Reporters Sans Frontières, milite depuis de nombreuses années, en faveur de la protection de la liberté de la presse dans le monde entier.
Face aux nouveaux usages que connaît notre société de l’information, elle s’est adaptée aux nouvelles dérives de privations de liberté et c’est notamment pour ces raisons qu’elle est entrée dans une lutte contre la cyber censure des journalistes, militants blogeurs, et acteurs de la toile.
Elle souhaite par conséquent, l’instauration d’un espace internet sans censure. Pour ce faire l’ONG, a mis en place un site internet, « We fight censorship », (« nous combattons la censure »), lequel a pour vocation de relayer tous les contenus qui ont été censurés au quatre coins du monde.
L’organisation avait déjà lancé en 2010, un programme aux aspects “d’abri anti censure”, un espace permettant à tous de pouvoir communiquer librement et de manière anonyme.
« À l’heure où le filtrage et la surveillance du Net se généralisent, Reporters sans frontières s’engage activement en faveur d’un Internet libre et accessible à tous, en fournissant aux victimes de la censure les moyens de protéger leurs informations en ligne », a déclaré l’organisation. (1)
Alors qu’en France, il est possible de se targuer d’une grande liberté d’expression, il est très difficile pour certaines populations de pouvoir s’en prévaloir. L’ONG permet donc de donner voix aux minorités qui ne réussissent pas à se faire entendre.
De nombreux exemples d’actualités récentes, ont montré que la censure des médias était un moyen extrêmement habile pour les régimes dictatoriaux de contrôler la population.
En effet, les citoyens censurés ne peuvent pas entrer en contact avec les autres pays et ainsi dévoiler notamment, les vérités politiques.
C’est afin de s’adapter aux évolutions que connaît la censure, que l’organisation a mis en place, un environnement numérique destiné à héberger tous les contenus censurés et qui ont engendrés de lourdes sanctions ( emprisonnement ou violences) pour leurs auteurs.
Des pays où il ne fait pas bon vivre de donner son avis
Au Vietnam, par exemple, il est peu recommandé de s’ériger contre le régime et d’exprimer ses opinions tant politiques, qu’au regard des droits des citoyens, et c’est même l’évocation du mot « contre », qui peut valablement être extrêmement sanctionné. La simple expression d’une idée divergente peut amener le gouvernement à considérer, celui qui s’exprime en tant que tel, comme un opposant au régime.
Celui ci s’exposera alors, à de lourdes peines de prison comme cela a été le cas pour le blogueur, Paulus Lê Van Son. En effet, ce dernier a écopé d’un peine d’un an d’emprisonnement, (peine rendue sans jugement), pour avoir commenté l’actualité politique et sociale de son pays.
C’est pour tenter d’éradiquer toute forme de censure, que l’ONG Reporters Sans Frontières a mis en place le 27 novembre dernier, une plateforme qui aura pour mission de relayer tous les contenus censurés ou prohibés, et qui ne peuvent pas conséquent pas émerger sur le net, en raison des régimes politiques applicables dans les divers pays du monde.
Le système « Wefightcensorship.org »
« Grâce à un formulaire sécurisé et anonymisé, tout internaute aura la possibilité de transmettre à l’organisation des documents censurés ou interdits. » (2)
De manière effective chaque citoyen, pourra déposer sur le site, un article qui a fait l’objet d’un véto, d’une prohibition.
Un comité éditorial est alors chargé de sélectionner les articles qui ont suscités de très vives controverses, lesquelles sont généralement dirigées vers la personne journaliste, rédacteurs, citoyen…
Le comité se doit pas la suite, d’enrichir le contenu déposé, de dépeindre le contexte dans lequel il a été produit, et de présenter la personne auteur du contenu mis en avant comme prohibé dans son pays d’origine. Il met donc en valeur l’information qui doit être transmise.
Une identité propre.
