Mattel a présenté le 14 février dernier, à la Toy Fair de New York, sa toute dernière création, la Barbie connectée. Cette poupée est le résultat d’un changement de direction du groupe. En effet, le fabricant de jouet américain Mattel, a annoncé lundi 26 janvier, le départ de son patron afin de se recentrer sur une revitalisation et une stimulation du groupe. Ainsi avec le changement de direction, la marque Barbie prend un virage vers le « connecté » pour tenter de remonter son chiffre d’affaire. Il est vrai qu’entre les ventes en baissent et le désintérêt croissant pour les jouets classiques au profit de jeux électroniques, il apparaît comme normal que le groupe essaie de « changer de tête pour capitaliser le potentiel de l’entreprise » tel que le déclarait Christophe Sinclair, le nouveau patron par intérim de la société Mattel. Surtout qu’il ne faut pas, non plus, oublier tout les autres jouets qui sont en directe concurrence avec les Barbies, tel que les Bratz qui empiètent sur le chiffre d’affaire de la société Mattel. C’est donc une réaction normale que d’essayer de créer quelque chose de nouveau avec de l’ancien, et c’est cela que qui a donné Hello Barbie.
Cependant, au vu des réactions, que leur prototype a provoqué, ce n’est pas sur que cette voie soit la clé de la réussite pour l’entreprise
Hello Barbie est une poupée connectée à internet via le Wifi ou le Bluetooth, qui va pouvoir communiquer avec son propriétaire grâce à la technologie ToyTalk. De même que le Siri d’Apple, la Barbie va utiliser la reconnaissance vocale de la plate-forme ToyTalk pour écouter et répondre. Dès quelle entend quelqu’un parler, la poupée s’allume et commence à enregistrer tout ce qui est dit, puis transmet le son à un serveur Mattel qui va l’analyser et fournir une réponse adéquate. Différents scripts sont déjà chargée dans la Barbie afin de choisir la meilleure réponse en fonction de ce que l’enfant lui dit. De même si celui-ci montre un certain intérêt pour une activité en particulier, la poupée va pouvoir enregistrer cette information afin de pouvoir la ressortir plus tard, donnant ainsi le sentiment à l’enfant que la Barbie est à son écoute.
La porte-parole de Mattel avait expliqué que « les petites filles du monde entier souhaitait en majorité pouvoir avoir des conversations avec leur Barbie. Maintenant, pour la première fois, Barbie peut tenir un réel discours. »
Cependant malgré l’envie des enfants, ce qui fait la nouveauté de cette Barbie est également ce que craint les parents.
En effet la notice est claire, puisqu’elle précise que, lorsque les enfants utilisent le logiciel de reconnaissance vocale, la Barbie peut « capturer des photos ou des enregistrements audio ou vidéo de ces interactions ».
Or via toutes ces fonctions décrites, il est facile d’imaginer la valeur que représenterait pour un fabricant de jouet une base de données utilisable, dans laquelle serait recensé les goûts des enfants. L’obtention de telles informations, qui constituent une atteinte à la vie privée des plus jeune, a de quoi effrayer. D’autant plus qu’on ne connaît pas encore comment sera utilisé/traité/effacé les données vocales des enfants par l’industrie qui les recevront.
Pour le moment la politique de confidentialité de ToyTalk affirme que, lorsque les utilisateurs interagissent avec leur serveur, ils peuvent capturer des photos ou des enregistrements audio ou vidéo de ces interactions, en fonction de l’application particulière utilisée. Ils peuvent également transcrire et stocker ces enregistrements pour fournir et maintenir le service, pour développer, tester ou enfin améliorer la technologie de reconnaissance vocale, et les algorithmes d’intelligence artificielle.
Au vu de toutes ces informations, le surnom qu’il lui a été donné lors de sa présentation devient plus clair. En effet, à peine crée, Hello Barbie se voit déjà surnommée « Barbie Stasi » ou encore « Barbie IM » en référence à la police politique de l’ex RDA, les « Inoffizieller Mitarbeiter ».
Difficile de croire que les parents américains, la poupée étant seulement commercialisé aux Etats-Unis, puissent acheter une telle poupée lors de sa sortie en fin d’année. D’autant plus que la question de savoir jusqu’où peut aller la poupée dans son dialogue reste encore en suspend. En effet certain se demande, si celle-ci pourrait être à la demande d’un achat, tel qu’un cheval Barbie, ou une voiture Barbie comme l’écrivait l’hebdomadaire allemand, Stern, dans son article sur la nouvelle poupée.
En France on a eu récemment un problème de même sorte avec les télévisions Samsung, une polémique avait éclatée début février concernant la reconnaissance vocale. En effet leurs téléviseurs étaient soupçonnés d’écouter et de transmettre à des tiers l’ensemble des conversations tenues près de l’appareil. La notice précisait alors «veuillez noter que si ce que vous dites contient des informations personnelles ou sensibles, ces informations pourraient être capturées par l’appareil et transmises à un tiers». Or la manière dont se déroule le traitement de ces données par une entreprises tierce est généralement flou et donc inquiétante. Surtout que les personnes concernées dans ce cas là, ne savaient pas forcement que cette fonction existait et donc on réagit d’autant plus fortement.
Avec Hello Barbie, les personnes qui l’achèteront, le feront pour cette fonction précise, et donc ne pourront se prévaloir d’une non connaissance de reconnaissance vocale de la part de la Barbie.
Cependant toute cette polémique autour de la Barbie Stasi n’est pas pour arranger les affaires de Mattel. En effet la poupée avait déjà fait l’objet de nombreuses controverses dans le passé. En 1992, la « Teen Talk Barbie » avait fait parlé d’elle, du au fait qu’elle véhiculait des valeurs sexistes et incitait à faire du shopping ou autre lorsqu’elle prononçait « Math class is tought », (« Les maths, c’est dur »).
Ainsi, l’inquiétude à la fois de la protection des données personnelles de nos enfants, ainsi que des conséquences que de telles discussions pourraient avoir sur eux, permet de comprendre la polémique autour de cette poupée.
Il faut maintenant attendre sa sortie pour voir si les Américains sont, ou non, plus sensible que nous par rapport à ces risques. Surtout que la poupée sera tout de même au prix de 75 dollars, soit 66 euros.
Sources :
ANONYME, « “Barbie Stasi” : en enregistrant les enfants, Mattel déclenche la polémique », lesechos.fr, publié le 23/02/2015, consulté le 24/02/2015, http://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/0204178637807-barbie-stasi-en-enregistrant-les-enfants-mattel-declenche-la-polemique-1096010.php#
ANONYME, « Une Barbie à reconnaissance vocale surnommée « Barbie Stasi » en Allemagne », lemonde.fr, publié le 23/02/2015, consulté le 24/02/2015, http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/02/23/une-barbie-a-reconnaissance-vocale-surnommee-barbie-stasi-en-allemagne_4581912_4408996.html
A. DT, « Hello Barbie, la poupée qui espionne les enfants », bfmtv.com, Publié le 23/02/2015, consulté le 23/02/2015, http://www.bfmtv.com/societe/hello-barbie-la-poupee-qui-espionne-les-enfants-865509.htm
BELINDA, « Hello Barbie : la Barbie qui se connecte pour mieux parler », objetconnecte.net, publié le 20/02/2015, consulté le 24/02/2015, http://www.objetconnecte.net/hello-barbie-connecte-mattel/