Les années 2012 et 2013 sont marquées par l’entrée en bourse des « réseaux sociaux ». En effet, le premier réseau social à ouvrir les festivités fut Facebook le 18 mai 2012. Plus d’un an après cette introduction pour le moins compliquée dans le monde de la bourse, un deuxième réseau social en ligne américain, Twitter, tente l’aventure.
- L’entrée en bourse compliquée de Facebook
Facebook a donc été le premier réseau social à faire ses débuts dans le monde de la bourse. Cette introduction a eu lieu le 18 mai 2012 sur la plateforme boursière électronique Nasdaq. L’entreprise fondée par Mark Zuckerberg a mis sur le marché 421 millions d’actions pour une opération à 16,02 milliards de dollars soit 12,55 milliards d’euros. L’action « FB » a été fixée à une valeur de 38 dollars soit 30 euros, impliquant ainsi une valorisation de 104 milliards de dollars. Il s’agit de la plus importante entrée en Bourse pour une valeur internet et de la deuxième plus importante pour une entreprise américaine tous secteurs confondus. En effet, l’entreprise américaine Visa avait levé 17,9 milliards de dollars en 2008.
Au cours de cette journée d’introduction en bourse, l’action « FB » a presque atteint les 45 dollars pour finir à environ 38,23 dollars lors de la clôture ; soit une augmentation de 0,61% par rapport à son prix d’origine. Ce fut la dernière fois avant le 31 juillet 2013 que l’action « FB » dépassait son prix d’entrée. Mardi 22 mai 2012, soit 4 jours après son introduction en bourse, l’action avait perdu 18,42% de sa valeur chutant à 31 dollars. Ainsi, la valorisation du site aux 900 millions d’utilisateurs a baissé d’environ 19 milliards de dollars. Suite à cet effondrement boursier, à l’opposé de la frénésie de son lancement, l’entrée en bourse de Facebook a été qualifiée d’« Initial Public Offering Fail » ou « IPO Fail », c’est-à-dire d’une introduction en bourse ratée.
Les raisons de cette « IPO Fail » sont multiples. La première raison est de nature financière. En effet, Mark Zuckerberg, selon le Wall Street Journal, a souhaité faire une entrée en bourse en grande pompe et à cette fin, il a décidé de proposer une valorisation dépassant symboliquement les 100 milliards de dollars. Or, fin avril 2012, le réseau social a publié un bénéfice net en baisse de 10 % pour le premier trimestre, à 137 millions de dollars soit 107 millions d’euros. En revanche, son chiffre d’affaires a progressé de 45 %, passant le cap du milliard de dollars de chiffre d’affaires trimestriel. En outre, le groupe Facebook a décidé peu de temps avant son entrée en bourse d’émettre 25% d’actions en plus.
L’autre principale raison de cette « IPO Fail » est d’ordre technique. Ainsi, la première cotation du réseau social américain a été retardée de plus d’une demi-heure en raison de l’encombrement des ordres d’achat et de vente sur la plateforme boursière Nasdaq. Le directeur général de la bourse électronique new-yorkaise Nasdaq, Monsieur Robert Greifeld, a reconnu avoir « mal conçu l’ouverture de l’action Facebook » mais que « cela n’a pas eu de conséquences sur le cours de l’action ». Selon ses explications, le problème a été dû à un retard de 2 millisecondes dans le calcul d’un prix d’ouverture provoquant ainsi un nombre exceptionnel d’annulations d’ordres. Monsieur Robert Greifeld a présenté ses excuses, dimanche 20 mai 2012, par le biais de la presse américaine notamment dans les colonnes du Wall Street Journal et du New York Times.
