Au début du mois de février, le New York Times a révélé avoir été victime pendant 4 mois de puissantes attaques informatiques contre leurs services, dont des hackers chinois seraient à l’origine. En effet, des espions se sont infiltrés dans le réseau informatique du célèbre journal et se sont emparés de courriers électroniques et de documents après avoir dérobés les mots de passes et emails des employés. Au total, 53 ordinateurs ont fait l’objet d’intrusions. Les espions n’auraient toutefois pas dérobés les données commerciales appartenant aux clients du Times.
Ces attaques font suite à la diffusion d’un article le 25 octobre dernier concernant la fortune amassée par les proches du premier ministre Wen Jiabao dans des affaires commerciales. L’article avait été peu apprécié des chinois, qui avaient alors affirmé que cela ne resterait pas « sans conséquences ».
Selon le New York Times, le chef du bureau de Shanghaï, David Barboza, était en ligne de mire. En effet, ce dernier était à l’origine de l’enquête menée sur le premier ministre chinois. Ainsi, ses comptes e-mail ont été piratés en priorité, ainsi que ceux de l’ancien chef du bureau de Pekin, Jim Yardley, aujourd’hui chef du bureau d’Asie du sud en Inde. Selon une enquête publiée par le New York Times expliquant comment ils avaient réussis à remonter la piste des hackers, les espions cherchaient les noms des personnes qui auraient fournis des informations à Barboza sur l’affaire.
Le lendemain, c’est au tour du Wall Street Journal de dénoncer les tentatives d’espionnage de Pekin. Puis, dans la même journée, la CNN voit son service information international bloqué suite à la diffusion d’un reportage sur le piratage du New York Times. L’écran est ainsi resté noir pendant presque 6 minutes, selon les dires d’une des journalistes de CNN.
La thèse d’un piratage provenant de Chine parait plausible au regard des éléments recueillis. En effet, les ordinateurs utilisés seraient les mêmes que ceux utilisés par l’armée chinoise dans le passé pour attaquer les entreprises sous contrats avec l’armée américaine. Ensuite, le logiciel utilisé par les pirates avait déjà été signalé à l’occasion de précédentes intrusions informatiques dans lesquelles la Chine était déjà soupçonnée. Par ailleurs, les attaques commençaient quotidiennement à 8h, heure de Pékin.
La réaction de la Chine face aux accusations des États-Unis ne s’est pas fait attendre. La porte-parole du ministère des affaires étrangères, Hang Lei, nie toute implication de la Chine affirmant que le Times « n’est pas professionnel et sans fondements » et se défend en affirmant que la Chine est elle aussi victime de cyberattaques et que les procédés d’espionnages sont illégaux en chine.
Pourtant, force est de constater que Pékin est très régulièrement au cœur d’affaires d’espionnages. Beaucoup d’autres médias, notamment américains, ont subi ces derniers temps des attaques similaires provenant apparemment de la Chine. Par exemple, l’agence Bloomberg a été victime l’année dernière d’intrusions du même type suite à la publication d’un article relatif à la fortune des proches du vice-président de l’époque Xi Jiping. Ces attaques visent très souvent à contrôler les contenus journalistiques qui couvrent l’actualité de la Chine et non à « réaliser des gains commerciaux ou à détourner l’information des clients » comme le souligne Paula Keve de l’agence Dow Jones. Le Chine aurait d’ailleurs, selon le New York Times, commencé à « cibler en 2008 des journalistes occidentaux pour identifier leurs services et leurs contacts et d’anticiper les articles susceptibles de menacer l’identité des dirigeants chinois » comme le rapporte le journal L’Expansion. Redoutée de tous, la Chine est ainsi qualifiée par le président de Google, Eric Schmidt, de « pirate le plus sophistiqué et le plus prolifique ».
Face à ces attaques, le président Obama a réagi en signant un décret visant à renforcer la sécurité des infrastructures américaines. Il demande à titre d’exemple aux entreprises de partager le plus possible leurs informations, y compris classifiées, et rappel par ailleurs que le congrès doit aussi agir en votant une loi qui « donnerait au gouvernement une plus grande capacité à sécuriser nos réseaux et prévenir les attaques ». L’annonce du président ne laisse pas indifférents les citoyens américains, qui craignent alors une atteinte aux libertés civiles et à la vie privée par une surveillance accrue de l’Etat. Ils ont cependant été rassurés par l’Union américaine des libertés civiles, qui a affirmé que le décret n’affectait pas « négativement les libertés civiles ».
Sources :
ANONYME, « Le New York Times victime d’un piratage informatique de grande ampleur », Le Monde, mis en ligne le 1er février 2012, consulté le 25 février 2013, http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/01/31/le-new-york-times-dit-avoir-ete-la-cible-de-hackers-chinois_1825113_3236.html
ANONYME, « Obama renforce la sécurité informatique des États-Unis », Le Point, mis en ligne le 13 février 2013, consulté le 26 février 2013, http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/obama-renforce-la-securite-informatique-des-etats-unis-13-02-2013-1626977_47.php
BERNARD (Ph.), « Etats-Unis : vers une réglementation secrète contre les cyberattaques », Le Monde, mis en ligne le 4 février 2013, consulté le 26 février 2013, http://www.lemonde.fr/international/article/2013/02/04/etats-unis-vers-une-reglementation-secrete-contre-les-cyberattaques_1826616_3210.html
SEGAR (M.), « Le Wall Street Journal dénonce lui aussi l’espionnage informatique chinois », L’Expansion, mis en ligne le 1er février 2013, consulté le 25 février 2013, http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/le-wall-street-journal-denonce-lui-aussi-l-espionnage-informatique chinois_370934.html
STAPLETON (S.), « Le New York Times détaille sa bataille contre des hackers chinois », L’Expansion, mis en ligne le 31 janvier 2013 , consulté le 25 février 2013, http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/le-new-york-times-detaille-sa-bataille-contre-des-hackers-chinois_370808.html