Le déploiement de la fibre optique est l’un des plus grand défi industriel de ces dix dernières années.
Ce passage au très haut débit était notamment, l’un des engagements du président de la république qui souhaitait équiper la totalité du territoire en fibre optique, en l’espace de dix ans.
La ministre, notamment chargé de l’économie numérique, Fleur Pellerin, devra donc préciser les tenants et les aboutissants d’un tel projet. En attendant les choses semblent se préciser, et la volonté du gouvernement quant au déploiement du réseau filaire s’intensifie. Il a été ainsi annoncé le 9 novembre dernier, par le gouvernement, la mise en place d’une mission pour le déploiement de la fibre optique qui sera dirigé par Antoine Darodes, directeur de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) .
En effet, à la fin de l’année, la ministre Fleur Pellerin présentera un plan très haut débit annonçant notamment les modalités techniques de la mise en place de l’infrastructure, en France. Ce projet apparaît comme plus soucieux des zones rurales, quelque peu oubliées, notamment par les opérateurs, au regard de leur faible rentabilité.
La ministre promet donc le très haut débit « pour tous » en 2022, et ceci malgré les divers obstacles rencontrés.
Le bilan fibre optique
Le déploiement généralisé de la fibre optique est depuis des années une préoccupation majeure sans qu’elle puisse véritablement se concrétiser. Même si les premières apparitions de la fibre datent de 2007, le nombre d’abonnés restent cependant assez faible, on en compte seulement 760 000.(2)
Les raisons des entraves au déploiement massif ? Elles sont diverses. Elles varient tant, d’un point de vu financier, que d’un point de vue de la fracture numérique (3), laquelle rend complexe la mise en place du dispositif, mais elles tiennent surtout au fait que peu d’entreprises et particuliers trouvent un intérêt évident au passage au très haut débit. Le manque d’intérêt manifeste de la part des foyers, peut s’expliquer en partie par le fait que le système ADSL, propose des débits satisfaisants.
Il a donc été nécessaire, de trouver des moyens visant à relancer le projet d’installation massive de la fibre optique. Il semble impératif pour ce faire, de promouvoir de manière massive les avantages que peuvent revêtir le passage à la fibre optique en rappelant qu’elle ouvre la voie à de nouveaux usages numériques.
Le financement de cette infrastructure au cœur des préoccupations
La source de financement du très haut débit n’est pas encore clairement déterminée. De plus, les opérateurs émettent des réticences quant à la réalisation du projet dans les délais au regard de l’investissement financier considérable auquel il est nécessaire d’avoir recours. Investissements considérables mais dans quelle mesure ? Le président de l’Arcep, Jean-Ludovic Silicano, estimait que des investissements annuels de l’ordre de 6 milliards d’euros étaient nécessaires pour atteindre de tels objectifs.(4)
Les opérateurs se préparent aux coûts considérables auxquels ils devront faire face, l’Illiad, maison mère de Free, a reçu 200 millions d’euros de la banque européenne d’investissement pour soutenir ce projet de déploiement.(5)
Lors du colloque Territoires numériques du 25 mars 2012, la ministre Fleur Pellerin, avait évoqué la place de l’Etat au cœur du dispositif très haut débit, elle affirme à cet effet « Je me suis déjà exprimée en ce sens, et je le répète devant vous. Je n’ai pas peur de dire aujourd’hui l’Etat doit assumer ses missions. Il doit prendre un véritable rôle de planificateur, de chef d’orchestre des déploiements. »
Même si l’investissement économique apparaît comme colossal, la réussite de la mise en place de la fibre de manière généralisée, semble passer par la nécessaire coordination des opérateurs privés, des pouvoirs publics et notamment des collectivités territoriales qui auront un rôle déterminant dans, certes l’aménagement de leur territoire mais également dans le développement du réseau filaire dans son ensemble.
Plusieurs pistes ont été avancées quant au financement des réseaux. Le recours à la « péréquation », déjà utilisée, est envisagée. En effet, les réseaux d’initiatives publiques seraient financés par les recettes perçues au titre de l’exploitation de l’ADSL.
Plan très haut débit : des perspectives encourageantes
Le gouvernement a donc annoncé la mise en place d’un plan visant le déploiement du très haut débit sur l’ensemble du territoire. Rappelons le, le gouvernement souhaite donc atteindre l’objectif du haut débit « pour tous » en 2017, et du très haut débit « pour tous », en 2022.
En effet outre la possibilité d’accéder à des nouveaux usages en matière numérique, technologique, le très haut débit vise également la réduction des inégalités quant à l’accès au réseau, car il reste encore, beaucoup de zones territoriales qui ne bénéficient pas ou que trop peu du haut débit.
