Le jeudi 6 novembre 2014 une opération conjointe menée par Europol et le FBI contre le « E-bay de la drogue », Silk-Road et quatre-cent plate-formes connexes a connu un grand succès. Selon le rapport diffusé par Europol, cette action avait pour but « de mettre un terme à la vente, la distribution et la promotion d’articles dangereux et illégaux ». Le directeur du Centre de la Cybercriminalité d’Europol (EC3), Troels Oerting déclarait ce jour que « nous avons frappé des services utilisant TOR ou le Darknet, où pendant longtemps, les criminels se pensaient hors d’atteinte. […] Les criminels peuvent courir, mais pas se cacher ».
Silk Road, le marché anonyme
Le site internet « Silk Road » ou route de la soie, dont la première version fut fermée en octobre 2013 après l’arrestation de son fondateur présumé Ross Ulbricht, proposait à ses clients qui utilisaient le réseau TOR (The Onion Router – un réseau libre permettant l’anonymisation de l’adresse IP des utilisateurs) la vente de biens dont certains étaient parfaitement illicites. En effet, sur cette plate-forme tout intéressé pouvait commander de la drogue et des armes à souhait. Les transactions n’utilisaient, bien entendu, pas le système bancaire classique mais une monnaie virtuelle, le Bitcoin. Ce site générait un chiffre d’affaire mensuel de huit millions de dollars et à permis la distribution de produits illicites à plus de cent-mille utilisateurs depuis sa création, selon les procureurs américains chargés de l’enquête. Aussi, le site comportait plus de treize-mille annonces de vente de substances contrôlées dont mille-sept-cent-sept pour du cannabis. Des papiers d’identité falsifiés étaient aussi proposés ainsi que des dispositifs de piratage informatique et des services de hacking. Tout l’attirail du cyber-délinquant était donc à la disposition du plus grand nombre.
Un exemple de police mondialisée
Les efforts menés conjointement par le FBI et les polices des pays de l’UE, coordonnés par Europol ont donc porté leurs fruits dans le cadre de l’opération « Onymous ». En plus d’avoir mis un terme aux activités du plus gros acteur connu du Darknet en matière de vente de biens illicites, l’opération a permis la fermeture de près de quatre-cent sites cachés aux objets similaires. Dix-sept personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette opération qui a été menée dans plus de dix-sept pays différents. L’équivalent d’un million de dollars en Bitcoin et cent-quatre-vingt mille-mille euro en liquide et métaux précieux ont été saisis. Selon le Monde, une demi-douzaine des principaux sites de vente illégaux étaient désactivés dont Hydra, Cloud 9, Pandora et Blue Sky. D’autres grands sites étaient toujours disponibles le vendredi 7 novembre 2014. Cette réussite des organes de police européens et américains montre que ceux-ci s’adaptent à la criminalité high-tech et déploient des efforts considérables pour lutter contre elle.
Les infiltrés : des méthodes anciennes pour le crime nouveau
Dans le communiqué diffusé par Europol, l’organisation explique qu’un de leurs agents s’est infiltré dans le groupe chargé de l’administration du site « Silk Road » et a pu accéder à des parties du site réservées à ce groupe pour remonter jusqu’au suspect, un homme de 26 ans, arrêté par le FBI à San-Francisco le jeudi 6 novembre 2014. On aurait pu imaginer que les forces de police avaient mis au point un système de hacking permettant de tracer les connexions sur TOR et de ce fait identifier le suspect. Or ce n’est pas le cas, et ce sont bien des méthodes qui ont fait leurs preuves qui on permis l’arrestation de l’administrateur présumé du site internet. La mutation de la criminalité n’engendre pas forcément un changement de méthode dans sa lutte, les modes opératoires changent, pas la criminalité.
La route est encore longue…
Robert Anderson, du FBI (Département de la Cybercriminalité), rappelle que le combat contre les cybercriminels reste une des principales priorités du FBI et que l’organisation continuera de travailler conjointement avec Europol et les services de police nationaux dans cette direction. Par cela, il affirme clairement que le monde de la cybercriminalité est un monde encore vaste et méconnu, ou le législateur et la police ont encore très peu de prise. Les efforts conjoints des services de polices nationaux sont donc vitaux pour lutter efficacement contre ce phénomène globalisé. Le remise en ligne de « Silk Road » quelques semaines après l’arrestation de son premier administrateur présumé montre clairement la vivacité de ces types de réseaux.
SOURCES :
M.UNTERSINGER, « Le créateur présumé de Silk Road 2.0, site de vente de drogue sur internet, a été arrêté », Le Monde, 06/11/2014
ANONYME, « Global action against dark markets on Tor network », Europol, Communiqué de Presse du 07/11/2014