La première dame de France attaque les journalistes Christophe Jakubyszin et Alix Bouilhaguet pour la biographie qui lui est consacrée « la frondeuse », pour « diffamation » et « atteinte à la vie privée ».
Plaintes de Valérie Trierweiler
On savait la compagne du président de la République peu encline à étaler sa vie privée. Cela avait d’ailleurs fait condamner un magazine people qui avait dévoilé des photos du couple présidentiel en vacances l’été dernier.
Quant à la biographie « la frondeuse » (Qui est enclin à l’opposition, à l’insubordination : Une jeunesse frondeuse ) elle avait déjà porté plainte pour diffamation avant même sa sortie en librairie du jeudi 11 octobre 2012, déclarant par le biais de son avocat , Frédérique Giffard « le caractère des propos sous forme d’affirmations des auteurs, adossés à des rumeurs non avérées et malveillantes visant à salir sa personne et ses proches ».
Cette biographie, rédigée par les journalistes Christophe Jakubyszyn, (Récemment nommé dirigeant du service politique de TF1 et LCI) et Alix Bouilhaguet, (Grand reporter au service politique de France 2), affirme que l’actuelle première dame aurait eu une relation avec Patrick Devedjan, l’actuel président du Conseil général des Hauts de Seine. Une relation « qui aurait duré plusieurs années », alors que les deux protagonistes « étaient engagés » (lui avec son épouse de longue date, et elle, avec son mari, dont elle est divorcée).
Aussitôt, et ce, sans grande surprise, c’est au tour de Patrick Devedjan, ténor de l’UMP de rejoindre la fronde ! Le président du Conseil Général Des Hauts de Seine se décide, lui aussi à porter plainte pour diffamation.
Revers de la médaille, pour ces femmes de premier rang : leur exposition. L’aspect sentimental de l’exécutif et de leur entourage fascine parfois plus amplement que l’aspect politique à proprement parler.
Pourtant, la journaliste de Paris Match connait mieux que quiconque le monde des médias et leur appétence naturelle aux scoops, qui garantissent de fortes ventes.
Son statut de première dame de France rappelle un vieux dicton, celui de « l’arroseur arrosé ».
L’impact de telles révélations
La gêne se fait ressentir dans le milieu politique.
Le député Christophe BORGEL déclare « les médias sont dépassés par la course à l’info et au scoop. Même les politiques les plus en vue ont droit à un espace privé », tandis que Hervé Mariton , député de le Drôme s’insurge que « ces révélations ,vraies ou fausses n’ont aucun intérêt ».
Chez les journalistes, le malaise est palpable là aussi.Michèle Cotta, journaliste et écrivain estime que les auteurs de « la frondeuse » sont allés trop loin et déclare « je comprends qu’on écrive sur elle, mais la, c’est trop. Qu’écrira-t-on ensuite ? Avec qui couchaient ses parents ? »
Outre Manche, les frasques de la vie politique française sont surveillées, depuis notamment le « tweet » provocateur de Valérie Trierweiler à l’encontre de celle qui fut l’épouse de François Hollande, Ségolène Royal.
Ce que dit la loi…
Au sein de la constitution du 4 octobre 1958, instaurant la V° République, nul article ne fait état du statut et du rôle du conjoint du Chef de l’Etat.
Fréquemment présentes lors des cérémonies officielles, des voyages diplomatiques à l’étranger et résidentes attitrées du palais de l’Elysée, les épouses ou concubines (/compagnes) des Présidents se trouvent, de part leur implication dans la vie institutionnelle, en proie au déballage médiatique.
Cependant, nombreux sont les médias à outrepasser la frontière délimitant ce qui relève de la vie publique pour empiéter, parfois consciemment, sur le domaine de la vie privée.
A quel moment, le droit à l’information s’arrête t’il, et ou débute l’intrusion dans la vie privée?
Selon l’article 8 de la Convention Européenne des droits de l’homme « toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».