Les pouvoirs publics ont pris, à raison, conscience des évolutions majeures que la société s’apprête à rencontrer d’un point de vu des usages mais également des nouveaux besoins de la population en matière technologique. C’est pour cette raison, que le plan du gouvernement ainsi que le cadre règlementaire élaboré par l’Arcep, ont contribué au développement du projet de l’accès au très haut débit pour tous. A cet égard, Jean-Ludovic Silicani, président de l’ARCEP, lors du Digiworld Summit 2012, à l’IDATE de Montpellier, le 15 novembre 2012, précise «qu’une récente étude (Coe-Rexecode) soulignait que la stabilité du cadre réglementaire favorable à l’investissement édicté par l’ARCEP est essentielle pour couvrir le territoire en très haut débit à l’horizon fixé par le Gouvernement. »
Alors même que de nombreuses réticences émanent, principalement des opérateurs, lesquels envisagent la fibre comme moins rentable que le cuivre mis en place pour la technologie ADSL, Orange sera à l’initiative, en 2013, d’une expérimentation visant à procéder à l’arrêt de l’ADSL dans la ville de Palaiseau. Le choix de cette localité tient à ce qu’elle regroupe en son sein, un grand nombre d’opérateurs différents, ceci permettant d’avoir une vision pertinente sur le passage à la fibre optique
Il semble donc évident que les enjeux économiques et sociaux sont considérables dans la mesure où le réseau fibre optique permet d’envisager le développement de nouveaux services à très long terme, nouveaux services de communication nécessitant un débit assez important, ce que ne permet pas le réseau cuivre actuel de l’ADSL. Le réseau fibré apparaît donc comme un facteur d’innovation, de développement économique.
L’Etat à l’épreuve du numérique
La ministre a également présenté en conseil des ministres les grands axes fixés par le gouvernement, en matière numérique.
En effet le gouvernement souhaite, outre la couverture totale du territoire en très haut débit, en collaboration avec la commission nationale de l’informatique et de la liberté, concilier, progression en matière d’accès aux nouvelles technologies et garantie des principes de respect de la vie privée et de la liberté d’expression.
Par ailleurs, le gouvernement entend créer une attractivité internationale de la France en matière numérique. Ainsi, une mission sera prochainement annoncée, afin de présenter le projet visant à créer un quartier numérique à Paris, afin d’ériger cette ville au rang de capitale du numérique.
En effet, la question de la mise en place de l’infrastructure de la fibre optique pose de nombreuses problématiques d’ordre économique mais également technique. Par ailleurs, il faudra tenter de concilier les objectifs poursuivis par chacun des acteurs mis en cause dans ce projet. En effet, les collectivités portent leurs attentions sur les initiatives prises en la matière dans les zones rurales. Quant aux opérateurs, ils se préoccupent essentiellement de la rentabilité de l’opération. En tout état de cause, le très haut débit permet et permettra d’accéder aux services numériques, en perpétuelle évolution.
Le challenge semble donc de taille afin de répondre à l’objectif principalement fixé, celui d’une couverture totale du territoire en très haut débit.
Sources
ANONYME, « Le gouvernement prend en main le déploiement de la fibre optique », Lemonde.fr, mis en ligne le 12 novembre 2012, consulté le 12 novembre 2012, disponible sur : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/11/12/le-gouvernement-prend-en-main-le-deploiement-de-la-fibre-optique_1789361_651865.html
ANONYME, « Fleur Pellerin promet le très haut débit »pour tous » en 2022, malgré de nombreux défis », Lemonde.fr, mis en ligne le 13 septembre 2012, consulté le 14 novembre 2012, disponible sur : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/09/13/fleur-pellerin-promet-le-tres-haut-debit-pour-tous-en-2022-malgre-de-nombreux-defis_1760147_651865.html
ANONYME, « Orange expérimentera l’arrêt de l’ADSL en 2013 », Lemonde.fr, mis en ligne le 11 octobre 2012, consulté le 16 novembre 2012, disponible sur : http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/10/11/orange-experimentera-l-arret-de-l-adsl-en-2013_1773413_651865.html
BARATHON (D.), « Le gouvernement veut accélérer le déploiement de la fibre optique », Lemondeinformatique.fr, mis en ligne le 28 septembre 2012, consulté le 14 novembre 2012, disponible sur : http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-le-gouvernement-veut-accelerer-le-deploiement-de-la-fibre-optique-50633.html
ARCEP, « Intervention de Jean-Ludovic Silicani, président de l’ARCEP, à la 8ème édition du colloque “Territoires et réseaux d’initiative publique” (TRIP) organisé par l’AVICCA, le 19 octobre , disponible sur : http://www.arcep.fr/
ARCEP, « Observatoire trimestriel des marchés de DETAIL des communications électroniques (services fixes haut et très haut débit) en France – 2ème trimestre 2012 – résultats provisoires – Publication le 6 septembre 2012 », disponible sur : http://www.arcep.fr/
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(1) : Issu de l’interview du 12 septembre 2012, menée par La montagne.
(2) : Chiffre obtenu de la publication le 6 septembre 2012 de l’Arcep.
(3): Il s’agit là de la disparité d’accès aux technologies numériques, elle s’exprime plus fortement encore entre zone urbaines densément peuplées et les zones rurales.
(4) : Chiffre issu de l’intervention de président de l’ARCEP, lors du Digiworld Summit 2012, à l’IDATE de Montpellier, le 15 novembre 2012.
(5) : Chiffre obtenu sur le site : http://silicon.fr