Depuis plusieurs années désormais, le « feuilleton » de la Télévision Mobile Personnelle (TMP) enrichit jour après jour l’actualité des médias. Sans cesse annoncée, sans cesse repoussée, les annonces se succédaient dans une bien triste redondance.
Mais la décision de l’opérateur réseau TDF, en date du 20 juin 2011, va peut être sonner le glas de l’aventure TMP. En effet, TDF, qui était désormais seul opérateur en charge du multiplex TMP, après l’abandon en janvier 2011 de son partenaire Virgin Mobile, a annoncé à son tour au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) son retrait du projet TMP. Est-ce là le point final apporté au scénario d’un projet dès le départ mort-né?
Pour rappel, la TMP (Télévision Mobile Personnelle), est une technologie consistant à proposer des services audiovisuels numériques destinés à être diffusés à part entière sur des terminaux mobiles personnels (smartphones, tablettes, ordinateurs portables et autres appareils nomades compatibles).
Déjà présente dans plusieurs pays (Japon, Corée du Sud, Italie ou encore Allemagne), cette technologie a pour vocation de remplacer le système de diffusion actuelle de la télévision sur mobile qui s’effectue par les opérateurs télécoms via le réseau 3G et Edge. En effet, la consommation de services audiovisuels sur smartphone est victime de son succès : selon une étude de Bytemobile, en 2011, près de 60% du trafic de données sur téléphones mobiles est lié à l’usage de la vidéo. Or, les opérateurs de téléphonie mobile redoutent une sur-charge de leurs réseaux, d’autant plus que les vidéos ne cessent d’être plus gourmandes en bande passante car de plus en plus «lourdes» (démocratisation du format Full HD 1080p, arrivée de la 3D…).
Or, la TMP avec la norme DVB-H (diffusion hertzienne, dérivée mobile de la TNT) propose une alternative intéressante. En effet, elle s’affranchit de la limitation d’une bande passante : elle peut diffuser les contenus sur une zone de couverture sans être affectée par le nombre de récepteurs en fonctionnement. C’est son principal atout, mais au contraire de l’utilisation par le réseau 3G ou Edge, elle ne permet pas d’interactivité avec l’utilisateur.
La TMP devait être lancée initialement dès 2007, une fois la norme DVB-H définitivement adoptée. En 2008, 16 chaînes obtiennent ainsi la licence TMP après candidature auprès du CSA. Toutefois, les éditeurs de contenus, tout comme les opérateurs télécoms, doutent alors de la viabilité de l’investissement.
Ainsi, dès 2010, les opérateurs télécoms Orange et SFR se retirent du projet. Le vent tourne pour la TMP. Les hésitations et le débat concernant le marché ciblé par la TMP ne favorisent pas une avancée commune. Toutefois, en avril 2010, TDF et Virgin Mobile s’unissent et décident de constituer un large réseau TMP avec un investissement initial important de TDF. Mais dès septembre 2010, TDF commence à tourner le dos à la TMP, ou plus exactement à la norme DVB-H, comme l’indique son rapport « TMP 360° » de l’époque. Ce revirement dissuade Virgin Mobile, qui met fin à son union avec TDF en janvier 2011.
TDF, seul sur le front, vient donc d’annoncer au CSA, le 20 juin 2011, qu’il ne souhaite plus être l’opérateur multiplex DVB-H en charge de la TMP. Avec cette décision, l’annonce du décès de la TMP n’a jamais été aussi proche.
Le CSA, en charge de piloter le projet TMP depuis 2007, a annoncé qu’il prenait acte de cette décision, en précisant qu’il demandera « aux 16 chaînes TMP retenues si elles veulent désigner un autre opérateur multiplex ».
Au final, il ne reste que peu de possibilités concernant la survie éventuelle de la TMP en l’état : soit retrouver un investisseur prêt à reprendre le projet, mais au vu de la situation cela semble bien peu probable, soit clôturer ledit projet si les 16 chaînes décident d’abandonner leurs licences TMP attribuées.
Sur ce dernier point, rien n’est moins sûr. Si les chaînes étaient les premières informées du statut précaire du projet TMP, elles n’ont pas pour autant envie d’abandonner les fréquences qui leurs sont attribuées, ressources si rares et précieuses dans l’univers audiovisuel.
En réalité, TDF mise davantage sur un abandon de la norme DVB-H que sur celui du concept TMP en lui-même, puisqu’il propose dans le même temps, et de sa propre initiative, une nouvelle alternative : utiliser les fréquences auparavant dédiées à la TMP pour un nouveau projet dont il aurait la charge et qu’il nomme B2M (Broadcast Mobile Multimedia). Cette nouvelle TMP, revue et corrigée, serait plus riche en contenus (services audiovisuels linéaires en live, non-linéaires en VOD ou catch-up, radios, journaux numériques, jeux…) et permettrait surtout la mise en place de services interactifs en utilisant une norme différente, à savoir le DVB-T2. Avec de nouvelles possibilités offertes, TDF espère convaincre les éditeurs de contenus et créer une nouvelle dynamique.
Dernier écueil toutefois, on estime que cette norme ne sera réellement fonctionnelle sur l’ensemble du territoire que pour 2014. Dans un avenir proche, plus exactement en automne 2011, le projet développé en interne par TDF pourrait prendre forme par un premier test à Paris auprès de 300 utilisateurs. Coût estimé de l’opération : 300 millions d’euros, dont une partie serait financée par le Grand Emprunt.
On prend les mêmes et on recommence?
Si la série « TMP » arrive à son dernier épisode, je vous donne rendez-vous pour la nouvelle saison « B2M ».
Sources :
http://www.generation-nt.com/tdf-tmp-360-etude-tv-mobile-conclusions-actualite-1146421.html
http://www.journaldunet.com/ebusiness/telecoms-fai/tdf-et-la-tmp-0410.shtml
http://www.telcospinner-solucom.fr/2011/06/la-tmp-est-morte-vive-la-tmp/