Le Monde, associé à trois médias francophones Belges vient de créer une plate-forme à haute sécurité dénommée Sourcesure.eu, dans le but de fournir un moyen de transmission d’information données par des « lanceurs d’alerte » potentiels.
La mise en œuvre de moyens techniques innovants
Sourcesure.com, utilise le réseau Tor et la plate-forme GlobalLeaks, en faisant transiter les données via trois serveurs aléatoires. Aussi, l’utilisateur de la plate-forme pourra sélectionner un des journaux à contacter s’il ne veut contacter les trois en même temps et se verra offrir la possibilité de se maintenir à la disposition des journalistes via une messagerie sécurisée et anonyme. Le système d’exploitation Tails (The Anonymous Incognito Live System) dérivé du système libre et ouvert Linux, efface toute trace de navigation sur les ordinateurs des journalistes connectés à GlobalLeaks.
Une plate-forme qui méconnaît le droit de la presse
Selon Yves Eudes, journaliste au Monde, dans son article « Un nouveau refuge pour les lanceurs d’alerte » (parution Le Monde vendredi 13 février 2015) énonce que « même si l’ordinateur du journaliste [utilisant Sourcesure] est volé ou saisi, il ne trahira aucun secret ».
Certains défenseurs acharnés de la liberté de la presse et du secret des sources se félicitent de cette avancée vers la sécurité, mais les juristes pourront émettre certaines réserves.
En effet, bien que l’on ne peut nier l’intérêt d’un tel site, on ne peut oublier que la loi de 1881, modifiée en 2010 prévoit que le secret des sources doit être levé si un « impératif prépondérant à l’intérêt public le justifie ». Cette article est, depuis 2013 en train d’être reformé afin de donner plus de garanties aux sources, mais même dans sa version la plus favorable, le secret des sources sera levé si un juge l’ordonne. Or, Sourcesure.com ne prévoit en aucun cas cette possibilité. Cette plate-forme, par son objet prévoit de ne pas être en mesure de respecter la loi. Cette faculté semble être pour l’instant passée inaperçue mais si les pouvoirs publics viennent à s’en inquiéter, il serait envisageable que son accès soit interdit aux journaux français très rapidement.
L’information aujourd’hui, une liberté organisée.
Dans une lettre ouverte parue le 18 février 2015, dans Libération, les chaînes d’information qui ont été mises en demeures par le CSA dans le cadre du traitement des événements du 7 et 8 janvier, s’opposent à ce qui est pour eux une atteinte à la liberté de l’information et les force à l’auto-censure.
En se drapant de façon hypocrite dans la liberté de l’information, ces chaînes piétinent les autres valeurs de la république dans un but purement économique : assurer l’info la plus fraîche pour le plus fort audimat, et des contributions plus importantes des annonceurs. Au delà de la façon honteuse dont elles ont traité l’information au cours des attentats de Paris, et la mise en danger permanente des forces de l’ordre et des otages, ces chaînes ont semblé oublier les raisons de leur existence sur les ondes. De surcroît, le retrait de l’article sur le « Secret des Affaires » prévu dans le projet de loi Macron, faisant de la divulgation d’informations sensibles de la vie des affaires par des « lanceurs d’alerte », un délit, montre l’influence du lobby des médias sur le législatif et leur volonté de préserver leur totale liberté, qui n’est pourtant que fictive.
Aujourd’hui, il semblerait que nous soyons arrivés la croisée des chemins pour les médias. La concurrence étrangère, et les méthodes souvent peu déontologiques utilisées pour obtenir des information, ainsi que la rapidité des flux sur les réseaux d’information, peuvent nous laisser aller à un assouplissement de la législation dans ce secteur. Mais quel modèle de médias voulons nous ? Un modèle qui informe, éduque et cultive ou un autre modèle auto-centré, qui fera passer ses intérêts avant ceux de la nation qu’il est supposé servir, étant détenteur du quatrième pouvoir.