Un logiciel qui résume les textes d’article en contenu vidéo ? C’est chose faite et bientôt disponible en France avec l’application Wibbitz ! L’idée ? Avoir un bouton « play » en bas de chaque page d’article web. Et il aura fallu plus de deux ans aux concepteurs pour mettre sur pied un algorithme qui convertit automatiquement n’importe quel article de presse en vidéo.
Une nouvelle application pour smartphone révolutionnaire
Deux jeunes israéliens ont pour ambition de révolutionner la presse, pas moins ! En effet, Zohar Dayan et Yotam Cohen ont mis au point un logiciel capable de transformer automatiquement un article de presse en vidéo.
On sait qu’aujourd’hui il est d’usage de lire les actualités sur son smartphone, que ce soit dans les transports en commun ou autre lieu dès qu’un peu de temps nous est donné.
Pourtant, face à des écrans toujours plus grands, les téléphones disposent d’un écran toujours plus petit pour permettre une lecture optimale. De ce fait, Zohar et Yotam ont eu l’idée de développer Wibbitz, une application utilisant des algorithmes qui transforment rapidement des articles écrits en animations commentées. Et le résultat est pour le moins réussi.
L’application repère les points importants du texte et résume dès lors l’ensemble en phrases clés et ce grâce au traitement de langage naturel, domaine de recherche lié à l’intelligence artificielle. Puis, une voix de synthèse prononce le texte de manière fluide, lequel est accompagné d’images judicieusement choisies et d’extraits de vidéo en rapport avec le sujet de l’article. Ainsi, un résumé vidéo d’une à deux minutes qui assemble images, infographies aminées et mini-clips est disponible sur l’écran de l’utilisateur de smartphone. Pour obtenir un tel résultat, le logiciel mis en place consulte de nombreuses bases de données de photos et vidéos qui proviennent pour la plupart d’agences de presse. A noter qu’à tout moment il est possible pour l’utilisateur de revenir sur le papier d’origine en interrompant la vidéo.
Zohar Dayan est confiant sur ce nouveau projet : « On va révolutionner une industrie qui n’a pas changé depuis bien longtemps ». A terme, l’idée de ce résumé vidéo est que « tous les sites d’information en ligne s’habituent à insérer un bouton « play » dans leurs articles, espère le co-fondateur de Wibbitz. De sorte que les lecteurs puissent choisir entre lire l’information ou la visualiser à travers nos mini-vidéos ».
Un développement rapide de l’application par les éditeurs de presse et les investisseurs privés
L’application est amenée à révolutionner la lecture papier de la presse d’autant que de nombreux journaux semblent à croire à la réussite du logiciel. En effet, le Daily Telegraph et le Daily Mirror ont déjà passé des contrats avec les fondateurs de Wibbitz, tout comme une centaine de journaux et de sites d’information qui ont accepté de collaborer (The Guardian, le Huffington Post, etc), tandis que d’autres éditeurs de presse réfléchissent sérieusement à intégrer un bouton « play » sur leur site web en bas de leurs articles de presse, c’est le cas notamment du New York Times.
Les lecteurs de ces journaux peuvent alors indiquer les thèmes qu’ils ont l’habitude de lire, tels que le sport, la politique, la culture, et leurs titres de presse préférés afin d’avoir un fil d’actualité personnalisé.
Déjà, plus de 10 000 vidéos sont produites chaque jour et une version française est à prévoir pour le début de l’année 2014. Les versions anglaise et espagnole, quant à elles, ont déjà rassemblé plus de 100 000 utilisateurs en moins de trois mois. A noter que l’application israélienne est disponible sur l’Apple Store gratuitement depuis aout 2013.
Néanmoins, il reste à préciser que la technologie de cette application n’est pas encore tout à fait au point pour être utilisée comme source d’information quotidienne puisque les synthèses des articles sont inégales en fonction des sujets et des clips choisis et que le rythme de défilement des animations est encore lent. C’est pourquoi, Wibbitz cherche à augmenter ses accords avec les agences de presse du monde pour enrichir sa base de données d’illustrations.
Mais l’application intéresse tout de même les investisseurs qui ne cessent de se manifester. En effet, depuis mai 2011, Wibbitz a récolté près de 3 millions de dollars auprès d’investisseurs privés français, américains, hongkongais, lesquels avaient déjà investi dans des applications telles que Facebook ou encore Siri. Ils voient donc dans cette nouvelle technologie une autre révolution numérique en route vers le succès !
D’autant que Zohar Dayan et Yotam Cohen anticipent déjà les conséquences de ces investissements à court terme puisqu’ils voient déjà venir un élargissement de leurs équipes et l’ouverture d’un bureau à New York. Les deux israéliens restent cependant réalistes en affirmant que leurs « développeurs resteront à Tel-Aviv car la Silicon Wadi offre un écosystème inégalable pour la recherche et le développement ».
Une manne publicitaire pour les annonceurs !