Face à cette « IPO Fail », la réaction de Facebook se fait attendre. Ce n’est que le 11 septembre 2012 lors de la Conférence TechCrunch Disrupt à San Francisco, que Mark Zuckerberg fait sa première apparition publique et annonce que l’avenir de son groupe est celui d’une « entreprise mobile ». En effet, la téléphonie mobile va devenir la priorité du réseau social. Ce choix stratégique est dû à la diminution du temps passé sur le réseau social par ses utilisateurs depuis un ordinateur, au profit des supports mobiles. Ainsi, en 2012, la part des minutes passées sur Facebook via un mobile a enregistré une hausse de 11% pour atteindre les 22%. Le réseau social décide de monétiser l’audience sur cette nouvelle migration des usages. Par conséquent, dès le mois d’octobre 2012, la part de la téléphonie mobile représentait 14% de son chiffre d’affaires et atteint aujourd’hui les 30%. Les recettes liées à la publicité restant la principale ressource du site internet, ce dernier a instauré certains changements tels que l’apparition de la publicité en plein cœur du fil d’actualité ou encore son adaptation aux formats mobiles.
Grâce à son bilan trimestriel présenté le 24 juillet 2013, Mark Zuckerberg a démontré que sa stratégie mobile s’est révélée payante en présentant un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars et un bénéfice net de 333 millions de dollars. De plus, 41% des revenus publicitaires globaux sont issus de la téléphonie mobile. Dès le lendemain de cette annonce, l’action « FB » avait grimpé de 30 % pour atteindre 34 dollars. Le 31 juillet 2013, l’action de Facebook dépassait son prix d’introduction pour atteindre 38,31 dollars. A l’heure actuelle, c’est-à-dire fin novembre 2013, l’action « FB » tourne autour des 45-46 dollars. Il aura donc fallu plus d’un an à Facebook et de multiples changements de stratégie pour réussir à atteindre une valeur boursière en accord avec ses prétentions initiales.
- L’entrée en bourse réussie de Twitter
Plus d’un an après l’entrée en bourse remarquée de Facebook, c’est au tour d’un autre réseau social américain, Twitter, de se lancer sur les marchés financiers. Ce lancement a été annoncé le 12 septembre 2013 par Jack Dorsey, le fondateur du réseau social, via son compte Twitter.
La première journée de cotation de « l’oiseau bleu » a eu lieu ce jeudi 7 novembre 2013 au sein de la New York Stock Exchange (NYSE). Le réseau social a mis sur le marché 70 millions d’actions baptisées « TWTR » à un prix d’introduction de 26 dollars soit 19,40 euros. Ces actions « TWTR » s’accompagnent d’une option de surallocation, c’est-à-dire la possibilité d’acheter une quantité supérieure de titres à ce qui était initialement prévu, valide pendant 30 jours si la demande le requiert. Cette option de surallocation porte sur 10,5 millions d’actions « TWTR » supplémentaires.
Lors de cette première journée, cette action a connu une envolée de 90% avec un maximum à 50,09 dollars, dépassant ainsi provisoirement le cours de Facebook. A la clôture de la NYSE, l’action de Twitter atteignait presque les 45 dollars soit une augmentation de plus de 70% par rapport à son prix d’origine. La valorisation boursière de l’entreprise a été d’une valeur d’environ 24,5 milliards, alors que seulement 13 milliards de dollars était attendus. Cet engouement pour l’action « TWTR » s’est révélé surprenant en raison des résultats financiers de l’entreprise. En effet, elle a accusé une perte nette de 134 millions de dollars sur les neuf premiers mois de 2013 et un chiffre d’affaires de seulement 422 millions de dollars.
L’introduction en bourse de Twitter a été une réussite balayant les inquiétudes d’une « IPO Fail » version Facebook. Cette réussite peut s’expliquer par plusieurs éléments. En préambule, il convient de remarquer la stratégie de communication de Twitter qui a privilégié la discrétion au tapage médiatique de son compatriote Facebook. Ainsi, l’annonce de son désir d’entrée en bourse s’est faite par un « tweet » sur son propre compte Twitter le 12 septembre 2013 qui annonçait « We have confidentially submitted an S-1 to the SEC for a planned IPO ».
