Radio France a été condamnée par le conseil des Prud’homme de Paris pour avoir licencié «sans cause réelle ni sérieuse» l’ancien animateur de la matinale de France Inter.
Le 28 janvier dernier, les juges des Prud’hommes ont requalifié le contrat à durée déterminée (C.D.D) qu’avait contracté l’humoriste en 2003 en un contrat à durée indéterminée (C.D.I) et ont condamné de ce fait Radio France à lui verser une indemnité de licenciement.
L’humoriste intervenait trois fois par semaine sur France Inter à 7h55. Il était connu pour ces chroniques acerbes, notamment celles sur Dominique Strauss Khan en 2009 et Eric Besson en mars 2010 qu’il qualifiait de «taupe». Elles avaient alors suscité de vives réactions.
Guillon avait appris son départ à la suite d’un entretien qu’avait donné Jean Luc Hees, le président de France Télévisions, au quotidien Le Monde. Ce dernier avait invoqué «le changement de ligne éditoriale» de France Inter pour justifier le départ du chroniqueur le 23 juin 2010.
Selon plusieurs journaux, il s’avérait en fait que ses chroniques sur le monde politique et sur les dirigeants de la radio avait fortement déplu «l’humour ne doit pas être confisqué par de petits tyran» a commenté ce dernier avant d’ajouter «Si l’humour se résume à l’insulte, je ne peux le tolérer pour les autres mais aussi pour moi. Quel patron d’une grande entreprise accepterait de se faire insulter par un de ses salariés sans le sanctionner ? J’ai un certain sens de l’honneur ; je ne peux accepter que l’on me crache dessus en direct»[1].
D’après le site du journal Le Monde, Radio France a été condamnée à verser une indemnité de 212.011,55 euro au chroniqueur. Ces contrats depuis avril 2003 ayant été requalifiés en C.D.I l’humoriste obtient donc 150000 euros pour licenciement injustifié. Les juges lui ont également attribué 41 981,70 euros d’indemnités de licenciement dont 11 581,16 euros pour le préavis de licenciement, 5 790,58 euros d’indemnités de requalification, 1 158,11 euros pour les congés payés et 1 500 euros pour ses frais de justice selon le journal. [2]
Il est important de relever le montant de l’indemnité que les conseillers ont estimé ainsi que la rapidité de la procédure. En effet, le Conseil a été saisi le 15 septembre, il a tenu audience et a rendu sa décision le 28 janvier, soit quatre mois de déais.
Selon Radio France, Stéphane Guillion réclamait bien plus évaluant ses pertes à 900euros par soirée de gala manquée, Jean-Luc Hees aurait refusé de payer, l’humoriste aurait alors saisi les Prud’homme.
«En tant que salarié foutu dehors, je suis ravi de cette décision judiciaire. En tant que contribuable, je suis scandalisé qu’une société d’état ait préféré perdre autant d’argent et d’auditeurs pour faire taire un humoriste” a commenté Stéphane Guillon dans un communiqué à l’Agence France Presse.[3]
La décision en faveur de l’humoriste ouvre la voie à Didier Porte, l’autre chroniqueur licencié également à l’époque, engagé lui aussi dans une procédure contre Radio France.
[1] http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/01/28/radio-france-condamnee-pour-le-licenciement-de-stephane-guillon_1471734_3236.html
[2] http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2011/01/28/radio-france-condamnee-pour-le-licenciement-de-stephane-guillon_1471734_3236.html
[3] http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/radio-france-condamnee-pour-le-licenciement-abusif-de-stephane-guillon-28-01-2011-133111_52.php