Le projet français Algopol est une application qui collecte toutes nos données Facebook pour en créer une carte interactive afin de voir l’évolution de nos e-amitiés.
Un projet de recherche français
L’investigation que j’ai mené va vous révéler des secrets bien gardés dans le monde des algorithmes. Un algorithme est une suite finie et non ambiguë d’opérations ou d’instructions permettant de résoudre un problème. Par exemple, un casse-tête, tel le Rubik’s Cube, peut être résolu de façon systématique par un algorithme d’exécution. Cette cyber-étude concerne les réseaux sociaux et passe par Facebook. Les algorithmes permettent de classer les informations, les personnes et la circulation des informations. Elles sont au cœur des transformations actuelles du web. Le projet ALGOPOL est financé par l’Agence Nationale de la Recherche en accord avec le Laboratoire d’Informatique Algorithmique. L’application a été déclarée à la CNIL par Linkfluence qui est une société spécialisée dans l’analyse du Web social et la mesure de l’e-réputation, ils se fondent sur le « Social Media Intelligence ». C’est à dire capter, trier, analyser, représenter ces données. Selon Bernhard Rieder, professeur associé à l’université d’Amsterdam qui a développé un outil de collecte de données sur Facebook à destination des chercheurs, Netvizz, «Nous ne sommes qu’au début de l’algorithmisation de la vie commune {…}. On est en droit de s’interroger sur les effets que cela a sur les interactions sociales dans cet espace ». Les chercheurs du projet Algopol étudient les formes particulières prises par les interactions sur Facebook. Ainsi, ils analysent, au fil du temps, les commentaires, les likes ou encore les liens partagés. Ils cherchent à démontrer que nos interactions quotidiennes sont révélatrices de notre mode de vie.
J’ai testé pour vous
Etape 1 : Acceptation de l’application et connexion sur Facebook.
Tout d’abord le site nous demande de prendre connaissance de l’objet du projet et demande notre accord pour accéder à nos données. Par ailleurs, on doit tenir informé nos amis Facebook que l’on participe à ce projet.
Etape 2 : Collecte des données et description de nos amis.
L’application collecte les informations de notre compte Facebook. Il va sur notre profil, le profil de vos amis, et regarde notre activité. Cela prend plusieurs heures voir plusieurs jours. En effet, le site est surchargé. L’application demande ensuite de renseigner quelques informations sur nous et de décrire 5 de nos amis en répondant à 5 questions pour chacun. Il faut dire depuis combien de temps nous sommes amis avec eux ou encore la place qu’elle occupe dans notre vie (collègue, amis, connaissance…). Après cela, on arrive sur notre interface réalisée grâce aux algorithmes. Il faut l’actualiser souvent. La première impression est assez incroyable. En effet, la carte interactive apparaît comme une voie lactée de nos amis. Chaque point correspond à un ami de notre réseau et deux points sont reliés par un trait si vos amis sont amis entre eux. Selon Irène Bastard, qui fait sa thèse au sein des Orange Labs et Télécom ParisTech, « Cela montre une partie de ce que Facebook sait de vous et dont on n’a pas forcément conscience. L’outil sert aussi à re-responsabiliser les utilisateurs sur leurs données personnelles». En effet, les données dévoilent la psychologie de l’utilisateur et toute sa vie sur Facebook est étudiée dans le moindre détail.
Etape 3 : Exploration de notre carte d’amis
Enfin, la carte de vos amis s’affiche. Nous pouvons explorer la carte, et la partager avec nos amis sur Facebook. Cette analyse mène à mieux comprendre les transformations des services médias et la manière dont l’information est filtrée et référencée sur Internet. La carte interactive d’Algopol permet d’explorer notre réseau en fonction de l’histoire de notre compte Facebook ou des différents groupes d’amis qui nous entourent. Une fois l’application installée, l’outil fournit au volontaire, sous forme de carte, une représentation originale de son réseau d’amis, de son interaction avec eux (commentaires, messages publiés, et «likes») et enfin de la dynamique de ce réseau au cours du temps. En passant la souris sur les nœuds d’amis on peut voir l’interaction qu’on a eu avec eux. En se promenant dans notre espace d’amis virtuel et en zoomant, on peut explorer les petits groupes d’amis. De même, une légende permet de trier la carte des amis avec des couleurs selon le sexe, l’âge ou la ville actuelle. Ce projet scientifique vise ainsi à nous faire prendre conscience de l’ampleur des données que détient Facebook.
Un projet révélateur de nos données personnelles
Pour étudier ces usages numériques, l’équipe a besoin de collecter l’activité réelle de nombreux enquêtés sur Facebook et analysera statistiquement et qualitativement ces données. Ainsi, cette application nécessite l’accord de l’utilisateur pour accéder et collecter ses données Facebook. Celles-ci correspondent ainsi à ce qu’on a renseigné dans notre biographie, ce que nos amis nous autorisent à voir et ce que nous avons décrit de notre lien avec eux. Elles comprennent aussi les données d’activité, c’est à dire les statuts et publications, les commentaires et les likes générés. Par ailleurs, Algopol précise que les données collectées ne seront utilisées qu’à des fins de recherche et sans aucune utilisation commerciale. Au regard de l’article 6-5° de la loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, les traitements statistiques sont réalisés sur des données anonymes (en remplaçant tous les noms par un code), et ces données seront détruites à la fin de l’enquête en décembre 2015.
Par ailleurs, le site d’Algopol précise que l’utilisation de ces données s’effectue dans le respect de la législation du 6 janvier 1978 sur la protection des données personnelles et notamment des articles 39 et suivants de cette même loi. À l’heure où une proposition de Règlement européen sur la protection des données personnelles est en cours, Algopol vise à sensibiliser les utilisateurs sur ce qui se cache derrière ces données.
- LAROUSSERIE (D.), « La recherche compte sur les internautes pour comprendre Facebook », Lemonde.fr, publié le 12 décembre 2013, consulté le 14 décembre 2013
Consultable sur : http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/12/12/quand-la-recherche-like-facebook_4332566_1650684.html
- Algopol, site internet http://algopol.fr/