L’engrenage est en route ; après l’acquisition d’une société de publicité DoubleClick en 2008 et de la marque de téléphones Motorola en 2012, le moteur de recherche le plus connu au monde s’empare d’un tout nouveau domaine. En effet, le géant Google a racheté Nest Labs. Ce spécialiste de la domotique s’est fait connaître en modernisant certains objets de la maison et en ajoutant une touche design. L’acquisition a coûté près de 3,2 milliards d’euros.
Nest Labs, l’entreprise connectée
Nest Labs est spécialisée dans la fabrication de régulateur électronique. La petite entreprise a été fondée en 2010 par Matt Rogers et Tony Fadell, un ancien employé d’Apple. Elle a notamment conçu un thermostat intelligent capable d’adapter automatiquement la température d’une pièce en fonction de l’emploi du temps de son occupant. On peut oublier d’éteindre nos chauffages dans la maison. Cet appareil est donc chargé de maintenir et économiser l’énergie du foyer. Il peut en outre être contrôlé à distance via une application mobile. Le second produit commercialisé par Nest est un détecteur de fumée prévenant les habitants du foyer du taux de monoxyde de carbone. Il peut même détecter la localisation du départ du feu. Ce détecteur arbore un code couleur en fonction de la gravité de la situation et le mécanisme est désactivé d’un geste de la main. Cet appareil est contrôlé via un terminal mobile également. C’est ça qui a intéressé la société mère. En effet, Google a conçu des tablettes, des Smartphones et s’oriente maintenant vers les wearable devices. C’est à dire les objets connectés que l’on peut transporter partout. Le dernier exemple en date est celui des lunettes de Google ou GoogleGlasses sorties des laboratoires en 2012. Elles permettent de lire des Sms ou encore consulter des photos en marchant.
L’acquisition de Nest représente une nouvelle incursion de Google dans des secteurs autres que la recherche et la publicité sur internet. Il semble certain que cette société va inonder le marché d’objets connectés par le biais de Google. Le patron fondateur de Nest, Tony Fadell, compare même ce partenariat à « une fusée spatiale ». Ce qui explique que la planète entière va devoir composer ces prochaines années avec de nouveaux produits connectés et transportables. En France, Withings ou Netatmo sont les deux gros géants du marché des wearable devices et ont notamment innové le marché avec des babyphones ou des tensiomètres. Le mois dernier Google a racheté 7 sociétés spécialisées dans la robotique et a engagé une nouvelle équipe d’ingénieur selon un article du New-York Times. Avec ce rachat américain la course à l’innovation est lancée.
L’essor futur des wearable devices
Les équipements intelligents pour la maison représentent un marché important à l’heure actuelle et le nombre d’objets connectés pourrait atteindre 50 milliards en 2020, selon l’équipementier en télécoms Cisco.
Equipés de puces à radiofréquences, les machines ou les objets deviendraient intelligents. Appelées ship ces micro-puces se dissimulent partout et nous observent. L’objet communique la position ou le statut tandis que le logiciel intégré dans la puce la rend intelligente. Ainsi, la géolocalisation par téléphone portable est l’exemple le plus concret. Elle permet de géolocaliser un individu par le biais de sa carte sim. Cela pose le problème de la vie privée et de la protection des données personnelles. On peut d’ailleurs signaler que la chambre criminelle de la Cour de Cassation dans un arrêt du 22 octobre 2013 a précisé que la géolocalisation devait être autorisée par un magistrat indépendant et non par le ministère public. En réaction à la décision rendue, le ministère de la justice a déposé une nouvelle proposition de loi le 23 décembre dernier en procédure d’urgence. Cependant, il ne s’agit pas d’encadrer le seul cas des téléphones mobiles, le terme utilisé est « tout moyen technique destiné à la localisation en temps réel ». La surveillance serait donc étendue à n’importe quel objet connecté. La référence à « tout autre objet » demeure très vaste. Grâce à la technologie IPv6, l’ensemble des objets sont en voie de devenir des objets connectés. Au travers d’une connexion Wi-Fi ou de données GPS, ces objets peuvent interagir avec un réseau de communication permettant ainsi leur localisation. Un cadre légal pour la surveillance par objet connecté est-il trop prématuré ? Il semblerait que oui puisque le texte lui-même, par sa rédaction imprécise, pourrait imposer la création d’une back door ou l’intrusion d’un logiciel espion dans tout objet connecté avec pour finalité de procéder à son traçage à distance. Un jour les objets de notre vie quotidienne nous trahirons-ils ?
Il ne nous reste plus qu’à attendre l’arrivée sur le marché de nouveaux objets connectés par Google-Nest pour nous faire localiser par nos montres ou brosses à dent connectées.
- BELOUEZANNE (S.) « Google fait la troisième plus grosse acquisition de son histoire », publié le 14 janvier 2014, consulté le 14 janvier 2014, lemonde.fr,
Consultable sur http://www.lemonde.fr/technologies/article/2014/01/14/google-fait-la-troisieme-acquisition-de-son-histoire_4347592_651865.html
- ASIC, « Projet de loi relatif à la géolocalisation : vers l’instauration d’une surveillance de tous les objets ? », publié le 9 janvier 2014, consulté le 14 janvier 2014
Consultable sur : http://www.lasic.fr/?p=618