Le 19 janvier 2012, le site Megaupload est fermé par la justice américaine, provoquant une sorte de cataclysme pour les internautes de la planète. Un an après sa fermeture doit naitre « Mega », la nouvelle plate-forme qualifiée d’intouchable de Kim Dotcom.
Retour sur l’histoire Megaupload
Megaupload était un site web créé en 2005 par Kim Dotcom (né Kim Schmitz) dont le slogan était « Le leader en services de stockage et de livraison de fichiers en ligne » et qui était finalement plus connu comme un site de téléchargement illégal. Le site possédait ou louait des serveurs, entre autres aux États-Unis et en France, même si son siège était, quant à lui, situé en Chine. Tout internaute pouvait alors mettre en ligne un fichier (dans la limite de 1 Go pour les utilisateurs dits libres et sans aucune limite pour les utilisateurs Premium qui payaient le service). Les internautes pouvaient alors avoir accès à ces fichiers et les télécharger. Au final, une sorte d’écosystème de sites tiers s’était construit, qui eux recensaient les fichiers hébergés par Megaupload, qui par ce moyen, lui évitait de fournir un moteur de recherche sur son site. D’autres sites ont été mis en place, se basant sur les contenus de Megaupload, favorisant ainsi son essor et son importance.
Puis, accusé d’avoir violé les lois sur le copyright, le site est fermé en janvier 2012 par la justice des États-Unis qui confirme l’ouverture d’une procédure criminelle en considérant que Megaupload aurait accumulé des centaines de millions de dollars grâce à des activités frauduleuses. De plus, Megaupload représentait essentiellement un manque à gagner très important pour les ayants-droits des œuvres stockées. Le département de la justice américaine avait déclaré que leur action visait à empêcher le mauvais usage « d’un site public de stockage et de distribution pour commettre et faciliter les crimes contre la propriété intellectuelle ».
La fermeture du site apparait telle une victoire de la campagne anti-piratage lancée aux États-Unis dès 2010. Cette fermeture a été suivie par des fermetures plus ou moins volontaires de sites, plus ou moins équivalents.
Cependant, il était évident que les usages faits de Megaupload étaient devenus, pour la grande majorité, illégaux. Mais, le service Megaupload en tant que tel n’avait rien d’illicite. Des entreprises utilisaient ce service pour stocker et diffuser leurs documents.
Mega et la renaissance de Megaupload
Dès l’été 2012, Kim Dotcom annonce le retour de Megaupload sous une nouvelle appellation « Mega ». Il déclare sur Twitter « Mega reviendra. Plus grand. Plus rapide. Libéré de toutes les accusations et protégé contre les attaques. Évolution ! ».
Afin d’éviter d’être à nouveau piégé par le FBI mais aussi, probablement, pour se jouer de lui, Mega ne récoltera pas les données des utilisateurs à l’intérieur des États-Unis. Par ce moyen le site ne relèvera pas de la juridiction américaine. Le site hébergera des fichiers cryptés dont seuls les utilisateurs possèderont la clé nécessaire à déchiffrer, afin d’accéder au contenu et, cette clé ne sera pas stockée. De ce fait l’administrateur du site demeure intouchable, en théorie. Ce système est surprenant et va étonner les autorités étant donné qu’il s’agit d’un procédé similaire à celui utilisé par les gouvernements comme moyen de protection de leurs données confidentielles. Par ailleurs, les données seront stockées sur des serveurs de stockage dans deux pays différents. Si l’un des pays souhaite fermer les serveurs à l’aide de la loi, les fichiers demeureront disponibles dans le pays secondaire.
Mega sera alors un hébergeur et non pas un éditeur et ne pourra donc pas être tenu responsable des contenus diffusés. Kim Dotcom va néanmoins faire reposer la responsabilité sur les utilisateurs, alors responsables des contenus partagés. Les utilisateurs, déjà tentés par le téléchargement illégal, seront à nouveau très attirés par ce service. Mega apparait tel un cadeau empoisonné pour les internautes.
« La bête noire » affiche également ces derniers jours une sorte de soutien plus ou moins hypocrite aux ayants-droit, en annonçant que ceux-ci pourront mener une procédure pour demander le retrait ou la suppression d’un fichier à condition qu’ils n’attaquent pas le site. Seulement, pour un fichier uploadé 100 fois, cela nécessite 100 procédures distinctes, de quoi dissuader les ayants-droit. De plus, Mega proposera sans doute une plateforme de vente libre sans intermédiaires, ce qui permettra aux ayants-droit de récolter jusqu’à 90 % du prix de vente. Kim Dotcom tente ici de séduire les artistes, tout en se frottant au célèbre ITunes. Notons cependant que ce service était déjà prévu avant la fermeture du site il y a un an (voir making of Megabox).
Kim Dotcom fera tout pour réanimer Megaupload, plus solide juridiquement qu’auparavant. La guerre des ayants-droit face au téléchargement illégal n’est pas prête de s’achever avec un tel acharnement. Le nouveau cauchemar du FBI et des ayants-droit est bientôt en ligne. La Hadopi et tous ces homologues doivent dès à présent s’adapter à cette évolution.
Pour conclure, les questions restent posées. La fin de Megaupload vous a-t-elle incitée à télécharger légalement ? Téléchargerez-vous sur Mega ?
Sources :
AFP, « Le fondateur de Megaupload annonce sa réouverture en janvier » ; Libération, mis en ligne le 01 novembre 2012, consulté le 01 novembre 2012, http://www.liberation.fr/medias/2012/11/01/le-fondateur-de-megaupload-annonce-sa-reouverture-en-janvier_857494
ANONYME, « Megaupload, le retour : le plan de Kim Dotcom pour contourner la législation américaine sur les droits d’auteur », Atlantico, mis en ligne le 31 aout 2012, consulté le 03 novembre 2012, http://www.atlantico.fr/decryptage/retour-megaupload-plan-kim-dotcom-pour-contourner-legislation-americaine-droits-auteur-466589.html?page=0,0
GALLET (L.), « Kim Dotcom présente Mega, la nouvelle terreur des ayants droit », L’express, mis en ligne le 19 octobre 2012, consulté le 24 octobre 2012, http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/kim-dotcom-presente-mega-la-nouvelle-terreur-des-ayants-droit_350141.html
LAURENT (A.), « Les Etats-Unis font fermer Megaupload ! », Pro.clubic, mis en ligne le 19 janvier 2012, consulté le 02 novembre 2012, http://pro.clubic.com/legislation-loi-internet/telechargement-illegal/actualite-470756-etats-unis-font-fermer-megaupload.html