Au regard de l’évolution de plus en plus intense de la cybercriminalité sur le Web, les ingénieurs se mobilisent afin de traquer les contenus illégaux, ce qui n’est pas sans crainte pour nos données personnelles.
La cybercriminalité se définit comme regroupant « toutes les infractions pénales tentées ou commises à l’encontre ou au moyen d’un système d’information et de communication, principalement Internet ». Il y a environ un an (en février 2014), un projet commence à se développer petit à petit, dans le but de lutter contre l’émergence de ce phénomène. Les premiers résultats sont visibles aujourd’hui. C’est la Darpa, l’agence américaine de recherche militaire qui est à l’origine de cette initiative. En effet, cette dernière a créé un moteur de recherche nommé Memex. Celui-ci permettrait de trouver ce qui est invisible sur Google. On appelle cela le deep web, c’est la partie du Web qui n’est pas indexée par les moteurs de recherche. Son contenu comporte notamment des activités illégales ou criminelles. Le premier objectif de la Darpa est de démanteler les trafics d’êtres humains sur la toile.
En réalité, un ingénieur de la Darpa Chris White affirme que nous avons accès à une minorité du contenu du Web puisque selon le chiffre annoncé, nous accédons seulement à 5% du contenu du Web. Il semble donc que bon nombre de données circulent sur la toile, sans que la majorité des individus en ait connaissance. D’où la possibilité pour les cybercriminels d’exercer leurs actions malveillantes en toute impunité.
Un programme testé et approuvé
Il faut savoir que pour le moment le programme est seulement destiné à la défense américaine. Il a été testé pour démanteler une filière de prostitution aux Etats-Unis. Ce test s’est avéré concluant. Il semble que l’utilisation de ce nouveau moteur de recherche est destinée à se répandre dans les pays de l’Union Européenne notamment.
Barack Obama, le président des Etats-Unis s’est félicité de la mise en place de Memex afin de lutter contre les réseaux illégaux qui se répandent sur Internet. Il a déclaré que c’était une bonne illustration du fait que le Big Data est un bon moyen de lutter contre la cybercriminalité.
Cependant, le programme Memex génère tout de même un certain coût, puisque dix à vingt millions de dollars ont été investis dans le projet. Ainsi, on peut en déduire que tous les pays ne pourront pas se doter d’un tel système de défense.
La mise en œuvre du programme
La question se pose alors de savoir comment ce moteur de recherche a les moyens de prévenir les divers trafics du Web, alors que ces derniers font partie du deep web, autrement dit de ce qui constitue sa partie invisible.
Il se trouve que ce nouveau moteur de recherche a la possibilité de géolocaliser un appareil et de retrouver son adresse IP. De cette manière, il accèdera au nom et à l’adresse de son détenteur. Lors du test permettant de démanteler un réseau de prostitution, la phase finale a consisté à effectuer un recoupement avec les photos des femmes qui participaient à ce réseau de prostitution. Les responsables ont donc pu être retrouvés avec précision.
La protection des données personnelles en danger
Finalement, ce moteur de recherche a la faculté de déceler des contenus qui sont invisibles sur les moteurs de recherche dits classiques. Il a donc une puissance bien supérieure aux autres. Néanmoins, on peut considérer que cette puissance peut se retourner contre tous les utilisateurs du Web en général. En effet, de la même manière que Memex va pouvoir permettre d’avoir connaissance de l’identité précise de cybercriminels, ce programme pourra également permettre de détenir toutes les informations concernant tous les utilisateurs eux mêmes.
Ainsi, la puissance du moteur de recherche pourra permettre de collecter des données personnelles. La Darpa est intervenue sur ce point et a précisé qu’elle n’avait aucunement cette intention. Elle s’est engagée à traquer ce qui est contenu dans le deep web et seulement cela, afin de lutter contre les activités qui sont illégales.
Pourtant, ce ne serait pas le premier scandale en la matière. En effet, cela n’est pas sans rappeler l’affaire Edward Snowden, ex informaticien employé par la NSA, l’agence de sécurité américaine. Cette affaire a fait grand bruit car Monsieur Snowden a révélé que la collecte d’informations effectuée par la NSA dépassait le cadre de la lutte contre le terrorisme ou contre les cybermenaces. En réalité, des citoyens lambda ont pu faire l’objet de cet espionnage ; d’où le scandale que ces révélations ont entrainé.
Toujours est-il qu’il semblerait que les moyens mis en œuvre pour lutter contre les nouveaux phénomènes cybercriminels qui se développent sur la toile sont de plus en plus répressifs. On se rappelle en effet de la polémique que la nouvelle loi antiterroriste du 13 novembre 2014 a provoquée face à la mesure de blocage de sites internet sans la présence du juge. De la même manière, il est possible qu’avec la propagation de ce moteur de recherche, la conséquence sur la protection de nos données personnelles s’avère d’autant plus risquée.
Sources :
ANONYME, « Memex, le futur moteur de recherche pour le « darkweb » », lexpress.fr, mis en ligne le 10 février 2015, consulté le 17 février 2015, <http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/memex-le-futur-moteur-de-recherche-pour-le-darkweb_1649972.html>
DEMOULIN (A.), « Memex : le moteur de recherche qui explore le Dark Web », 20minutes.fr, mis en ligne le 12 février 2015, consulté le 17 février 2015, <http://www.20minutes.fr/web/1539339-20150212-memex-moteur-recherche-explore-dark-web>
KALLENBORN (G.), « Memex, le moteur de recherche qui explore les recoins les plus sombres du net », 01net.com, mis en ligne le 11 février 2015, consulté le 17 février 2015, <http://www.01net.com/editorial/645202/memex-le-moteur-de-recherche-qui-explore-les-recoins-les-plus-sombres-du-net>
LOUVET-ROSSI (D.), « Le Deep Web sous la griffe du programme Memex », sciencepost.fr, mis en ligne le 15 février 2015, consulté le 17 février 2015, <http://sciencepost.fr/2015/02/le-deep-web-sous-la-griffe-du-programme-memex>