Banni depuis janvier 2021 de plusieurs réseaux sociaux, Donal Trump, 45ième Président des États-Unis, veut revenir plus à la lumière et pour cela il a annoncé le 20 octobre 2021 la création d’un nouveau réseau social appelé « Truth Social », pouvant être traduit littéralement par « vérité sociale ». 

• De quoi s’agit-il ? 

Il s’agit d’un nouveau réseau social, qui a été annoncé le 20 octobre dernier par Monsieur Trump. L’ouverture au grand public est prévue pour le premier trimestre 2022, à l’heure actuelle seul les personnes disposant d’invitations peuvent s’inscrire et utiliser dès à présent ce nouveau réseau social.
Peu de temps après l’annonce de la création de ce nouveau réseau, un lien permettant d’accéder à la plateforme et d’y créer un compte a fuité. Grâce à cette fuite mais également aux captures d’écrans disponible sur le store d’Apple, sur lequel figure déjà la future application en précommande, l’on sait que ce nouveau réseau est largement inspiré de Twitter. Les fonctionnalités ayant fait le succès de Twitter y sont largement reprises.
Cela est peu surprenant connaissant l’affection et l’utilisation intensive qu’en faisait l’ancien Président. Il sera possible donc de publier des messages ou de partager ceux d’autres utilisateurs. Il sera également mis en place un système de fils d’actualité, ainsi que des notifications, comme toute autre application. Ainsi il ne devrait pas y avoir de grande innovation dans ce nouveau réseau social en termes de fonctionnalités.

Le nouveau réseau social compte accueillir 75 millions d’utilisateurs. Pour rappel sur Twitter M. Trump était suivi par environ 89 millions de personnes avant son bannissement de la plateforme.
Le slogan visible sur la page d’accueil de la plateforme est « follow the truth », pouvant être traduit par « suivez la vérité ». On peut donc y comprendre que Trump entend faire de ce réseau social une source d’informations, comme il le voyait pour Twitter.
Sur cette même page d’accueil où l’on peut pour l’instant uniquement s’inscrire sur une liste d’attente pour rejoindre le réseau, on peut y voir que la plateforme se veut encourager des conversations ouvertes, libre et honnêtes. Peut être plus intriguant, la plateforme du milliardaire américain se veut un lieu où l’expression se fait sans discrimination des idées politiques. Ce point peut poser question quant à son application effective, du fait que M. Trump, propriétaire de la plateforme, défend une certaine ligne politique et qu’il est très régulièrement virulent à l’encontre des autres idées politiques pouvant aller jusqu’à donner des surnoms à ses adversaires politiques. 

• Pourquoi la création d’un nouveau réseau social ?

Depuis quelques années Monsieur Trump a été à l’origine de décisions judiciaires relative aux réseaux sociaux. Dans un premier temps, le 23 mai 2018, la cour du district Sud de New-York avait ainsi considéré que M. Trump ne pouvait bloquer l’accès à son compte Twitter présidentiel à un de ses followers au motif que ce dernier se serait montré injurieux. Dans cette décision la cour avait pu considérer que son compte était un forum public car il s’exprimait sur des débats publics, des décisions gouvernementales ou des questions politiques et en raison de sa qualité de Président des États-Unis.
Monsieur Trump a également connu un autre contentieux avec Twitter notamment, sur lequel à partir de mai 2020, le réseau social indiquait de manière régulière, via une alerte devant chacun de ses tweets, que ces derniers pouvaient véhiculer une fausse information. 

Ainsi depuis plusieurs années l’ancien Président américain connaissait des difficultés sur les réseaux sociaux les plus connus et les plus utilisés. Cela pour arriver en janvier 2021 à son bannissement de plusieurs réseaux sociaux, dont Twitter et Facebook à la suite de l’insurrection contre le Capitole américain.
Depuis ce bannissement définitif pour Twitter, ou d’une durée minimum de 2 ans pour Facebook, l’ancien Président a tenté d’utiliser d’autres plateformes moins populaires, mais  également où certains complotistes se réunissaient. Certaines de ces plateformes ont été bloquées par les moteurs de recherche comme pour la plateforme Parler. 

