Chaque Keynote amène son lot de nouveauté, au cours de la grand-messe annuelle organisée autour des produits d’ Apple, il a été présenté la nouvelle mouture du téléphone mobile de la firme,l’ iPhone 6. Parmi la multitude de nouvelles fonctionnalités accompagnant cette évolution matérielle et la mise à jour de son système d’ exploitation, Apple a décidé de se lancer dans le secteur du paiement mobile sans contact. Après avoir boudé la technologie NFC, near field communication, au sein de ses iDevices pendant plusieurs années , la firme de Cupertino a finalement décidé de céder aux sirènes du marché porteur du paiement mobile.
VERS UN ELDORADO NORD-AMÉRICAIN
Fort d’ une importante base donnée bancaire grâce à ses portails virtuels de vente de musique et d’ applications iTunes et l’ App Store, la firme posséderait quelque 800 millions de données bancaires. Le développement d’ une solution native de paiement en ligne semble alors s’ inscrire dans la juste continuité de modus operandi de révolution disruptive qu’elle prône.
Aux Etats-unis après avoir conclu un accord avec environ 500 banques américaines, et 220 000 points de vente regroupant les plus grandes enseignes américaines tel que McDonald’s , ToysRus ou encore Nike, Apple a lancé son dispositif de paiement numérique en date 20 octobre. Au pays de l’ oncle Sam ou la carte à piste magnétique reste prépondérante, l’ entrée en piste d’un fabricant tel qu’Apple a été accueilli avec enthousiasme, ses partenaires espérant une forte croissance des transactions et une baisse des coûts liés à la fraude. Le tout reste de tirer un intérêt pécuniaire de la transaction, ce que la marque à la pomme fait en prélevant une commission oscillant selon les sources entre de 0,15% et 2%, sur chaque transaction effectuée au travers de son application auprès des banques. Toutefois ce lancement ne s’ est pas réalisé sans écueils, malgré les ententes , certaines enseignes partenaires ont tout bonnement bloqué l’ interopérabilité du service avec leurs points de vente, en faveur d’ une solution concurrente de paiement mobile dont le lancement est prévu début 2015.
UN PARI BEAUCOUP PLUS RISQUÉ SUR LE VIEUX CONTINENT
Révolu est le temps où les entreprises se cantonnaient seulement aux domaines en lien direct avec leurs coeurs de métier, à l’ instar des plus grandes firmes technologiques la tendance est à la diversification. Le lancement de l’ Apple Pay est prévu en 2015, cependant il n’ est pas certain que l’ application soit accueillie avec le même entrain. D’ une part dans l’ hexagone et à l’ échelle du continent européen, les systèmes des paiements actuels sont beaucoup plus sécurisés qu’outre-Atlantique, la carte à puce a rendu la fraude dérisoire par rapport au volume de transactions effectuées. D’ autre part il est constaté une certaine réticence des Français quant à au fait de régler leurs dépenses quotidiennes à l’ aide du téléphone portable. Une étude Deloitte-Ipsos d’ octobre 2014 relève que « 65% des personnes interrogées ne se déclarent pas prêtes à utiliser leur mobile comme moyen de paiement ». Cette réticence est également partagée au niveau institutionnel, la CNIL dans un article daté du 1er juillet 2013 remettait en cause, après des test interne en 2012, la sécurité des dispositifs dotés d’ une puce NFC. Depuis lors des progrès ont été réalisé en la matière et soulignés par la commission, mais cette dernière prône d’ avantage d’ effort de la part des groupements d’ intérêts économiques intéressé par cette solution.
UNE (R)ÉVOLUTION?
Les opérateurs de téléphonie mobile et les banques appréhendent l’ arrivée de l’ Apple Pay, ces derniers ayant développé au cours de la décennie différentes solutions afin de convertir le grand public au paiement mobile, craignent de voir le fruit de leurs efforts tomber aux oubliettes face à la simplicité made in Apple. La crainte d’ être supplanté par la firme de Cupertino est bien réelle, l’ adoption de ce mode paiement reviendrait à remettre en cause leurs monopoles sur le terrain des terminaux de paiement bancaires loués et sur lesquels sont prélevé une commission à chaque transaction opérée, leur générant de revenus conséquents. Très contraignante et source de nombreux frais pour les petits commerces, nul doute que ces derniers en cas d’ une adoption massive des consommateurs n’ hésiteront pas privilégier de privilégier le paiement à la sauce Apple.
Dans l’ article du quotidien d’ information LeMonde daté du 20 octobre 2014 Denée Carringtion, analyste chez Forrester énonce que la firme devra « travailler sur ce qui lui manque encore[..]notamment la création de valeurs à long terme pour le consommateur et le marchand[..] la capacité à analyser les comportements des consommateurs par le biais des données récoltées ». En 2013 Apple a présenté un produit moins glamour qu’a son habitude mais qui risque d’ apporter son lot de bouleversement dans la stratégie marketing des enseignes. Baptisé iBeacon il a pour but localiser précisément un utilisateur dans un magasin en vue de lui apporter des notifications personnalisées des produits en vente autour de lui.
Apple est en passe de réussir là ou bien d’ autres ont échoué, en implémentant à sa manière une technologie déjà existante à son écosystème certes fermé mais axé sur la praticité. Il lui faudra atteindre une masse critique d’ utilisateurs afin d’ enclencher l’ adhésion des commerces, il est contestable que sur le papier l’ entreprise à toutes les chances d’y parvenir.
Sources:
CHAPERON (I.), « Apple Pay séduit et inquiète la profession bancaire », lemonde.fr, mis en ligne le 20 octobre 2014, consulté le 20 novembre 2014, <http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/10/20/apple-pay-seduit-et-inquiete-la-profession-bancaire_4508985_3234.html>
BEMBARON (E.), « Iphone 6: comment Apple va nous habituer à payer avec un mobile », lefigaro.fr, mis ligne 10 septembre 2014, consulté le 20 novembre 2014, <http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2014/09/10/01007-20140910ARTFIG00155-iphone-6-comment-apple-va-nous-habituer-a-payer-avec-un-mobile.php>
BUSELLI (A.), « Usage mobile en France 2014: (r)évolution », deloitte.com, mis en ligne en octobre 2014, <http://www2.deloitte.com/fr/fr/pages/presse/2014/usages-mobiles-2014.html>