Avec le développement de la Technologie de plus en plus nombreuses sont les tentations pour les enfants. De nos jours, les consoles de jeux, l’ordinateur, la télévision, les tablettes numériques et le téléphone mobile sont intégrés dans la vie quotidienne des enfants, en bouleversant parfois leurs habitudes régulières. Selon Médiamétrie (dont le but est d’observer, mesurer et analyser les comportements du public et les tendances du marché des médias), les 4 à 14 ans regardent la télévision 2h15 par jour en moyenne. Toujours au gré de l’âge de l’enfant ou de l’adolescent, du type d’écran et du temps qu’il passe devant l’écran, l’exposition pourrait être aussi bien profitable que préjudiciable pour lui.
Plus précisément, selon Serge Tisseron, psychiatre, « avant l’âge de 3 ans, les écrans non interactifs, c’est-à-dire la télévision et les DVD, n’ont aucun effet positif et plutôt des effets négatifs démontrés. En revanche, les tablettes tactiles permettent au jeune enfant d’exercer des formes d’intelligence étayées sur le geste, le toucher et l’interaction. Mais cela nécessite que ce temps de tablette soit accompagné par le parent, sur des périodes courtes comme un quart d’heure au maximum et en complémentarité avec toutes les autres activités traditionnelles du jeune enfant ».
D’une part alors, les effets négatifs, émanant de l’exposition de l’enfance aux écrans, peuvent être nombreux : Retard de langage pour les petits enfants, prise de poids, déficit de concentration et d’attention, indifférence pour d’autres activités, une pensée trop superficielle avec les capacités de synthèse personnelle et la mémoire défaillantes à cause d’un usage exhaustif de l’internet, mais également des problèmes liés au sommeil et une insécurité psychique chez les très jeunes enfants, lorsqu’ils sont exposés à plusieurs scènes de violence, sont compris parmi les points négatifs essentiels de cette exposition aux écrans. En effet, cette exposition, répétée et sans limites, peut aussi fonctionner comme un refuge afin d’échapper à la vie réelle. L’enfant, ainsi, crée un monde imaginaire en s’éloignant de plus en plus d’une perception réaliste de la vie. De ce fait, il se détache du groupe social, de ses amis, et rentre dans un cercle vicieux de confusions.
D’autre part, les écrans peuvent, en même temps, être accompagnés d’un grand nombre d’effets positifs pour l’enfance. Tout d’abord, les enfants à travers les écrans peuvent apprendre, plus rapidement, à distinguer le réel du virtuel, à stimuler leur intelligence, leur sens de critique et à développer une capacité narrative. Selon Serge Tisseron, psychiatre, et Olivier Houdé, professeur de psychologie, « les outils numériques possèdent une puissance inédite pour mettre le cerveau en mode hypothético-déductif ». Par le biais de son exposition aux écrans et, surtout, de son accès à l’Internet, l’adolescent fait face à une diversité de stimuli, en apprenant ainsi à exercer ses capacités déductives. Au final, un bon usage de différents types d’écrans peut contribuer à un meilleur contrôle des émotions, des pensées et des prises de décisions. Il appartient, donc, aux parents et aux enseignants de trouver les manières à travers lesquelles l’exposition aux écrans pourrait être favorable pour leurs enfants.
Dans un premier temps, les parents sont appelés à poser des limites temporelles, soit fixer à l’enfant un temps donné d’écrans par jour. Cela ne doit pas avoir lieu d’une façon austère en imposant des interdictions, mais à travers la discussion avec l’enfant et aussi par la méthode d’imitation. Ça veut dire qu’il sera beaucoup plus facile à un enfant de limiter son temps d’écran s’il voit ses parents faire de même. C’est important, pour qu’un enfant respecte les règles, d’avoir compris tout d’abord la raison pour laquelle leur mise en œuvre est nécessaire. En plus, il vaut mieux que les parents donnent à leurs enfants la possibilité d’apprendre à poser des limites eux-mêmes. D’ailleurs, cette procédure d’autorégulation pourrait cultiver une plus forte estime de soi, faciliter leur maturation cérébrale et les rendre plus responsables dans tout domaine de leur vie sociale, alors qu’en même temps les parents pourraient éviter, de cette façon, que leurs enfants deviennent « accros ».
