Le 20 octobre 2010, l’organisation Reporter Sans Frontière (R.S.F) a publié le classement de la liberté de la presse par pays. La neuvième édition du classement place la France à la 44ème place.
RSF est une organisation non gouvernementale (O.N.G) fondée en 1985 par le journaliste Robert Ménard avec la devise suivante: sans une presse libre, aucun combat ne peut être entendu».L’organisation défend «les journalistes emprisonnées et la liberté de presse dans le monde, c’est-à-dire le droit d‘informer et d’être informés, conformément à l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme»[1].Depuis octobre 2008 Jean-François Julliard est son secrétaire général.
Dans cette liste, établie du 1er septembre 2009 au 1er septembre 2010, les critères portent sur les atteintes contre les journalistes (emprisonnement, assassinat, menaces, agressions) ou contre les médias (censures, saisies, perquisitions).[2]
La France se place ainsi 44eme, elle perd onze places depuis 2002, année de création de ce classement.Le secrétaire général de RSF pointe la «judiciarisation récente des affaires de presse», notamment les récentes perquisitions de France 3 et de la rédaction de Rue 89, ou encore la mise en examen de Vittorio de Filippis, le directeur du développement de Libération. Selon Jean-François Julliard, la protection des sources n’est pas suffisamment assurée, «on ne devrait pas interpeller un journaliste accusé de diffamation chez lui au petit matin.» [3]«La majorité présidentielle (…) ajoute t-il (…) a eu des mots très menaçants, parfois insultants, envers certains médias..»[4]
La France fait ainsi parti des «mauvais élèves»[5] de l’Union Européenne, tout comme la Grèce (70e), Bulgarie (70e), Roumanie (52e), et l’Italie (49e). [6]
L’Europe apparaît comme un ensemble assez hétérogène.En effet, sur les vingt-sept pays membres de l’UE, treize pays se trouvent dans les vingt premiers; quatorze pays sont sous la vingtième place et certains se retrouvent même très bas dans le classement.
L’Europe du Nord prend encore une fois la tête du classement:Ainsi, la Finlande, l’Islande, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse se partagent la première place, et ce depuis 2002. Ces pays respectent les journalistes et les médias et ils les protègent également devant la justice affirme R.S.F dans son rapport annuel. [7]L’organisation cite pour exemple la loi Suédoise particulièrement «favorable à l’exercice du métier de journaliste»[8].
Le nombre de pays les plus répressifs s’est élargit constate plus loin l’O.N.G.Le «trio infernal» constitué des pays en queue de classement: Turkménistan (176e), Corée du Nord (177e), Erythrée (178e) s’est agrandit.Le rapport constate cette année qu’un nouveau groupe de dix pays s’est formé. Il s’agit des pays en fin de classement, leurs écarts se sont resserrés. «Il devient de plus en plus difficile de les distinguer et d’opérer une hiérarchie»[9].Ces pays sont marqués, selon le rapport, par l’absence totale d’information, la censure, les persécutions contre les journalistes, les pressions. Sont ainsi cités la Birmanie où très peu de liberté est accordée aux médias, notamment lors des élections politiques, et des pays en état de guerre comme l’Afghanistan, le Pakistan, la Somalie, le Mexique. Dans ces pays, les journalistes sont directement visés, notamment par des prises d’otage, la récente libération d’Hervé Ghesquière et de Stéphane Taponi après plus de 500 jours de captivité illustre bien ce propos. Notons en revanche que pour la première fois depuis dix ans, «Cuba ne fait pas parti des dix derniers pays» (il reste tout de même 166e sur 178 pays). [10]
Le rapport pointe du doigt les «chutes» dans le classement.
Ainsi les Philippines, l’Ukraine, la Grèce et le Kirghizstan perdent plusieurs places.La détérioration soudaine de la liberté de la presse dans ces pays a plusieurs causes: le récent massacre des journalistes aux Philippines commandé par un chef local, la campagne de haine ethnique au Kirghizstan, les troubles politiques en Grèce et l’arrivée au pouvoir de Viktor Ianoukovitch en février 2010 en Ukraine.
Enfin, R.S.F souligne l’amélioration de la liberté de la presse en 2010 au Gabon, en Corée du Sud et en Guinée-Bissau, ces pays gagnent respectivement 22, 25 et 27 places «après une année 2009 très difficile»[11].
«Plus que jamais, nous observons que développement économique, réformes des institutions et respect des droits fondamentaux ne vont pas forcément ensemble. La défense de la liberté de la presse est, et restera toujours, un combat, combat de la vigilance dans les démocraties de la vieille Europe, combat contre l’oppression et pour la justice dans les régimes totalitaires qui parsèment encore le globe» [12]conclut R.S.F dans son rapport.
[1] http://fr.rsf.org/IMG/pdf/Am_index_2004.pdf
[2] http://fr.rsf.org/IMG/pdf/cm_questionnaire_2010_fr.pdf
[3] http://www.20minutes.fr/article/356599/Media-Liberte-de-la-presse-la-France-seulement-43e-au-classement-RSF.php
[4] http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/10/20/pas-top-la-france-seulement-44e-au-classement-de-la-liberte-de-la-presse-rsf/
[5] http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/10/20/pas-top-la-france-seulement-44e-au-classement-de-la-liberte-de-la-presse-rsf/
[6] http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html
[7] http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html
[8] http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html
[9] http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html
[10] http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2010/10/20/pas-top-la-france-seulement-44e-au-classement-de-la-liberte-de-la-presse-rsf/