Lancé en mars dernier, ce réseau social domicilié en Colombie est basé sur une idée utopique.
Uniquement accessible par invitation, Ello se définit comme « un réseau social “militant” qui prône le respect de la confidentialité des utilisateurs et l’absence de publicité ». Ello rappelle le fonctionnement d’autres réseaux sociaux tel que Twitter ou Facebook et il est bon de rappeler que ce n’est pas le premier réseau social à essayer de se faire sa place dans ce milieu. Ainsi l’un de ses fondateurs, Paul Budniz précise que « Si nous arrivons à rassembler 100 000 utilisateurs réguliers d’Ello, nous aurons rempli notre objectif ». Il affirme vouloir ainsi seulement proposer une alternative aux espaces sociaux déjà existants et non pas devenir le nouveau Facebook.
Néanmoins Ello possède une certaine politique que ses prédécesseurs n’avaient pas et qui peut faire la différence. En effet il repose sur trois principes fondamentaux qui sont considérés comme essentiel pour ses fondateurs.
Un droit à l’anonymat au succès important
L’anonymat, est l’une des principale ligne directrice de ce réseau social. Le site, qui dispose des mêmes services que les autres réseaux (publication de messages, de photos, de vidéos, messagerie) promet en effet de ne pas communiquer les données sur ses abonnés. Ce qui d’ailleurs, serait inutile, puisque Ello permet un total anonymat. En effet « Ello collecte des informations, dont votre location, votre langue, les liens que vous partagez, et le temps que vous passez sur Ello ». Mais les créateurs précisent que cela constitue seulement un moyen d’améliorer le site en ayant une meilleure connaissance de ses abonnés et ainsi que ces données puissent rester anonymes. Cette particularité a été très appréciée par les internautes au vu du scandale que Facebook a subit il y a quelques mois du fait de sa politique anti-pseudonyme. Ello a fait face à une vague d’inscription après que Facebook ait obligé des drag-queens, des transsexuels ou encore des artistes à utiliser leur nom de naissance.
Effectivement il est précisé dans les conditions générales de Facebook que « les utilisateurs de Facebook donnent leur vrai nom et de vraies informations les concernant ». Ello, qui autorise lui les pseudonymes, offre ainsi une alternative séduisante pour toutes ces personnes. Par ailleurs, Paul Budnitz confirmait sur le Daily Dot que “Ello accueille la communauté LGBTQ (Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre ou Queer) et nous sommes très contents de voir qu’autant de personnes nous rejoignent !” D’autre part il été dit que le réseau social recevait près de 4 000 demandes d’inscription par heure suite à cette polémique.
Un autre aspect qui pourrait expliquer un tel engouement auprès de ce réseau social est le fait que Ello ne soit pas doté de publicité.
Un réseau social anti-publicité plus que bienvenu par les internautes
«Votre réseau social préféré est possédé par les annonceurs, ils achètent vos données personnelles pour vous montrer toujours plus de publicités. Vous êtes le produit que l’on achète et que l’on revend ensuite » affirme d’emblé Ello. Cette allusion est clairement destinée à Facebook dont le modèle économique repose sur la vente de données aux annonceurs. Effectivement il est précisé dans ces conditions générales que « Vous nous autorisez à utiliser votre nom, photo de profil, contenu et informations dans le cadre d’un contenu commercial, sponsorisé ou associé, que nous diffusons ou améliorons. Cela implique, par exemple, que vous autorisez une entreprise ou une autre entité à nous rémunérer pour afficher votre nom et/ou la photo de votre profil avec votre contenu ou vos informations, sans vous verser de dédommagement ». Or pendant une longue période, le fondateur de Facebook faisait part de son envie de garder son site vierge de toute publicité.