Le deuxième élément clé de son entrée en bourse réussie est sa prudence financière. En effet, Twitter a décidé de fixer son prix final d’introduction boursière à 26 dollars. Ce prix d’introduction est proche des 24,37 dollars estimés par les fonds de placement, le 30 septembre dernier, selon les documents fournis par l’U.S. Securities and Exchange Commission (SEC). De plus, Tweeter a joué sur la rareté en ne proposant que 70 millions d’actions sur le marché contrairement aux 421 millions d’actions « FB ». Cette stratégie s’est révélée payante puisque la demande pour les actions « TWTR » était 30 fois supérieure au stock de titres disponibles.
Le troisième élément de réussite réside dans le fait que Twitter était déjà présent sur le marché publicitaire de la téléphonie mobile grâce à son rachat en septembre 2012 de la start-up MoPub spécialisée dans la publicité sur mobile. MoPub a mis au point un système d’enchères permettant de placer automatiquement des publicités sur des applications pour smartphones. C’est cette ressource qui faisait défaut à Facebook lors de son entrée en bourse. La majorité du chiffre d’affaires de Twitter est due aux recettes publicitaires via un téléphone mobile avec 309 millions de dollars. En outre, le réseau social profite d’une position unique sur le marché de la vidéo avec Vine, sa plate-forme de vidéos en temps réel. Avec ces atouts en main, Twitter cherche à être une plate-forme active du second écran.
A l’heure actuelle, l’action « TWTR » s’est stabilisée autour des 41 dollars soit une perte de 10 dollars par rapport à sa valeur lors de sa première clôture boursière mais toujours bien au-dessus de sa valeur d’introduction à 26 dollars. Twitter tente de rassurer en confirmant qu’en vertu du fait que 80% de ces utilisateurs vont sur son site via des appareils portables, 65% de ses recettes proviennent des revenus publicitaires présents sur ces derniers. La publicité pèse au total pour 87% du chiffre d’affaires pour les six premiers mois de l’année 2013. Le point noir est du côté de son absence de bénéfices. En effet, Twitter accusait une perte nette de près de 80 millions de dollars sur l’ensemble de 2012. Rien que pour le premier semestre 2013, la perte nette s’élève déjà à 69,3 millions de dollars. Twitter, malgré ses débuts fracassants en bourse, doit prouver que son action boursière peut être pérenne.
Sources :
– BAUDOUI S., « Facebook : quel bilan, un an après l’introduction en Bourse ? », Lexpansion.lexpress.fr, mis en ligne le 17 mai 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/facebook-quel-bilan-un-an-apres-l-introduction-en-bourse_385466.html#KqFsETMFPuWRtS1x.99
– ANONYME, « Entrée en Bourse de Facebook : les raisons d’un fiasco », Le Monde.fr, mis en ligne le 24 mai 2012, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/05/24/entree-en-bourse-de-facebook-les-raisons-d-un-fiasco_1706425_651865.html
– ANONYME, « Facebook, un an après l’entrée en Bourse », Le Monde.fr, mis en ligne le 28 mai 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur http://www.lemonde.fr/technologies/infographie/2013/05/28/facebook-un-an-apres-l-entree-en-bourse_3419771_651865.html
– BENIATE C., « Twitter : la situation du réseau social à l’aube de son entrée en bourse », IREDIC, mis en ligne le 30 octobre 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur https://iredic.fr/?p=12567
– RAYMOND G., « Bourse: Pourquoi Twitter va réaliser une meilleure introduction que Facebook », Huffingtonpost.fr, mis en ligne le 7 novembre 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur http://www.huffingtonpost.fr/2013/11/07/bourse-twitter-ipo-facebook-comparaison_n_4227255.html
– LAUBACHER P., « Twitter va-t-il s’effondrer en bourse comme Facebook ? », NouvelObs.com, mis en ligne le 7 novembre 2013, consulté le 28 novembre 2013, disponible sur http://obsession.nouvelobs.com/twitter/20131106.OBS4150/twitter-va-t-il-s-effondrer-en-bourse-comme-facebook.html