RECORD DE PLAINTES AU CSA : EXPLOSION DU CHIFFRE DE SAISINES EN 2017

L’année 2017 touche à sa fin, il est l’heure du bilan dans le monde des médias français. Cette année aura été riche en polémiques au niveau audiovisuel, en effet plus de 90 000 saisines du public ont été adressées au Conseil supérieur de l’audiovisuel en 2017. C’est un chiffre d’autant plus impressionnant car il ne cesse de doubler chaque année, 38 000 saisines en 2016 et 9000 en 2015. Ces saisines proviennent des téléspectateurs, des associations ou des élus dès lors qu’une séquence diffusée à la télévision leur est jugée contraire à la déontologie des programmes ou lors de manquements de la chaine. Une question se pose donc : A quoi est due cette explosion du chiffre de saisines ?

Une augmentation du nombre de plaintes mais pas du nombre de traitements des dossiers

Malgré ce chiffre grandissant, le CSA dit ne pas observer plus de manquements en 2017 qu’en 2016. Il est vrai que lorsque l’on regarde de plus près les plaintes, on constate que la plupart sont relatives à un même sujet ou débordement, 90 000 plaintes ne signifie donc pas 90 000 manquements. En effet toutes les saisines sont étudiées mais seule un tiers d’entre elles font l’objet d’un examen approfondi, pour le reste le CSA n’y fait pas suite et n’intervient pas. Le nombre de dossiers transmis et étudié au collège du CSA reste pratiquement le même. Ce dernier traite environ 1000 dossiers par an dont 10% concernent les droits et libertés dans la déontologie des programmes, fixée par la loi de 1986. Le CSA a même précisé « nous ne sommes pas l’arbitre de l’élégance et de l’humour, pas un « gendarme » non plus, nous ne faisons qu’appliquer la loi et répondre à ses manquements ». Par ailleurs, pour la plupart des téléspectateurs ces saisines permettent de se plaindre des manquements vus ou entendus à la télévision, qu’il s’agisse de propos ou comportements déplacés, mais ce n’est pas que cela. En effet, le CSA a également reçu des plaintes quant au non-respect des horaires, la qualité des programmes et bandes d’annonces violentes…

A ce stade une question demeure : Si les saisines augmentent mais pas les débordements, comment expliquer cette augmentation ?

Une visibilité accrue pour le CSA grâce à l’implication du téléspectateurs

Cette explosion du nombre de plaintes est notamment due à une meilleure visibilité du CSA, que ce soit sur son site ou sur les réseaux sociaux. A l’époque, afin d’alerter l’autorité il était nécessaire d’envoyer une lettre par courrier, mais au fil des années et des évolutions numériques cela peut se faire en quelques clics. Désormais on retrouve le formulaire sur le site du CSA mais on peut aussi retrouver le lien du formulaire dans la « bio » de son compte twitter, Facebook etc…  Toute personne peut donc alerter le CSA à propos d’une émission via ce formulaire, la simplicité de la démarche entraine donc un nombre plus important de plaintes.

Cette visibilité s’explique aussi par le fait que les décisions du Conseil sont rendues publiques et sont plus médiatisées, de ce fait les téléspectateurs et internautes prennent part à tout ça et se sentent plus concernés. Les réseaux sociaux jouent également un gros rôle, car certaines personnalités publient sur leurs pages le fait qu’elles saisissent le Conseil mais aussi car le moindre manquement ou propos de travers se voit amplifié sur les réseaux sociaux. Certains acteurs de l’audiovisuel accusent même le public français de faire preuve de trop de « sensibilité et susceptibilité » et d’être « trop râleur ». De nos jours, envoyer une plainte au CSA devient un reflex pour certains téléspectateurs, entrainant la hausse de saisines.

On peut donc vraiment constater une réelle volonté d’ouvrir le CSA au public. Cette ouverture est revendiquée par le directeur général du CSA Guillaume Blanchot, qui s’est exprimé à ce sujet : « On a voulu développer le lien avec les téléspectateurs car malgré ce que certains imaginent, on n’a pas d’armée de collaborateurs pour surveiller la télévision ».

Les plus grands nombres de plaintes reçues pas le CSA

Cette année on a pu le voir, l’émission qui provoque le plus de réactions des téléspectateurs est « Touche pas à mon poste », diffusée sur la chaine C8. Cette émission est le plus souvent accusée d’homophobie et de sexisme. Une séquence a particulièrement fait parler d’elle et a choqué un grand nombre de téléspectateurs.

Le 19 mai dernier, lors d’un canular diffusé en direct, l’animateur a piégé un anonyme en se faisant passer pour un homme homosexuel ayant posté une petite annonce. Pour cette séquence jugée homophobe dans TPMP, le CSA a reçu pas moins de 39 000 plaintes, c’est-à-dire près de la moitié du total de plaintes à l’année. C’est un record absolu pour le CSA. Par la suite la chaine s’est vue dans l’obligation de payer une amende d’un montant de 3 millions d’euros.

En seconde position de ce triste classement, on retrouve l’émission « On n’est pas couché » diffusée sur France 2, qui a suscité environ 2000 saisines pour une séquence d’altercation verbale. Enfin, sur la dernière marche du podium des mauvais élèves se trouve le débat à 5 candidats en marge de l’élection présidentielle sur TF1, qui a récolté 1500 plaintes de la part des téléspectateurs.

Mais qu’en est-il des sanctions ?

A partir ce ces saisines traitées par le CSA, ce dernier peut prononcer, après mise en demeure, d’éventuelles sanctions qui peuvent aller jusqu’au retrait de l’autorisation d’émettre. En comptant 1000 dossiers traités on pourrait penser que le CSA prononce pas mal de sanction mais il n’en est rien. Effectivement, au cours de l’année 2017, le CSA a prononcé 35 mises en demeures et 7 sanctions, dont 6 concernant la déontologie (trois pour C8, une pour France 2, une pour NRJ et une pour Radio Courtoisie). La dernière sanction en date est pour Chérie 25 concernant les quotas de diffusion.

Cette année 2017 aura été marqué par un record de plaintes mais cela montre également une réelle implication des téléspectateurs dans le monde de la télévision, car après tout il es est l’un des acteurs principaux. 

SOURCES:

ASSOULINE G., « Le CSA a enregistré un record de plaintes de téléspectateurs en 2017», publié le 27 décembre 2017, consulté le 31 décembre 2017, http://www.huffingtonpost.fr/2017/12/27/le-csa-a-enregistre-un-record-de-plaintes-de-telespectateurs-en-2017_a_23317650/

P.B, «90.000 plaintes au CSA cette année: faut-il davantage contrôler les émissions de télé?», publié 28 décembre 2017, consulté le 31 décembre 2017, http://rmc.bfmtv.com/emission/90-000-plaintes-au-csa-cette-annee-faut-il-davantage-controler-les-emissions-de-tele-1336890.html

« Record de plaintes de téléspectateurs au CSA en 2017», publié le 27 décembre 2017, consulté le 31 décembre 2017,  http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2017/12/27/record-de-plaintes-de-telespectateurs-au-csa-en-2017_5234885_3236.html#Tk8srqvq2V7j9L3H.99