Dans un second temps, ce qui est absolument essentiel est le climat de confiance et une relation substantielle entre enfants et parents. En d’autres termes, ce serait important si les parents essayaient de promouvoir leur participation à l’exposition de leurs enfants aux écrans. Un mode pour les parents de commencer à participer à cette procédure est de choisir en commun avec leurs enfants les programmes que ces derniers vont regarder et les jeux vidéo qu’ils vont jouer. En outre, les parents peuvent sélectionner des activités qu’ils pourront accomplir en commun avec leurs enfants pour que le temps donné d’écrans devienne ainsi un moyen de jeu en famille. En tout cas, les parents doivent inviter leurs enfants à parler de ce qu’ils voient et font devant les écrans, non seulement pour connaître et contrôler les contenus en évitant ainsi qu’ils soient exposés à des contenus choquants, préjudiciables pour eux, mais aussi pour contribuer à l’amélioration de leur intelligence narrative et de leur sens critique à travers le dialogue. Même au cas où le logiciel employé par l’enfant disposerait d’un contenu éducatif, les parents doivent toujours avoir à l’esprit que tous ces supports peuvent être utilisés pour développer des compétences et parfois accorder des connaissances aux enfants mais jamais sans l’existence d’une forte relation d’interaction entre enfants et parents qui va promouvoir l’esprit déductif des enfants et évoluer leurs connaissances. Enfin, parmi les devoirs des parents demeure parallèlement leur obligation de dissuader l’éloignement de leurs enfants du monde réel. C’est-à-dire qu’il est indispensable que les parents puissent être plus souvent ou, au moins, plus essentiellement disponibles pour leurs enfants, en faisant attention à leurs besoins et en consacrant du temps au jeu et aux activités traditionnelles avec eux.
De l’autre côté, l’exposition des enfants aux écrans intervient, aujourd’hui, également dans le cadre scolaire. Plusieurs fois, l’emploi d’outils numériques a lieu lors de la procédure d’apprentissage. La Commission européenne a, d’ailleurs, reconnu en 2006 le numérique comme l’une des huit « compétences clés pour l’éducation ». De ce fait, le rôle de l’enseignant devient déterminant et consiste à apprendre aux enfants à mieux réguler leur consommation d’écran, à promouvoir leur sens critique à travers la discussion avec eux sur les différents sujets qui sont abordés via la voie numérique et, finalement, à les apprendre à ne pas se borner à une recherche restreinte qui leur est offerte par le biais de différents types de Technologies mais, par contre, à procéder à une recherche plus profonde et toujours en liaison avec les processus traditionnels d’apprentissage. En pratique, n’oublions pas qu’il y a des logiciels d’aide à la lecture ou au calcul qui démontrent que l’utilisation pédagogique des écrans et des outils numériques à l’école ou à la maison peut constituer un progrès pédagogique important.
Cependant, le contrôle parental ainsi que celui auprès des acteurs de l’éducation demeure vague et imprécis et par conséquent peu utilisé. Il se révèle donc une nécessité considérable d’un cadre normatif plus stable et concret. La protection des enfants relative à leur exposition aux écrans fait déjà partie de la préoccupation des instances nationales, européennes ainsi qu’internationales, mais il n’existe encore aucun organisme de contrôle et de régulation unifié. En plus, la diversité des législations et des modes de régulation internationaux oblige à une action commune qui commence lentement à émerger.
Par exemple, il y a des textes divers concernant la protection de la vie privée en général, comme la Convention 108 du Conseil de l’Europe, deux directives du Parlement européen et du Conseil, la loi du 6 janvier 1978 modifiée dite « loi informatique et libertés » et aussi l’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Or, ce dispositif est limité, alors que son application est quelques fois restreinte par des difficultés d’interprétation et de l’application territoriale. Néanmoins, la protection de la vie privée de l’enfant est consacrée par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant du 20 novembre 1989, dans l’article 16 qui se réfère au respect de sa vie privée contre toute atteinte à son honneur et à sa réputation. Mais il y a une nécessité outrancière d’assurer d’une manière encore plus stricte cette protection, puisque l’insertion du numérique dans le quotidien amène l’adolescent très souvent à mettre en ligne un grand nombre d’informations le concernant, accessible à plusieurs personnes. Les adolescents ignorent parfois que les informations personnelles qu’ils manifestent sur internet, peuvent être exploitées à des fins commerciales ou malveillantes, par les entreprises publicitaires par exemple. Donc, une protection plus spécifique de la vie privée de l’enfant apparaît indispensable, surtout en raison de sa vulnérabilité. De plus, concernant le « droit à l’oubli numérique », il a été réclamé récemment mais que d’une façon indirecte. Toutefois, ce droit à l’oubli numérique est essentiel puisque son application permettrait à tout enfant et à tout adulte de procéder à la suppression de leurs données personnelles en ligne.
