Le fonctionnement des sonnettes Ring :
Ces sonnettes équipées d’une caméra sont donc des visiophones connectés, très populaires aux États-Unis.
L’entreprise Ring revendiquait plus d’un million de clients américains au moment de son rachat par Amazon, en février 2018. Ring est donc une filiale d’Amazon qui produit et vend des visiophones connectés.
Dès que quelqu’un sonne ou dès lors que la sonnette détecte un mouvement, la caméra s’active et alerte le propriétaire de l’appareil. Il peut regarder en direct sur son téléphone ce qui est en train d’être filmé, ou a posteriori puisque les images sont enregistrées.
Toutefois, la portée de la caméra dépasse le pas de la porte.
Aux États-Unis, Ring gère aussi l’application Neighbors, qui réunit les habitants d’une même zone, autour des questions de sécurité, cette application est surtout conçue pour partager facilement des images issues des visiophones et autres équipements de Ring, comme des caméras de surveillance.
En France, Ring commercialise les visiophones connectés mais l’application Neighbors n’est pas disponible. L’entreprise assure aussi que contrairement aux États-Unis, aucun partenariat n’existe avec les forces de l’ordre françaises.
Le lien avec la police américaine :
En effet, les visiophones ne servent pas seulement à savoir qui sonne à la porte mais ils servent aussi pour les forces de l’ordre qui peuvent demander de récupérer les images filmées.
Ils peuvent récupérer les images grâces à des partenariats entre l’entreprise et les services de police aux États-Unis.
Il faut savoir que les services de police ayant un partenariat avec Ring ont donc accès à un portail spécial leur permettant d’interagir avec les utilisateurs, afin de publier des informations officielles, des messages d’alertes mais aussi de demander aux propriétaires de ces visiophones de leur transmettre les images.
Effectivement, la demande d’image par les services de police aux propriétaires s’effectue facilement, l’utilisateur qui reçoit une demande doit appuyer sur un bouton pour accepter et c’est l’application qui s’occupera du transfert des vidéos à la police.
Bien entendu, l’utilisateur peut refuser la demande et l’entreprise ne transférera donc aucune image, sauf ordre de la justice.
En août 2019, ces partenariats s’élevaient à 400 dans le pays.
Le sénateur du Massachusetts, le démocrate Edward John Markey, a demandé à Amazon des précisions sur les modalités du partage avec les services de police.
Amazon a donné le mardi 19 novembre 2019 des réponses sur les modalités de ce partage, par le biais du vice-président des politiques publiques d’Amazon, Brian Huseman. Il explique que les agents faisant partie d’un bureau de police en partenariat avec Amazon peuvent demander jusqu’à douze heures d’enregistrements à n’importe quel citoyen équipé d’une Ring vivant dans un périmètre de 400 mètres autour d’un endroit suspecté d’être une scène de crime. Et ce dans une fenêtre de quarante-cinq jours. Une fois les images récupérées, après accord du citoyen américain concerné, les policiers peuvent conserver indéfiniment les vidéos et les partager librement avec des tiers. Pour disposer de la sorte des images recueillies, les policiers doivent seulement fournir le numéro de l’enquête en cours.
Il explique aussi que Ring ne regardait pas les vidéos de leurs clients pour vérifier s’ils respectent bien les obligations d’utilisation de ces sonnettes. En effet, dans les obligations d’utilisation il y est expliqué que les caméras doivent être installées de façon à ne pas capturer d’images au-delà de la limite de la propriété privée de son possesseur.
Ce qui ne répond pas vraiment à la question du sénateur qui avait demandé à Amazon si les caméras pouvaient tout de même être utilisées pour enregistrer des enfants ou des passants sans leur consentement.
De plus, Ring a déposé un brevet visant à introduire une technologie de reconnaissance faciale, afin qu’un appareil puisse, par exemple, donner l’alerte en cas de détection d’une personne recherchée.
Cependant, selon Brian Huseman, Amazon aurait bel et bien envisagé l’ajout d’un système de reconnaissance faciale à son logiciel, mais n’aurait pas intégré cette fonction. L’entreprise attend selon lui de parvenir à une « conception réfléchie combinant le respect de la vie privée, la sécurité, et l’ergonomie utilisateur ».
En outre certains médias anglo-saxons, tel que les sites du Guardian, de Motherboard et de Gizmodo, ont cherché les liens entre Ring et les services de la police américaine.
Ces médias ont notamment révélé que Ring formait directement les policiers à l’utilisation du logiciel, et aux techniques pour convaincre les utilisateurs de partager leurs vidéos.
En revanche, il est important de savoir que Ring impose aussi des conditions, par exemple l’entreprise réclame un droit de regard sur les communiqués de presse de la police liés à ce programme, « pour s’assurer que notre entreprise, nos produits et nos services soient représentés avec exactitude », a-t-elle expliqué à Motherboard.
Les limites de cette application avec le droit à la vie privée :
Mais attention tout de même avec cette entreprise et ces partenariats, car cela pourrait causer une atteinte à la liberté d’aller et de venir ainsi qu’au respect de la vie privée.
L’excès de surveillance ne pousserait-il pas les personnes à être plus paranoïaques et donc à être moins enclines à faire confiance, ce qui pourrait nuire aux relations humaines.
N’entrons-nous pas dans une ère où les technologies prennent le pas sur notre vie privée, jusqu’à ce que le moindre de nos gestes soit surveillé ?
Les systèmes de surveillance sont bien entendu une avancée technologique mais il faut tout de même y faire attention afin de ne pas faire comme la Chine où la vie privée n’existe plus et où tout est surveillé.
D’ailleurs plusieurs organisations ont témoigné contre ce partenariat.
L’Electronic Frontier Foundation (EFF), une organisation de défense des libertés numériques, déclare que ces partenariats : « érodent la confiance envers d’importantes institutions publiques en transformant des fonctionnaires en représentants de produits Amazon ».
L’organisation Fight for the Future, appelle les autorités locales à suspendre leurs partenariats avec Ring et mentionne que : « Si un service de police voulait installer des caméras de surveillance dans chaque résidence de sa ville, il devrait d’abord obtenir l’accord des élus et des citoyens ».
L’EFF déclare aussi que : « A chaque nouveau message, Ring transforme le livreur ou le recenseur qui se tient innocemment devant la porte en criminel potentiel ».
Mais l’entreprise, s’est défendue face à ces récentes inquiétudes en assurant que « les utilisateurs gardent toujours le contrôle des informations qu’ils partagent » et que leurs informations personnelles sont protégées. Elle vante aussi les mérites de son système pour la sécurité des quartiers.
Sources:
Le monde : Les visiophones ring d’Amazon et les partenariats avec la police américaine
Le monde : Amazon précise les conditions d’emploi des sonnettes ring par la police américaine