souris noire n’était autre que Nelson Monfort. Il s’était retrouvé au cœur d’une polémique suite à une entrevue diffusée avec Mickey sur le plateau de « Tennis Club » animé par Cyril Hanouna durant la période du tournoi de Roland Garros alors que quelques temps auparavant, il avait assuré une animation pour un évènement à Disney. A cette époque, il avait subi un blâme de ses pairs mais avait réussi à échapper à la commission de discipline. [3]
Certes, si l’erreur est humaine, la persévérance à commettre les mêmes erreurs peut très vite prendre des apparences diaboliques …
Une représentation au conseil de discipline plus que contestable …
La loi autorise tout salarié à se faire assister par toute personne de son choix durant un conseil de discipline. Nelson Monfort s’est saisi de cette possibilité légale, sauf que l’on pourrait légitimement contester cette représentation. En effet, il aurait demandé à un représentant de la CGT de l’assister durant cet entretien alors que ce même syndicat est le dénonciateur des faits contestés. Pour autant, le syndicaliste Jean François Téaldi affirme que « quelque soit l’affaire, si un salarié de France Télévisions demande à la CGT de l’assister dans ses démarches, ils répondront présent. »
Cependant, un esprit rabelaisien demeure libre de douter de l’impartialité du représentant du « mis en cause. »[4]
Tout est bien qui fini bien …
La commission paritaire de discipline, composée de membres désignés par la direction et les syndicats[5] , qui s’est réunie fin mars 2011, aurait pu aboutir dans sa décision au licenciement de Nelson Monfort. Mais le couperet de la sanction la plus sévère n’est pas tombé. Finalement, suspendu par France Télévisions pour des ménages, puis convoqué par le directeur des sports Monsieur Daniel Bilalian pour une explication, Nelson Monfort sort indemne professionnellement parlant de cette tourmente médiatique … du moins, cette fois-ci. Son retour à l’antenne depuis le 03 avril dernier confirme qu’il participera aux prochaines compétitions sportives et ravissent les passionnés de ses commentaires atypiques.
Mais cette affaire nous démontre une chose … ce n’est pas parce que l’on est célèbre dans l’exercice de sa profession qu’il faut se croire au dessus des lois. Dans son œuvre « Correspondance et relations avec Bonaparte », Joseph Fiévée déclarait « il y a en France un principe fort ridicule et enraciné, c’est que l’égalité consiste à ce que chacun puisse prétendre à tout. »
On en a ici une parfaite démonstration …
Stéphanie CHROSTEK
Sources :
http://www.lepost.fr/article/2011/02/28/2419960_francetele-suspend-d-antenne-nelson-montfort.html
http://www.wikio.fr/news/Nelson+Monfort
http://www.programme-tv.net/news/tv/17295-nelson-monfort-bientot-mis-a-pied/
http://www.actustar.com/39352/nelson-monfort-clame-son-innocence/
[1] D’après une interview sur le plateau de Jean Marc Morandini datant de mars 2011.
[2] Citation issue de son journal « Les Belles-mères ».
[3] Pour consulter l’interview donnée à l’époque de cette affaire par le patron des sports de la chaîne, cliquer sur le lien suivant : http://www.dailymotion.com/video/x9jbd0_bilalian-ses-explications-dans-l-af_news
[4] Pour ne pas reprendre le terme « accusé » utilisé à mauvais escient et repris par bon nombre de journalistes.
[5] Selon une source du journal « Le monde ».