Outre la vie privée, il est aussi nécessaire un cadre juridique qui va assurer plus concrètement la protection des enfants contre leur exposition aux contenus illégaux (pédophiles, racistes) ou aux contenus réservés aux adultes (pornographiques, scènes de violence tant sur la TV ou Internet que dans les différents jeux vidéo). A cet égard, il importe de rappeler l’œuvre de CSA en la matière. Plus précisément, selon les articles 1er et 15 de la loi no 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (Loi Léotard) le CSA entreprend la protection des enfants et des adolescents vis-à-vis des programmes des services de communication audiovisuelle susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental et moral. Ainsi, la violence, la pornographie et l’érotisme, qui apparaissent dans quelques programmes, ainsi que la pression publicitaire font l’objet de la lutte constante du CSA dans ce secteur d’occupation. En conséquence, le CSA comporte dans son site des conseils et des astuces pour aider le contrôle parental concernant l’usage des médias audiovisuels, ou l’emploi de la signalétique jeunesse. Il est aussi évident que le but de cette signalétique jeunesse est de concilier la protection des mineurs avec la liberté de communication, puisqu’une suppression de la représentation ou de l’évocation de thèmes choquants pour les enfants marquerait une censure à la télévision.
Dans le rapport annuel 2012 « Enfants et écrans : Grandir dans le monde numérique » qui a été rédigé à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant le 20 novembre 2012, le Défenseur des Droits Dominique Baudis et la Défenseure des enfants Marie Derain ont fait des propositions pour garantir une meilleure sécurité pour les enfants dans le monde numérique. Parmi ces propositions, il est déploré l’instauration d’une « co-régulation » des politiques du numérique, des modalités de signalement des contenus illicites et des contenus ou comportements inappropriés, mais également la reconnaissance aux mineurs du droit à une protection renforcée de leur vie privée- droit à l’oubli, droit au déréférencement- et une incitation au niveau international des acteurs privés du numérique à l’autorégulation pour renforcer la protection des enfants. De même, ils incitent à assurer une formation effective aux TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) des principaux acteurs intervenant auprès des enfants (professeurs, éducateurs), ainsi qu’à élaborer un texte législatif donnant une portée contraignante aux recommandations existantes afin de protéger les enfants des publicités insérées dans les jeux vidéo.
En conclusion, puisque la maturation cérébrale n’est pas achevée pendant l’enfance, il est indispensable que les enfants fassent l’objet d’un guidage portant sur l’exposition de ces derniers aux écrans, réalisé aussi bien par les parents (article 14 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant établissant « le droit à être guidé par les parents »), que par les enseignants dans le but d’éviter les conséquences de l’accoutumance. En plus, ce guidage va servir à leur procurer les moyens pertinents afin qu’ils puissent faire la distinction entre le réel et le virtuel et se protéger, ainsi qu’à les pourvoir avec des habiletés mentales plus étendues. Pourtant, afin que cette œuvre de l’entourage adulte de l’enfant soit plus concrètement assurée et stabilisée, l’exigence d’un cadre juridique organisé et unifié est évidemment considérable. De cette façon, une telle exposition aux divers outils numériques pourrait être bénéfique. Permettons, donc, à la Technologie d’être secourable à un développement spirituel des enfants assez plus rapide et plein de stimuli bienfaisants pour eux.
Sources :
LARONCHE (M.), « Enfants et écrans : “Une bonne crise à chaque fois qu’il fallait arrêter le jeu” », Le Monde, mis en ligne le 22 janvier 2013, consulté le 24 janvier 2013, www.lemonde.fr/vous/article/2013/01/22/une-bonne-crise-a-chaque-fois-qu-il-fallait-arreter-le-jeu_1820667_3238.html
LARONCHE (M.), « Face aux écrans, responsabiliser les enfants plutôt qu’interdire », Le Monde, mis en ligne le 22 janvier 2013, consulté le 24 janvier 2013, www.lemonde.fr/societe/article/2013/01/22/face-aux-ecrans-responsabiliser-les-enfants-plutot-qu-interdire_1820560_3224.html
BEGUIN (F.), LARONCHE (M.), « “Il faut donner à l’enfant un temps global d’écran par jour” », Le Monde, mis en ligne le 23 janvier 2013, consulté le 24 janvier 2013, www.lemonde.fr/technologies/article/2013/01/23/il-faut-donner-a-l-enfant-un-temps-global-d-ecran-par-jour_1821463_651865.html