L’organisation se défend d’être comme il a été immédiatement avancé, d’être un WikiLeaks bis. Elle affirme, à cet égard, que les informations qui seront relayées sur le site, ne seront jamais des contenus bruts. Même si, comme Wikileaks, elle permettra aux internautes de divulguer des documents de manière anonyme et révélant parfois des informations cruciales, Reporters Sans Frontières entend faire un véritable travail de sélection, des contenus qui lui sont parvenus et qui n’ont pas pu autrement être divulgués. En effet, le comité éditorial chargé de recueillir les contenus publie également une contextualisation, les raisons de la censure, son apport à la liberté d’expression…
Lucie Morillon, responsable du bureau Internet et Nouveaux médias de Reporters Sans Frontières insiste en rappelant « Il s’agit de raconter un cas de censure, pas seulement de publier un contenu censuré ».
L’objectif d’un « Effet STREISAND » décuplé
L’ONG, met à profit la règle selon laquelle, plus la volonté de censure d’une information sur Internet est forte, plus l’information sera diffusée par la communauté des internautes. C’est ça l’effet Streisand.
Cet effet doit son nom à l’affaire Barbra Streisand, laquelle avait en 2003 a attaqué en justice un photographe pour avoir diffusé une image de sa demeure. Le résultat ? La photo avait été largement montrée au public. En voulant censurer une image, cette dernière a bénéficié de l’effet inverse : une diffusion en masse.
Le système mis en place apparaît comme très efficace.
En se focalisant sur l’information dérangeante, les gouvernements concernés obtiennent l’effet complètement inverse, ils incitent à sa diffusion.
« Nous souhaitons démontrer que priver l’auteur d’un article de sa liberté, saisir des exemplaires d’un journal ou bloquer l’accès à un site d’hébergement vidéo n’empêchera pas le contenu lui-même de faire le tour du monde, au contraire. » explique Christophe Deloire, directeur de l’ONG.
De plus, afin d’assurer la diffusion de l’information, l’organisation met à disposition des internautes un «kit de survie» numérique, la formule est habilement trouvée car en effet, il permet aux internautes revendicateurs d’agir de manière efficace contre la censure, avec des outils permettant par exemple de renforcer la confidentialité de leurs mails, permettant d’effacer des données susceptibles d’être localisées ou bien encore de contourner les filtrages gouvernementaux. L’organisation, a également pris toutes les précautions en vue d’une éventuelle censure de son propre site, en effet ce dernier a été conçu pour être dupliqué et être relayé sur des sites miroirs.
De quoi s’agit il ?
Sur internet, un site miroir, est une copie identique du site d’origine. L’information est ainsi dupliquée. Si une copie d’un texte disparaît ou est bloquée, d’autres consultables apparaîtront.
Pour ce faire, les internautes sont mis à contribution avec la mise en ligne du mode d’emploi technique à suivre, afin de créer un site « copie » et ainsi pouvoir contourner une éventuelle censure.
Espérons donc que cet outil soit un fabuleux moyen de dissuasion.
Sources
ANONYME « Au Vietnam, bloguer peut nuire gravement à votre liberté », consulté le 13 décembre 2012, disponible sur : https://www.wefightcensorship.org/fr/censored/au-vietnam-bloguer-peut-nuire-gravement-votre-libertehtml.html
MANENTI (B.), «« We fight censorship » : RSF lance un « abri anti-censure »»,mis en ligne le 26 novembre 2012, consulté le 15 décembre 2012, disponible sur : http://tempsreel.nouvelobs.com/medias/20121126.OBS0518/rsf-lance-un-site-regroupant-tous-les-articles-censures.html
ELECTRON LIBRE « RSF lance un « bunker numérique » contre la censure », mis en ligen el 10 décembre 2012, consulté le 18 décembre 2012, disponible sur : http://www.france24.com/fr/20121208-internet-rsf-bunker-numérique-contre-censure-we-fight-censorship
BALDIT (E.), « Censure : RSF veut dissuader en publiant les contenus interdits », mis en ligne le 27 novembre 2012, consulté le 18 décembre 2012, disponible sur : http://www.rue89.com/2012/11/27/we-fight-censorship-rsf-son-arme-de-dissuasion-massive-237378
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(1) : Issu du site http://fr.rsf.org
(2) : Issu du site https://www.wefightcensorship.org/