En novembre dernier, un projet de rapport du CSA concernant la gestion de France télévisions ces quatre dernières années a été publié dans les médias. Le rapport final a été rendu début décembre, dans un contexte de tensions entre l’institution et le grand groupe de télévision publique français.
Un rapport qui déchaine les passions
Le 4 novembre, le projet de rapport du CSA est publié sur le site internet de BFM TV. Dans ce document, le CSA critique fortement les politiques menées par le groupe France Télévisions, tant sur la qualité des programmes, que concernant les lignes éditoriales de chaque chaîne du groupe.
Les critiques principales que le gendarme de l’audiovisuel formule concernent d’abord les lignes éditoriales de chaque chaine. En effet, le CSA critique vertement le positionnement des chaînes France 4 et France O qui, d’après lui, « ne se justifient pas au niveau hertzien et national ».
De même, il dénonce le manque de direction générale des chaines du groupe public, qui empêche de les distinguer clairement des chaines privées émettant sur le réseau national hertzien, ce qui démontre pour lui un « manque d’audace ».
Le dossier de France 3 est aussi évoqué. Les audiences s’effritent, et France 2 concurrence de plus en plus sa voisine sur le terrain de la culture.
Le CSA adresse d’autres critiques, comme les coûts de production de programmes trop élevés par rapport à la concurrence privée, ou encore des problèmes de management ou de transparence dans l’organigramme de France Télévisions.
Pour autant, le CSA note aussi des points positifs dans ce bilan, comme le maintien des audiences, le rattrapage du privé en ce qui concerne les plateformes numériques de VOD, ou encore « un progrès dans la construction d’une entreprise unique, avec la signature de la convention des systèmes d’information unifiés ».
Malgré ce bilan en demi-teinte, la direction de France Télévisions a critiqué ce rapport. Le président de France Télévisions, Rémy Pfimlin, a qualifié ce rapport « d’affirmations erronées, ou caricaturales ». Dans sa lettre publique adressée au président du CSA Olivier Schramek, le président a contesté « le sérieux et l’impartialité » du pré-rapport. Le CSA finalement nié le fait que ce rapport serait le rapport final, tant les critiques se multipliaient.
Un rapport final plus consensuel
Après un mois de spéculations, le CSA a rendu son rapport final sur le bilan de France Télévisions le 10 Décembre. Le fond ne diffère pas vraiment du pré-rapport, mais il est présenté de manière plus diplomatique.
Il relève d’abord les défis auxquels le groupe fait face aujourd’hui, comme la diminution des recettes publicitaires, la concurrence accrue et les impératifs imposés à France Télévisions.
Il souligne aussi les points positifs du bilan du groupe, comme la préservation de l’audience ou la qualité et la variété de l’offre.
Pour autant, sur le fond, les critiques du bilan ne changent pas : manque de programmes culturels aux heures de grandes écoutes, nécessité d’une clarification des lignes éditoriales des chaines, ce qui permettrait par exemple une meilleure coexistence des chaines France 2 et France 3.
Un feuilleton révélateur de tensions latentes
Le passif entre le CSA et France Télévisions ne date pas de cet épisode. En effet, Olivier Schramek, s’exprimant dans la presse en octobre 2013 considérait que « les lignes éditoriales n’apparaissaient pas assez clairement ». Un suivi, qu’une partie de la presse comparait à une mise sous tutelle, avait été mis en place. Il consistait en un dialogue bimensuel entre des représentants du CSA et de France Télévisions.
De plus, ce rapport fait l’objet de vives tensions, car en arrière plan, c’est le bilan du premier mandat du président de France Télévisions, Rémy Pfimlin, qui est critiqué. Le 6 Mai 2013, la ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filipetti annonce que le CSA sera désormais compétent pour nominer les futurs présidents de France Télévisions. La première nomination aura donc lieu en avril 2015, et Rémy Pfimlin risque de ne pas être nominé par le régulateur.
Cette nouvelle compétence du CSA le contraint donc à dresser des bilans plus ou moins négatifs, tout en ménageant leurs auteurs, ce qui n’est pas des plus simples, au vu des événements précités.
Fin du feuilleton au printemps.
SOURCES
-DELCAMBRE (A.), “France Télévisions : le CSA rentre dans le rang”, Lemonde.fr, publié le 11 Décembre 2014, consulté le 15 Décembre 2014 http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/12/11/france-tv-le-csa-rentre-dans-le-rang_4538360_3236.html
-MADELAINE (N.), “Le CSA s’apprête à critiquer vertement France Télévisions”, Les Echos, publié le 4 Novembre 2014, consulté le 15 Décembre 2014 http://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/0203914126038-le-csa-sapprete-a-critiquer-vertement-france-televisions-1060931.php