Ainsi la question de savoir de quelle manière les fondateurs de Ello vont s’en sortir sans avoir accès à la publicité n’est pas anodine. Pour le moment ils précisent que “toute la structure d’Ello est basée sur une politique sans publicité et sans collecte de données. Très honnêtement, si nous renoncions à cet engagement, nous perdrions une grande partie de notre communauté. C’est la raison principale qui nous a poussé à créer Ello.” Mais il est clair que sans publicité et complètement gratuit, le site n’a, pour le moment, aucun moyen concret de gagner de l’argent. Paul Budnitz indiquait que l’équipe d’Ello travaillait à un système d’option payante qui permettrait d’améliorer l’expérience des utilisateurs contre quelques dollars. Or il est évident que pour garder en ligne ce type de plateforme il faudra bien, à un moment donné, passer par la monétisation et la publicité semblera alors la solution la plus pragmatique, car facile à intégrer et rapportant rapidement. Néanmoins, pour le moment, Ello est à l’abri du besoin. Le site avait effectivement levé 343.000 euros en mars dernier auprès de la société américaine FreshTraks capital et donc a un peu de temps devant lui avant de se voir confronté à ce problème.
Enfin le dernier aspect de cette plate-forme, qui lui fait débat, est la confidentialité.
Un système de confidentialité appréciable mais incomplet
Contrairement à Facebook, Ello ne propose que peu d’option de confidentialité afin d’avoir une utilisation des plus simple possible, ce qui part d’une bonne attention, sans pour autant rassurer les abonnés. En effet, il y a déjà des critiques concernant cet aspect du site. Selon une utilisatrice, la politique de confidentialité n’est pas suffisante. Elle écrivait sur Tumblr que « les personnes que je veux éviter […] sont totalement libres de me suivre, de lire ce que j’écris, de me tagger, de commenter mes posts ». Il est vrai que tel que le disaient ses fondateurs, Ello est une plate-forme basée sur une idée de partage. Ainsi, tout ce qui y est marqué est public et peut être vu par n’importe qui. « N’importe qui » étant d’autres abonnés du site ou bien même des personnes y étant extérieures. Il n’y a que les messages privés qui ne seront pas de contenu public.
Cet aspect reflète particulièrement le risque lié aux réseaux sociaux. En effet « en invitant les internautes à alimenter leur espace personnel par la diffusion de leur nom, prénom, adresse, photos etc., ces derniers diminuent considérablement leur protection. » Ainsi suite à ces remarques Ello a promis de mettre en place de nouvelles options de confidentialité, qui rappelle la politique de Facebook, telle que, la création de comptes privés, le fait de pouvoir bloquer des personnes, et enfin le signalement de contenus et personnes inappropriées.
Ello a donc bien des qualités appréciables et il semblerait qu’il soit partit pour durer, mais encore faut il attendre la fin de l’engouement du à sa nouveauté, et à l’idée de privilégie qui s’en dégage du fait de devoir y être inviter, pour s’en rendre compte. Et enfin s’il dure, la question sera de savoir si oui ou non ses fondateurs resteront fidèles à leur principe ou bien si comme Facebook ils devront évoluer vers d’autres idéaux.
Sources :
FACEBOOK, « Déclaration des droits et responsabilités », Facebook.com, révisé le 15 novembre 2013, consulté le 18 octobre 2014, <https://www.facebook.com/legal/terms?locale=fr_FR>
L. RONFAUT, «Ello, le succès imprévu d’un réseau social sans publicité », lefigaro.fr, mis à jour le 2 octobre 12014, consulté le 15 octobre 2014, <http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/09/29/01007-20140929ARTFIG00007-ello-le-succes-imprevu-d-un-reseau-social-sans-publicite.php>
M. SZADKOWSKI, « Ello, le nouveau réseau social “anti-Facebook“ », lemonde.fr, mis à jour le 30 septembre 2014, consulté le 15 octobre 2014, <http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/09/29/ello-le-nouveau-reseau-social-anti-facebook_4494952_4408996.html>
C. JOURDAN, « Ello, le réseau social anti-Facebook », lesinrocks.com, mis en ligne le 26 septembre 2014, consulté le 18 octobre 2014,<http://www.lesinrocks.com/2014/09/26/actualite/ello-reseau-social-anti-facebook-11526577/>