Lundi 8 octobre 2012, l’Arcep a annoncé avoir autorisé à l’opérateur Infosat une première expérimentation de la technologie du « super Wi-Fi ». Développée depuis dix ans par le centre de recherche canadien sur les communications et standardisée en 2011 par l’Instance mondiale de promotion des normes réseaux (IEEE), la technologie utilise les fréquences TNT inutilisées pour diffuser les données en très haut débit.
En France, cette technologie suscite l’intérêt des opérateurs spécialisés dans la couverture de ces “zones blanches” inéligibles à l’ADSL (265 000 lignes fin 2011) et des zones grises au débit réduit (moins d’1 Mb/s). Le plan national très haut débit du gouvernement promet le haut débit “pour tous” en 2017 (de 3 à 5 Mb/s) et le très haut débit (jusqu’à 100 Mb/s) en 2022. L’une des clés de cette couverture, selon le gouvernement, est le «mix technologique», dans lequel s’imbriqueront plusieurs réseaux complémentaires, filaires et sans fil.
Le « super Wi-Fi », approuvé par la FCC en 2010, a été déployé pour la première fois en 2011 à Houston au Texas, par l’université Rice. Cette année, cette technologie est également expérimentée à Wilmington en Caroline du Nord, et un projet baptisé AIR.U, soutenu par Google et Microsoft, prévoit de l’installer dans les campus situés en zone rurale.
Le Wimax, un prédecesseur limité
Le Wimax a du mal à se développer en France alors qu’il était présenté comme une des solutions les plus prometteuses pour offrir un accès haut débit aux habitants des zones non couvertes par l’ADSL. Cette technologie permet via une antenne émettrice reliée par fibre optique à un opérateur de couvrir une zone d’un rayon de 10 Km. L’Arcep a autorisé en 2006 plusieurs opérateurs à utiliser des bandes de fréquence (3,4 – 3,6 GHz) pour en assurer le déploiement.
Six ans plus tard, ce déploiement n’est que partiel contrairement aux engagements des opérateurs. Cela serait du au « retard pris par l’écosystème industriel malgré les prévisions consensuelles faites lors des procédures d’attribution des autorisations de boucle locale radio » mais aussi par la concurrence d’autres technologies comme le satellite ou les réseaux téléphoniques haut débit (3G, LTE).
L’Arcep, plutôt que de prononcer des sanctions au risque de voir les opérateurs se retirer du marché, a préféré épargner les opérateurs à conditions qu’ils précisent leurs stratégies futures. Cependant, ce premier espoir du haut débit dans les zones rurales a pour le moment assez rapidement déçu ses exploitants.
De nouvelles fréquences au secours de la ruralité
Les opérateurs de réseaux Wi-Fi, comme Infosat, cherchent de nouvelles fréquences, celles du Wi-Fi étant saturées. Dans le cas du “super Wi-Fi”, les fréquences basses de la TNT se diffusent facilement sur de grandes distances, pour peu d’énergie, contrairement aux fréquences hautes utilisées pour le Wi-Fi, limitées à quelques centaines de mètres. Théoriquement, cette technologie peut atteindre une distance de 160 km, avec une déperdition en s’éloignant de l’antenne.
Seul point noir, les collectivités et exploitants qui déploieront un réseau d’antennes « super Wi-Fi » devront être à l’affût des modifications du réseau TNT pour ne pas interférer. En effet, l’antenne émettrice détermine les zones blanches et, pour ne pas gêner la TNT, elle est équipée d’un récepteur GPS pour vérifier la position de l’internaute et déterminer quelle fréquence utiliser.
Les fréquences de télévision portent sur de longues distances et passent à travers les immeubles, les arbres, et le mauvais temps, ce qui pourrait être une très bonne chose pour la ruralité. Le « super Wi-Fi » pourrait alors apporter l’internet rapide jusqu’aux régions rurales faiblement peuplées, qui ne bénéficient pas jusqu’ici du haut débit. D’autant que ces zones, où opèrent généralement moins de stations de télévision, disposent par conséquence de beaucoup de fréquences libres. En effet, cette technologie utilise les fréquences TV inutilisées, « l’espace blanc ».
Cette nouvelle technologie permettrait également de soulager l’embouteillage provoqué sur les fréquences de téléphonie mobile par la multiplication des appareils allant sur l’internet, tels les téléphones multimédias ou les tablettes informatiques.
Une nécessité de s’adapter à de nouvelles normes
Le « super Wi-Fi » nécessite de nouveaux équipements. En effet, Wi-Fi et « super Wi-FI » sont deux normes techniques qui ne sont pas compatibles malgré son nom trompeur. Pour que le « super Wi-Fi » prenne réellement de l’ampleur, il faudra que les fabricants d’ordinateurs et d’autres appareils électroniques conçoivent des puces capables de fonctionner à la fois avec le Wi-Fi et le « super Wi-Fi ».
Une association, la WhiteSpace Alliance (« alliance pour les espaces blancs »), a été créé pour soutenir cette technologie sans fil. Un de ses participants, le fabricant de composants électroniques Texas Instrument, a suggéré que les fabricants étaient prêts à s’y mettre.
Il faudra cependant encore plusieurs années avant que cette technologie se développe vraiment puisque qu’il faudra adapter les puces et les normes pour les logiciels. Mais il faudra également que les nouveaux appareils électroniques soient compatibles avec le Wi-Fi et le « super Wi-Fi ».
L’expérimentation permise par l’Arcep permettra donc de déterminer l’intérêt économique du « super Wi-Fi » et de savoir s’il est réellement possible de l’imbriquer dans l’optique d’un haut débit « pour tous » d’ici 2017.
SOURCES :
http://www.arcep.fr/uploads/tx_gsavis/12-1184.pdf
PEPIN G., « Le “super Wi-Fi”, nouvel outil du haut débit “pour tous” », lemonde.fr, mis en ligne le 11 octobre 2012, consulté le 22 novembre 2012 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/10/11/le-super-wi-fi-nouvel-outil-du-haut-debit-pour-tous_1774023_651865.html?xtmc=wiimax&xtcr=1
ANONYME, « Fleur Pellerin promet le très haut débit “pour tous” en 2022, malgré de nombreux défis », lemonde.fr, mis en ligne le 13 septembre, consulté le 22 novembre 2012 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/09/13/fleur-pellerin-promet-le-tres-haut-debit-pour-tous-en-2022-malgre-de-nombreux-defis_1760147_651865.html
CHICHEPORTICHE O., « WiMax : l’Arcep donne une dernière chance aux opérateurs en retard », zdnet.fr, mis en ligne le 26 novembre 2012, consulté le 27 novembre 2012, http://www.zdnet.fr/actualites/wimax-l-arcep-donne-une-derniere-chance-aux-operateurs-en-retard-39784798.html