Pour autant, on sait bien que la création de nouvelles technologies profitent à plusieurs et Wibbitz ne présentera pas un avantage seulement pour les utilisateurs de smartphones mais également pour les annonceurs publicitaires qui vont tirer profit de l’apparition de cette nouvelle application. Les créateurs savent très bien qu’améliorer le confort des utilisateurs est important mais qu’aiguiser l’appétit des publicitaires est tout aussi un point fort.
En effet, une publicité placée au début d’une vidéo, comme cela sera le cas dans les mini-clips de Wibbitz, est presque dix fois plus rentable qu’une bannière publicitaire dans une page d’un article, selon une étude sur la publicité en ligne publiée en octobre dernier. Avec un coût pour mille visionnages de 8,09 euros, la publicité vidéo rapporte plus que la bannière classique dont le coût pour mille visionnages atteint 0,95 euros. C’est donc bien l’ombre d’un « jackpot publicitaire » que Wibbitz fait miroiter aux annonceurs. Ainsi, au delà de vouloir offrir plus d’audience, l’application prétend pouvoir augmenter les revenus tirés de la publicité.
Ce commerce pourrait donc très fortement aider un secteur de la presse aujourd’hui en perte de vitesse. Les annonceurs pourraient multiplier leurs canaux de diffusion et les éditeurs augmenter leurs revenus. Tout le monde serait gagnant, à l’exclusion, peut-être, des utilisateurs de smartphones, toujours plus envahis par des spots publicitaires.
Mais cette explication reste à nuancer puisque la rémunération de ces publicités, appelées publicités pre-roll, devrait s’ajuster à la baisse et Wibbitz compte conserver la main sur les recettes publicitaires en demandant le partage des revenus aux éditeurs de presse puisque la start-up négociera elle-même les prix avec les annonceurs pour après en reverser une partie aux éditeurs, comme le font Deezer ou encore Spotify. Un véritable commerce qui profitera avant tout aux fondateurs et aux publicitaires. De quoi remettre réellement en question le secteur de la presse en ligne ?
Le papier de presse à l’article de la mort ?
Les créateurs de Wibbitz prétendent révolutionner l’industrie de la presse en offrant un bien meilleur confort d’utilisation à ses lecteurs, mais ces nouvelles pratiques sont critiquables tant les lectures papier des articles sont dénigrées. Les deux israéliens mettent en avant leur invention face à de « laborieux » textes à lire. Un point de vue qui n’engagent qu’eux… Avant d’être réalisé, ce projet est né d’un double constat de la part des créateurs. Tout d’abord, l’usage du téléphone portable comme support pour suivre les actualités ne cesse de croitre puisque selon une étude Audipresse, les smartphones et tablettes représentent pas moins de 33% des lectures numériques de la presse entre juillet 2012 et juin 2013. Par ailleurs, le visionnage des contenus vidéo est également devenu de plus en plus fréquent puisqu’il est mieux adapté aux fonctionnalités d’un petit écran d’un smartphone et qu’il convient parfaitement à un nouveau mode de consommation de l’information toujours plus rapide. En créant Wibbitz, les deux jeunes israéliens allient les deux nouvelles pratiques des utilisateurs et affirment que cette technologie est pratiquement sans limites.
La démarche des fondateurs vise donc à n’utiliser le support papier que comme une matière première afin de le transformer par la suite en contenu vidéo. L’article de presse serait-il donc à l’agonie ? Certes, le plaisir du support papier n’est plus là, le numérique remplaçant peu à peu la presse classique, mais un contenu vidéo ne pourra cependant certainement pas s’adapter à un papier personnel reflétant l’opinion du journaliste et le style journalistique utilisé. En effet, toute information ne pourra pas être transformée par cette technologie de « l’algorithme simplificateur ». Wibbitz permet donc de synthétiser par des contenus vidéo des informations qualifiées de factuelles, mais il ne convient sans doute pas à des articles d’opinion qui perdraient de leur subtilité.
Mais la machine est lancée, et quand on leur demande ce qu’ils prévoient sur le long terme, Zohar Dayan et Yotam Cohen répondent que la presse n’est qu’un début et que d’autres textes internet pourraient faire l’objet de cette nouvelle technologie, tels que les recettes de cuisine ou le matériel éducatif.
Sources
- COINTOT (L.), « Wibbitz transforme les textes en vidéo ! », mis en ligne le 6 décembre 2013, consulté le 15 décembre 2013, disponible sur http://www.01net.com/editorial/609856/wibbits-transforme-les-textes-en-video/
- TRAINAR (F.), « Wibbitz, la start-up qui compte révolutionner la presse », Le monde technologies, mis en ligne le 2 décembre 2013, consulté le 15 décembre 2013, disponible sur <http://mondeactechno.blog.lemonde.fr/2013/12/02/wibbitz-la-start-up-qui-compte-revolutionner-la-presse/>