La vice-présidente de l’ingénierie de Google, Pavni Diwnji, a évoqué dernièrement un projet dont elle est responsable dans une interview accordée à USA Today. Celle-ci faisait part de l’envie du géant du web de développer des services adaptés aux plus jeunes.
En effet, Google demande actuellement un âge minimum de 13 ans pour créer un compte. Dans certains pays cet âge est encore plus vieux, tel qu’en Espagne et en Corée du Sud (14 ans), mais aussi aux Pays-Bas (16 ans). Les USA et le reste du monde, ont bien la limite de 13 ans (sauf pour certains services précis). Cela menait à de nombreux mensonges lors des inscriptions dans les différents sites tels que YouTube, Gmail, Chrome et évidemment le moteur de recherche Google. Mais si comme dans le cas de YouTube, le site pouvait limiter ce que chacun pouvait voir en fonction de son âge, quelle serait son efficacité si l’internaute a menti sur celui-ci lors de son inscription ?
Ainsi l’idée de Google de créer un programme pour les plus jeunes serait de reformater le moteur de recherche pour répondre à leurs attentes et à leurs besoins. “Nous voulons que les enfants soient en sécurité en utilisant nos produits”, confie la responsable du projet qu’elle sait voué “à la controverse”. “Les enfants utilisent déjà les nouvelles technologies à l’école ou à la maison. La meilleure approche est de voir comment on peut utiliser la technologie du mieux possible.” Avec ce “Google Juniors”, les enfants pourraient s’inscrire avec leurs véritables identité et accéder à une version qui leur est adaptée. Il s’agirait d’une sorte de contrôle parental applicable sur tous les ordinateurs, smartphones et tablettes. Pavni Diwanji assure que “nous voulons faire très attention. Il s’agit avant tout de donner les bons outils aux parents pour contrôler l’utilisation de leurs enfants”.
Si cela part d’une bonne intention de la part de Google, il n’empêche que cela suscitera de multiples inquiétudes vis à vis des parents, ainsi que de la loi. Il faudra faire face aux autorités américaines et aux associations de défense des consommateurs américains qui sont déjà aux aguets. En effet, les mineurs de moins de 13 ans sont protégés par la Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA). Cette loi américaine impose que la personne exerçant l’autorité parentale doit donner son accord pour autoriser la collecte, le traitement et le stockage des données fournies par l’enfant. C’est pour toutes ces raisons que les sites web refusent normalement l’inscription des enfants de moins de 13 ans.
Car même si l’idée d’un environnement internet sécurisé pour les enfants paraît être un argument positif, le fait que Google s’approprie un tel projet pourrait comporter des risques. En premier lieu l’on pense aux publicités ciblées. Il s’agirait d’une opportunité sans précédents pour eux. Ensuite l’on pense au fait que Google aura dans ses archives des années et des années de recherche sur chacun de ses utilisateurs, et pourra ainsi les fidéliser dès leur plus jeune âges.
Pour la petite histoire, cette idée de « Google Juniors » est apparut lorsque la fille âgée de 8 ans de Pavni Diwanji n’a pas réussi à trouver des images du dessin animé Thomas en tapant le mot « train » dans Google. Le site lui a proposé différents horaires de train, « elle est venue me voir et m’a dit ‘maman, tu devrais parler à Google de Thomas le petit train parce que Google ne le connait manifestement pas’ » a déclaré la vice-présidente. L’idée a été suivit du personnel de l’entreprise sachant que «la plus grande motivation au sein de l’entreprise c’est que tout le monde a des enfants ».
Reste à attendre la réaction des enfants à cette nouvelle base de données.
Sources :
JULIEN (L.), « Google planche sur une version pour les enfants », www.numerama.com, publié le Jeudi 04/12/14, consulté le 08/12/14
DANILEWSKY (F.), « Bientôt des services Google destinés aux enfants », www.idboox.com, publié le 6/12/14, consulté le 09/12/14
ANONYME, « En 2015, Google voudrait s’adapter aux enfants », www.leparisien.fr, publié le 05/12/14, consulté le 08/12/14