Qu’est ce que la 5G ?
La 5G est la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile. Considérée comme une technologie clé, elle pourrait atteindre un débit de 10 gigabits par seconde, soit dix fois plus que la fibre optique. Si la 5G devrait permettre aux applications de s’afficher plus rapidement, des vidéos en très haute définition, son véritable intérêt ne réside pas dans la téléphonie. Elle incarne avant tout le vecteur de développement des objets connectés (voitures autonomes, robotique, smart cities, etc).
Pour les industriels, il y aura une révolution 5G. En plus d’un débit très conséquent, elle pourrait connecter des milliers voire des millions d’objets au kilomètre carré.
Le point crucial de cette technologie est la latence du réseau, correspondant au temps nécessaire à un paquet de données pour passer de la source à la destination. La 4G a un temps de latence de 10 de millisecondes, ce qui semble instantané mais ne l’est pas. La 5G franchit le cap de la milliseconde, c’est-à-dire de l’instantanéité. On accède alors à des usages industriels qui étaient jusqu’à présent inenvisageables.
Sans la 5G, aucune voiture ne peut être complètement autonome. Par exemple, lorsque deux voitures avancent à la perpendiculaire et ne sont pas visibles l’une de l’autre, le temps de latence du réseau actuel ne permet pas d’éviter la collision, contrairement au réseau 5G, capable de transmettre les données à temps pour que les voitures freinent et évitent l’impact.
Entre 4G et 5G, l’architecture du réseau est différente. En 4G, les données sont stockées dans les cœurs de réseau. En 5G, les données sont en plus stockées dans les antennes relai. C’est une multiplication des points possibles de piratage. De surcroit, comme beaucoup plus de choses seront connectées, la 5G devient un réseau critique car elle pourrait connecter les armées, les usines, les ports, les autoroutes… Et offrir la possibilité de les espionner, de les perturber, voire de les arrêter.
5G : enjeu géopolitique majeur
La 5G représente un enjeu géopolitique majeur pour les États-Unis d’Amérique. Alors que le principal moteur de développement de la 5G sur le territoire serait l’arrivée de matériel chinois à bas prix, ils entendent conserver leur prééminence technologique.
Les États-Unis font valoir que le système réglementaire et légal chinois ne permet pas de faire confiance à leurs entreprises pour construire des réseaux de télécommunication critiques, que ce soit sur leur territoire mais aussi dans les pays alliés. Ils essayent par tous moyen de faire entendre aux européens qu’ils doivent refuser les équipements chinois s’ils souhaitent continuer à coopérer de la même manière.
Après avoir multiplié les menaces et sanctions, Donald Trump a interdit aux réseaux de télécommunications américains de se fournir en équipement auprès de “sociétés étrangères jugées à risque”, visant directement Huawei et ZTE. Il est fort probable que cette interdiction s’étende à tout matériel fabriqué en Chine.
Il s’agit d’une question urgente de sécurité nationale, les données américaines risquant d’être utilisées par la Chine à des fins d’espionnage. Mais cela va bien plus loin puisqu’il s’agit également de protectionnisme économique dans un contexte de guerre commerciale.
Cette tension n’est pas récente. Déjà sous le Président Obama, l’administration américaine accusait Huawei d’avoir subtilisé des brevets appartenant à l’entreprise Cisco, géant américain de l’informatique.
Le développement de la 5G aux États-Unis
Le 14 juillet 2016, la Federal Communications Commission (FCC), agence de régulation des télécoms, avait donné son feu vert à l’utilisation des ondes à très haute fréquence sur lesquels reposent les réseaux 5G. Le lendemain, la Maison blanche avait annoncé un programme de recherche de 400 millions de dollars, en partenariat avec les grandes entreprises du secteur : les opérateurs américains Verizon, AT&T, T-Mobile et Sprint, ainsi que fabricants de composants et d’équipements tels que Samsung, Intel, Qualcomm, Nokia ou Ericsson dans l’objectif qu’ils renforcent le déploiement de la 5G partout dans le monde et éviter la mainmise totale de Huawei.
On estime que dans moins d’un an les opérateurs américains auront investi 100 milliards de dollars dans la mise à jour de leurs réseaux. L’objectif : proposer des abonnements 5G au niveau national dès la première moitié de 2020.
Des débuts contrariés
Cependant la 5G connait un début difficile. Premièrement, il existe très peu de téléphones compatibles et Verizon est le seul opérateur à proposer des téléphones 5G pour le grand public. Chez AT&T, il faut pour l’instant disposer d’un compte professionnel pour y avoir accès. Ensuite, les réseaux, notamment celui d’AT&T, ne sont pas à proprement parler de la 5G mais de la « 5G E », sorte de 4G améliorée. Sans compter que le débit est très inégal et que l’on constate une perte de réseau en passant d’un quartier à l’autre. Enfin, des associations et collectivités locales s’opposent à l’installation d’antennes 5G pour des raisons de santé. Bien que les autorités américaines nient tout danger, plusieurs États ont proposé des lois demandant des études supplémentaires.
Sources :
N. Rauline, « La 5G connait des débuts contrariés aux Etats-Unis », Les Echos, septembre 2019
J. Marin, « En téléphonie mobile, les Etats-Unis ouvrent la voie à la 5G », Le Temps, juillet 2016