Le 22 septembre dernier au sein du F8, le sommet sur le développement du réseau social, Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook a présenté la nouvelle version de son site, actuellement en cours de déploiement. De nouvelles fonctionnalités, des découvertes surprenantes faites par des utilisateurs font ressortir l’éternelle question : qu’en est-il de la protection de la vie privée et des données personnelles des membres ?
Avant la présentation du nouveau Facebook, le réseau social était déjà montré du doigt comme étant peu respectueux des données personnelles, et de nombreux soupçons le confirment.
Selon un spécialiste australien en sécurité informatique, Facebook continuerait de tracer et d’enregistrer les informations relatives à la navigation de ses membres même après leur déconnection. En effet, le cookie déposé sur le disque dur de l’ordinateur de l’utilisateur continuerait de fonctionner alors qu’à partir du moment où l’utilisateur se déconnecte, ce cookie devrait arrêter de collecter les informations.
Ensuite, encore plus surprenant, Facebook récupèrerait des données contenus dans les répertoires de ses membres, lors de synchronisations, afin de créer un « Shadow Profile » (profil fantôme). De nombreuses plaintes ont été déposées contre Facebook par un étudiant autrichien à l’autorité de protection de la vie privée irlandaise. Une d’entre elles fait ressortir qu’ « en rassemblant ces informations, Facebook crée des profils détaillés de ses utilisateurs comme des non-utilisateurs du service ». Ainsi, comme tout membre, le non membre se voit, à sa grande surprise, suggérer des amis, ou encore reçoit des invitations de membres qu’il connaît. La plainte en conclut que « cela signifie que Facebook collecte d’importantes quantités de données sans en informer les personnes et sans leur demander leur consentement ».
Enfin, il a été démontré que Facebook continue de stocker l’ensemble des données personnelles d’un utilisateur, même lorsqu’elles ont été effacées (discussions instantanées, statuts, invitations et participations aux évènements, messages…). Ces informations sont conservées aux Etats-Unis, sans le consentement des membres, ce qui peut engendrer une certaine inquiétude quant à leur exploitation.
Avec la nouvelle version, Facebook a franchi une nouvelle étape significative dans l’exhibition de la vie privée de ses membres.
Chaque membre peut suivre les activités de ses amis, y compris dans leur relation avec leurs propres amis, à travers le « Ticker ». Ces derniers n’ont jamais consenti à voir leur vie privée étalée en dehors de leurs amis.
Une autre fonctionnalité majeure, via le « Timeline » (ou « votre vie résumée en une page », selon Mark Zuckerberg) consiste à enregistrer sa propre histoire, de sa naissance à aujourd’hui avec des informations très personnelles (premier petit(e) ami(e), sa santé…). Facebook permet désormais à l’utilisateur de mettre sa vie entière en ligne.
Enfin, une nouvelle fonctionnalité met en place de nouveaux services qui permettent aux utilisateurs de publier automatiquement ce qu’ils sont en train d’écouter ou de lire. Pour illustrer l’impact que pourrait avoir cette nouvelle fonctionnalité, le chercheur Dave Winer prend dans un exemple imaginaire, selon lequel un mafioso qui utiliserait Facebook : « Bull Mancuso vient de lire un article expliquant comment tuer un autre mafieux’. Bull n’a pas commenté l’article. Il n’a pas cliqué sur le bouton j’aime. Il s’est juste rendu sur une page Web. Et une annonce a été faite en son nom à toutes les personnes qui le suivent sur Facebook ». En réponse à cette explication, un ingénieur de Facebook s’est voulu rassurant en rappelant que les utilisateurs ont toujours la possibilité de modifier les paramètres de cette nouvelle fonctionnalité.
D’ores et déjà, ces nouvelles fonctionnalités suscitent de l’inquiétude aux Etats-Unis, pays modèle de la liberté d’expression sans restriction. En effet, l’Electronic Privacy Information Center (EPIC), représentant des intérêts des internautes dans la sphère de la vie privée, « a annoncé qu’elle allait demander à l’autorité de concurrence américaine (la Federal Trade Commission) d’examiner si les nouvelles fonctionnalités de Facebook, TimeLine, et Ticker respectaient la vie privée des internautes ».
Facebook, du fait de toutes ces réactions, a décidé d’embaucher une avocate spécialisée dans la protection des données personnelles, peut-être pour rassurer ses membres, ainsi que la Commission européenne, qui est de plus en plus attentive au respect de la vie privée par le réseau social. Reste à savoir désormais si Facebook va vers une européanisation du traitement de la vie privée et des données personnelles, plus protectrice des internautes.
Sources
- http://www.rue89.com/2011/09/28/le-nouveau-facebook-fait-entrer-votre-vie-privee-dans-lhistoire-223871
- http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/07/15/google-facebook-l-enjeu-de-la-vie-privee_1548925_1477893.html
- http://pro.clubic.com/blog-forum-reseaux-sociaux/facebook/actualite-446982-facebook-embauche-responsable-vie-privee.html
- http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/10/24/facebook-accuse-de-conserver-des-donnees-effacees-et-de-creer-des-profils-fantomes_1592814_651865.html
- http://www.numerama.com/magazine/20237-facebook-stockerait-des-donnees-sur-les-non-membres.html
- http://www.latribune.fr/actualites/20110929trib000652868/facebook-attaque-pour-sa-politique-en-matiere-de-donnees-privees.html
- http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/09/26/facebook-enregistre-des-informations-apres-la-deconnexion-de-l-utilisateur_1577806_651865.html
- http://www.infos-du-net.com/actualite/dossiers/275-facebook-vie-privee.html
- http://podcast.bfmradio.fr/channel11/20111010_interview_4.mp3