La technologie 3D a offert un nouvel essor à l’industrie cinématographique. Les salles de cinéma ainsi que les grosses productions bénéficient pleinement de cette innovation. Le succès est tel que l’industrie du sexe a récemment décidé de se mettre à la 3D.
Le jeudi 14 avril 2011, près de 30 000 spectateurs ont pu assister à Hong-Kong à la première du film érotique en trois dimensions « Sex and Zen-Extreme Ecstasy ». Ce film réalisé par Christopher Sun Lap Key met en relief l’histoire d’un livre érotique chinois du XVIIe siècle intitulé « la Chair comme tapis de prière ». Déjà adapté au cinéma en deux dimensions dans les années 90, ce film est connu comme l’un des plus grands succès du cinéma hongkongais pour adultes. Il est désormais le premier film pour adulte diffusé en salle à adopter la technologie 3D.
La surprise si cela en est une, réside dans le succès commercial de cette production. Selon « le Parisien », le film a engrangé 360 000 dollars le jour de sa sortie à Hong-Kong. Le film dépasse donc l’ancien record en générant 23 000 dollars de plus qu’« Avatar », le blockbuster de James Cameron dès sa première journée d’exploitation. Mais le succès ne se limite pas à la première journée d’exploitation. En effet, le film de Christopher Sun Lap Key dépasse Avatar avec 2,8 millions de dollars de Hong Kong, contre 2,6 pour le blockbuster lors de la première semaine. Avec un coût de production de 3,8 millions de dollars, nul doute que le film parvienne à l’équilibre budgétaire et engrange davantage de profits. D’autant plus que d’autres pays asiatiques sont désireux d’en avoir la jouissance et sont sur les rangs pour le distribuer. Cette expérience s’est donc avérée fructueuse pour les producteurs, mais pas seulement. Le succès de cette première est tel que des voyagistes inscrivent le film dans leur programme d’activités et organisent des convois uniquement destinés au visionnage du film. L’interdiction du film en Chine a eu pour effet de susciter l’engouement de nombreux cinéphiles et a créé un afflux massif de voyageurs attirés par l’expérience 3D. L’apport de la technologie sur les corps dénudés aura donc conduit à une réelle réussite commerciale. L’illusion de proximité avec les acteurs et actrices du film ayant semble-t-il séduit le public.
L’expérience n’est pas simplement amusante ou scandaleuse. L’industrie du sexe voit dans la 3D une chance réelle de se renouveler. Cette chance passerait par l’arrivée de la technologie 3D dans nos foyers. En effet, la disparition des films pour adultes de la quasi-totalité des salles obscures françaises semble clairement consommée. C’est pourquoi la rencontre entre la technologie 3D et l’industrie du X pourrait avoir lieu dans le cadre privé.
« Le sexe fait vendre », cette célèbre phrase nous laisse envisager la possibilité d’un apport certain de l’industrie pornographique à la démocratisation de l’équipement en téléviseur 3D. En effet, rappelons-nous que la pornographie fut l’un des fers de lance du développement de Canal+. Le désormais célèbre premier samedi du mois faisait à l’époque les recettes de la chaîne payante. Dans le même sens, les termes les plus souvent tapés dans les moteurs de recherche tournent également autour du même sujet. Mais si le sexe est une chance pour la 3D, la 3D pourrait également être une chance pour l’industrie pornographique. Le secteur est touché par les difficultés liées à la facilité et à la gratuité de l’accès aux productions à caractère sexuel offert par internet. L’industrie du X étudie donc sérieusement les perspectives de développement qu’offrirait la déclinaison de ses produits en 3D. Les producteurs s’y intéressent, l’émergence d’un marché du sexe en 3D est donc à envisager.
Chez Marc Dorcel, le passage à la 3D est avant tout un défi technologique et financier. Les premières expériences datent de mars 2010. Le coût d’une production 3D se chiffre à plus de 1.5 million d’euros. Ghislain Faribeault, directeur Opérations et Nouveaux Médias chez Marc Dorcel, précisait « il a fallu adapter nos productions et notre manière de concevoir un film X pour passer à la 3D, notamment sur tous les aspects artistiques ». Avant d’ajouter : « Un tel lancement, sur un secteur comme le nôtre, n’a pas vocation à générer un retour sur investissement immédiat. Ce serait utopique. En revanche, nous sommes les premiers, sur le porno certes, mais aussi en prenant en compte la 3D au global, à donner accès à autant de contenu de qualité en 3D ». Chez Dorcel on croit donc à la réussite de la 3D au sein d’un modèle économique cohérent.
Ces initiatives ne sont pas isolées, le réalisateur italien Tinto Brass annonce la production d’un remake 3D de « Caligula », monument de la pornographie sorti en 1979. Tandis que le groupe américain Hustler, habitué des films X parodiant les succès du box-office prévoit de sortir en 3D un remake du film de science-fiction « Avatar ». L’association entre sexe et 3D semble donc avoir de beaux jours devant elle.
Matthieu Rastoll
Sources:
http://www.lepoint.fr/monde/le-premier-film-x-en-3d-fait-mieux-qu-avatar-a-hong-kong-21-04-2011-1321912_24.php
http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/le-porno-en-3d-qui-pulverise-avatar-22-04-2011-1418211.php
http://www.20minutes.fr/insolite/708059-insolite-porno-3d-premier-film-projete-salle-dechaine-foules
http://www.lesnumeriques.com/quand-porno-3d-qu-avatar-visite-marc-dorcel-article-1121.html