Il est loin l’âge d’or des studios Disney qui berçât nos jeunesses de rêves bleus et d’amour qui brillait sous les étoiles. Aujourd’hui, boudé par les enfants de ceux qui l’adulaient il n’y a pas si longtemps, Walt Disney s’engage dans un partenariat (presque) classique avec la plate-forme de vidéos en ligne de Google.
Même pour Disney, la crise n’est pas (que) du cinéma
Les Studios Disney connaissent depuis quelques années, des difficultés d’exploitation notables. Si elles ne mettent pas encore en jeu de façon critique la stabilité de l’entreprise qui produit toujours des blockbusters internationaux, tel que Pirates of the Carribean 4 – On Stranger Tides, le 8eme film le plus rémunérateur de l’histoire du cinéma, elles font tout de même état d’un ralentissement préjudiciable. Face aux évolutions techniques et sociologiques relatives aux médias, la firme a décidé d’agir. Ce n’est pas la première fois que l’entreprise d’animation rencontre des difficultés. Bien après avoir « œuvré » dans les écoles américaines en diffusant un court métrage alliant information et propagande commerciale anti-tampax à destination des jeunes filles au milieu des années 1940 et avant de connaître son âge d’or des « Grands Classiques », les studios Disney connaissent un période critique qui eu presque eu raison d’eux. Un film-documentaire, « The Waking Sleeping Beauty », auto-réalisé, retrace cette sombre période pour l’animation américaine.
A la différence des années 1960-1970, il ne s’agit plus aujourd’hui d’une crise de la création mais d’une crise de l’exploitation. En effet, les populations des pays touchés par ces marchés sont en train de changer leur façon de consommer l’œuvre audiovisuelle, notamment en ayant recours à la vidéo à la demande (VOD) qui a corrélativement diminué les revenus issus des circuits de profits traditionnels de Disney. Ces nouveaux modes de diffusion licites dont la VOD n’est qu’un exemple, qui sont pourtant encadrés par des contrats ont généré des conséquences économiques imprévues que Disney cherche aujourd’hui à atténuer.
Youtube devient un diffuseur autorisé de certaines œuvres Disney
L’accord annoncé le 6 novembre dernier, porterait d’abord selon l’article en ligne du New-York Times, sur des autorisations de diffusion de contenu déjà existant. Il ne sera évidemment pas question de permettre aux internautes de visionner librement les longs métrages d’animation des studios Disney, mais plutôt de permettre d’accéder à des contenus récents et plutôt axés sur les séries produites et diffusées sur les chaînes détenues par la firme. Ces séries qui représentent aujourd’hui une part significative de son activité constituent aussi l’essentiel des diffusions sur les Disney Channels qui réalisent elles-mêmes des parts d’audiences inégalées dans le secteur jeunesse français. Cela démontre bien que la production de ce format doit être privilégiée.
Il est donc tout à fait logique que l’autre volet du contrat qui a été signé porte également sur la création d’une série et non pas d’un long métrage. En effet, presque par habitude, YouTube valorise ce partenariat par la mise de contenus exclusifs sur des chaînes en accès restreint. Dans le cas présent, il s’agira d’attirer le jeune public grâce à une série originale crée pour l’occasion mettant en scène Swampy, un alligator, célèbre outre-atlantique, qui verse des larmes de crocodile en se demandant « Where’s My Water ».
Un contrat aussi mercantile que stratégique
Comme l’ont pertinemment remarqué de nombreux commentateurs, le partenariat renferme des enjeux stratégiques forts pour les deux groupes. La valeur annoncée du contrat (10 à 15 millions de dollars) n’est que relative rapportée à leurs poids économiques. YouTube tenant la publicité comme sa principale source de financement, il est prévu que les revenus publicitaires issus de l’opération seront partagés par moitié entre les deux co-contractants. Ce n’est pas que dans ces considérations que réside la véritable cause du contrat. Du point de vue de l’hébergeur de vidéos en ligne, compter parmi ses partenaires économiques ce géant de l’animation sera d’abord un avantage indéniable pour gagner encore en popularité. YouTube et de facto Google, ajoutent une nouvelle « arme de communication massive » a leur arsenal déjà bien fourni. Pour le studios Disney l’enjeu paraît plus complexe. Si pour Google ce contrat n’est qu’un développement bonus d’une politique hégémonique devenue traditionnelle, il s’agit pour le firme Hollywoodienne de stabiliser le bastion central de son empire. En effet, si la production audiovisuelle n’est plus aujourd’hui le poste le plus important de son activité commerciale, il en reste cependant la figure communicante essentielle. Culturellement, les sutiods Disney doivent conserver leur statut de créateur de dessins animés à succès pour conserver leur aura si particulière. À moyen et long terme, ce seront donc plutôt les conséquences du partenariat à leur égard qui révéleront la pertinence de ce mode de diffusion de l’audiovisuel. Le rendez-vous est pris !
Sources :
- BARNES B., « Disney and YouTube make a video deal », nytimes.com, 6 novembre 2011, consulté le 8 novembre 2011, disponible à l’adresse suivante : http://www.nytimes.com/2011/11/07/business/media/disney-and-youtube-make-a-video-deal.html?_r=2.
- LeMedias.fr, « Disney Channels France : Audiences records et une saison au top », 8 juillet 2009, consulté le 8 novembre 2011, disponible à l’adresse suivante : http://www.le-media.fr/disney-channels-france-audiences-records.html.
- Boursier.com, « Walt Disney : 200 postes supprimé ? », 07 juin 2011, consulté le 8 novembre 2011, disponible à l’adresse suivante : http://www.boursier.com/actions/actualites/news/walt-disney-200-postes-supprimes-437448.html.
- Boursier.com, « Walt Disney : accord avec Youtube », 08 Novmembre 2011, consulté le 8 novembre 2011, disponible à l’adresse suivante : http://www.boursier.com/actions/actualites/news/walt-disney-accord-avec-youtube-457782.html.
- LeNouvelObservateur, « Chiffre d’affaire inférieur aux attentes », consulté le 8 novembre 2011, disponible à l’adresse suivante : http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20070509.OBS6340/chiffre-d-affaires-inferieur-aux-attentes.html.