Dans le communiqué de presse annonçant la création de la plateforme M. Trump dit vouloir résister contre la tyrannie des géants technologiques. Il faut entendre ici les Facebook, Twitter qui l’on banni de leurs réseaux sociaux. L’idée est donc de vouloir contrer ces acteurs qui selon lui, l’ont privé d’un lieu d’expression.
Mais, à peine annoncé, et déjà des comptes parodiques et faux ont été crées avant que ne soit mis en place une liste d’attente pour s’inscrire sur le réseau social. Il a par exemple déjà été crée un faux compte de Donal Trump sur son propre réseau social.
Le goût connu de Trump pour les infox et autres faits approximatifs peuvent mener à se questionner sur la présence de manière plus récurrente, plus visible des fausses informations sur ce réseau. Le fait que M. Trump en soit le créateur peut inciter des personnes ayant été aussi bannies d’autres réseaux sociaux de se retrouver sur ce nouveau-ci et y créer un univers favorable aux infox et aux théories du complot, dont certains des partisans de M. Trump sont friands. 

L’article 7, paragraphe 23 des conditions d’utilisation de la plateforme indique qu’il y sera interdit de dénigrer, ternir ou de nuire de quelque manière que ce soit à un avis ou sur le site lui même. Ainsi il est envisageable que l’esprit critique soit possible sur le futur réseau social tant qu’il est constructif et respectueux des idées de tous. 

• La face cachée de la création du réseau social.

La Digital World Acquisition Corp (DWAC) a annoncé de son côté fusionner avec la Trump Media & Technology Group (TMTG) pour une valorisation à environ 875 millions de dollars. La DWAC est une entreprise cotée en bourse à l’indice Nasdaq. Le but de cette entreprise est de lever des fonds pour pouvoir fusionner avec d’autres entreprises, leur permettant donc d’être dès leur création cotées en bourse. Ainsi la fusion de la DWAC et de la TMTG permet à la TMTG d’être cotée en bourse peu de temps après sa création en Janvier 2021. Certains investisseurs de la DWAC ont été surpris de cette annonce et surpris que leur investissement soit utilisé dans le but de fusionner avec une entreprise de M. Trump. Cependant, dès le lendemain de l’annonce de la fusion entre les deux entités le cours de la DWAC a quintuplé en une seule journée, passant d’environ 10$ par action à environ 51$ en fin de journée. 

Mais outre le côté économique paraissant déjà florissant, la nouvelle plateforme est déjà dans le collimateur de Mastodon, réseau social et logiciel libre. En effet, Truth Social semble utiliser le code source de ce logiciel libre. Or la licence libre sous lequel est placé le logiciel prévoit que les codes dérivés du code source libre doivent être communiqué à tout utilisateur en faisant la  demande. Ainsi, lors de la « fuite » du lien du réseau certains utilisateurs ont demandé à se faire communiquer ce code source, or la TMTG n’a pas donné suite à leur demande. À cet égard la TMTG se considère comme étant propriétaire du code source à la lecture des conditions d’utilisation de la nouvelle plateforme. Mastodon de son côté a donné un délai d’un mois à la TMTG pour communiquer le code dérivé du code source libre, avant d’engager toute procédure. 

Mais toujours dans une volonté d’une plus grande présence dans le domaine du numérique, la nouvelle entreprise de l’ancien Président américain, la TMTG, veut également proposer dans un second temps un service de vidéos à la demande et de podcasts.

Sources :

• « États-Unis : trois questions sur Truth Social, le réseau social que veut lancer Donald Trump », FranceInfo, 21 Octobre 2021
• « Donald Trump annonce le lancement de ‘‘TRUTH social’’, son propre réseau social », L’Obs, 21 Octobre 2021
• LARATTE (A), « ‘‘Truth Social’’ : cinq minutes pour comprendre pourquoi le réseau social de Donald Trump flambe déjà en Bourse », Le Parisien, 23 Octobre 2021
• CHALLAND (R), « Truth Social : à peine annoncé, les problèmes s’accumulent pour le réseau social de Trump », lesnumeriques.com, 25 Octobre 2021