En droit français, l’article 9 du code civil dispose que « chacun a droit au respect de sa vie privée. Les juges peuvent sans préjudice de la réparation du dommage subi prescrire toutes mesures telles que séquestres, saisies et autres, propres à empêcher ou à faire cesser une atteinte à la vie privée ; ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être ordonnées en référé “.
La notion de vie privée a été précisée peu à peu par la jurisprudence et peut être considérée comme incluant l’état de santé, la vie sentimentale, l’image, la pratique religieuse, les relations familiales et l’intimité.
Conformément à l’article 9 du code civil, toute victime d’une atteinte à la vie privée peut obtenir, outre des dommages-intérêts, des mesures pour empêcher ou faire cesser l’atteinte (saisie, séquestre, astreinte, publication d’un encart…). En cas d’urgence, la victime peut agir en référé.
Le droit au respect de la vie privée est reconnu à toute personne, quels que soient son rang, sa naissance, sa fortune, ses fonctions présentes et à venir comme l’atteste l’arrêt Civ-1ere du 23 octobre 1990.
« Pour l’information des spectateurs, on peut griller le off » selon Christophe Jakubyszyn, coauteur de la biographie
Le conseil de Mme Trierweiler a fait valoir que les documents de présentation du livre revendiquaient « à tort » des « entretiens exclusifs », avec la compagne du chef de l’Etat.
Invité du Grand journal de Canal +, le 10/10/2012, Christophe Jakubyszyn a assuré avoir rencontré plusieurs fois Valérie Trierweiler, et a fait valoir que « pour l’information des spectateurs on peut griller le off », en poursuivant « dans les années 80, les gens respectaient le off et donc on n’a rien su des deux septennats de François Mitterand, des secrets d’Etat, des cours, des affaires parallèles, de la maladie », a-t-il plaidé.
Alix Bouilhaguet, elle, a déclaré « a quel moment on franchit la ligne rouge, c’est très ambigu ? Qu’est ce qui relève de la vie privée, qu’est ce qui relève de la vie publique? »
Une attitude plutôt sereine pour les auteurs de « La frondeuse »
Selon les auteurs « On prend note de cette décision et on va laisser la justice suivre son cours ».
Sur BFM TV, dans une vidéo publiée le 11 octobre 2012, Christophe Jakubyszyn répond aux questions du journaliste de la chaîne quant à la plainte déposée par Valérie Trierweiler et aux attaques qui lui sont faites:
http://www.youtube.com/watch?v=amTGaje535w
Sources :
GUAY Bertrand « Valérie Trierweiler porte plainte contre les auteurs de « La Fondeuse », sudouest.fr publié le 10 octobre 2012 disponible sur : http://www.sudouest.fr/2012/10/10/valerie-trierweiler-porte-plainte-contre-les-auteurs-de-la-frondeuse-846098-5281.php
FEFERBERG Eric « Valérie Trierweiler, dame de coeur, dame de fer » lexpress.fr publié le 10/10/2012 à 11:54, mis à jour le 17/10/2012 à 11:45 disponible sur : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/valerie-trierweiler-dame-de-coeur-dame-de-fer_1172396.html
http://www.senat.fr/lc/lc33/lc33_mono.html#toc2, mis en ligne le 28 octobre 2012
BRIGAUDEAU Annie « Quoi de polémique dans La Frondeuse, la nouvelle biographie de Valérie Trierweiler ? » blog.francetvinfo.fr, publié le 11 octobre 2012 disponible sur : http://blog.francetvinfo.fr/livres-actualite/2012/10/11/quoi-de-choquant-dans-la-frondeuse-nouvelle-biographie-de-valerie-trierweiler.html
DV Adrien « Valérie Trierweiler : Les auteurs de sa biographie s’expliquent » melty.fr, publié le 11 octobre 2012 disponible sur : http://www.melty.fr/valerie-trierweiler-les-auteurs-de-son-autobiographie-s-expliquent-a134047.html
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/frondeur_frondeuse/35397