L’IMPACT DES FILMS MILITANTS POUR L’ECOLOGIE SUR LES SPECTATEURS

Les films militants pour l’écologie montrent que le cinéma reste un terrain, sur lequel il est possible de faire de la politique, à savoir exprimer et valoriser des idées ou des opinions sur la manière de gérer les affaires de la Cité et sur la direction qui semble juste de suivre afin d’assurer le bon fonctionnement de celle-ci, pour le présent et dans l’avenir, afin d’amener les autres (citoyens, gouvernements) à emprunter la voie que l’on indique.
Les films militants pour l’écologie participent-ils à la prise de conscience collective et peuvent-ils influencer le comportement des spectateurs dans un sens plus respectueux de leur environnement ?

Sorti mondialement le 5 juin 2009 et diffusé par la plupart des médias, le documentaire Home fût couronné de succès. Toutefois, il ne parvînt pas toujours à impulser un changement de comportements des spectateurs. Posée dans un forum, la question suivante : « Home va-t-il influencer votre comportement écologique de citoyen responsable dans les années à venir? », a reçu des réponses majoritairement négatives. Pour preuve, la réponse « Ni plus ni moins » a été plébiscité par les votants. Certains d’entre eux tiennent des propos beaucoup plus acerbes. Ainsi, la réflexion sur le sujet amène l’un des votants à énoncer « aucunement », et un autre à l’absence totale de considération : « Se faire la morale avec de telles bêtises, non jamais », ou encore au dénigrement : « On se fout carrément de la gueule du monde. Alors Home ou pas Home tout ça (…), c’est du cinéma. ». L’ironie est même l’invitée d’un des messages : « comportement écologique de citoyen responsable. Quel programme! C’est pour quand la séance de flagellation ? ». A côté de ces pensums, des messages enthousiasmants révèlent une prise de conscience par des spectateurs. L’un d’eux se prononce de manière affirmative, avec un « oui bien sûr! » et pense que cela se fera « D’une manière ou d’une autre… ». Un autre espère adopter un comportement « un peu plus » responsable en faveur de l’écologie.

Comparé au film d’Al Gore Une Vérité qui dérange, The Cove, sorti le 30 septembre 2009 au cinéma, est un film engagé qui raconte sur le mode d’un thriller l’histoire véridique du massacre des dauphins dans la baie de Taiji au Japon. Le réalisateur en titre Louie PSYIHOYOS est un militant écologiste, primé de nombreuses fois. A la différence du documentaire Une Vérité qui dérange, The Cove reprend les techniques propres au cinéma hollywoodien. Par le choix des codes du cinéma sensationnaliste, les réalisateurs ont voulu obtenir une diffusion massive pour une plus grande prise de conscience. Sans doute que l’objectif a été atteint. Un internaute s’exprime sur ce que lui a inspiré le film The Cove « la baie de la honte », et écrit : « Respecter la nature et les êtres qui la composent c’est un peu avant tout savoir se respecter soi- même ainsi que nos futurs descendants. Avant d’être un film écologique, The Cove est un film humaniste qui au final lorsque le générique de fin arrive vous laisse au carrefour de deux choix possible. S’éveiller et comme le « héros » du film tenter d’apporter sa pierre à l’édifice ou bien d’un autre côté rester dans une ignorance volontaire motivée par l’argent ou par le voile de fumée que certaines compagnies vont dresser autour de vous». A la suite d’un passage de l’acteur principal Richard O’BARRY (spécialiste des mammifères marins, ancien dresseur de dauphins, ayant joué un rôle dans Flipper) dans une émission à Taiji, après la parution du film, les télévisions et reportages se sont succédés et les pêcheurs ont disparu.

Sorti en octobre 2009, l’œuvre de Nicolas HULOT, Le Syndrome du Titanic, selon une critique de M. Sébastien CHAPUYS, est une « œuvre recommandable (…) pour sa valeur pédagogique et citoyenne » tandis que, M. Eric NEUHOFF, journaliste au service culture du Figaro, déconseille d’aller voir ce film qui est selon lui, «bourré de sentences lourdes et banales». Cependant, il semble qu’il mérite d’être vu pour la prise de conscience. La nécessité d’une piqûre de rappel est réitéré : « …on a vraiment besoin de films de ce genre, pour nous rappeler. ». Néanmoins, les dénonciations contenues dans l’œuvre peuvent avoir un effet pervers: « …à force de tout dénoncer en bloc, le seul but atteint est de nous plonger dans un état de torpeur inactive ». Celui là même qui tient ces propos se montre exigeant en reprochant au film de ne pas apporter de solutions concrètes. Il n’est pas le seul, d’autres lui feront cette critique : « Le film pose de vrais problèmes sans amener de solutions pour les résoudre », « ça manque de solutions concrètes…». Mais, il est à plusieurs reprises secouru: « Certains lui reprochent de ne pas proposer de solutions et alors ? N’a-t-on plus le droit de dénoncer sans avoir de solutions à proposer ? Ils tirent le signal d’alarme. Ils nous réveillent et c’est très bien. ». Un autre défenseur montre autant de conviction: « Certes, aucune solution n’est proposée… Je pense que cela est voulu: avant l’action, le constat: le changement de trajectoire est incontournable… ». Il croit en ce film et ses capacités, tout comme celui qui pense : « On aime ou on n’aime pas, ça peut paraître ennuyeux pour certains, et captivant pour d’autres, mais une chose est sûr, ça fait réfléchir». Par ailleurs, Le syndrome du Titanic pousse quelques-uns à l’action : « …ça m’a donné envie d’en savoir plus et d’agir à mon tout petit niveau pour aider à améliorer la situation.». « J’ai qu’une chose à dire : le temps des questions est révolu, terminé, aujourd’hui il faut agir». Il arrive aussi que l’on invite au visionnage du film: « Ce documentaire (…) il faut que tout le monde le voit (même en plusieurs fois si vous le trouvez ennuyant, mais il faut le voir) !!! ». Enfin, pour un internaute, « il ne s’agit pas d’un divertissement mais d’un devoir.»

Dans un article intitulé Parcours difficiles pour les films d’environnement, mis en ligne le 19 novembre 2008, un distributeur de films, gérant de KMBO, M. Vladimir KOKH, déclare : « le public français préfère encore voir des fictions que des documentaires ». Depuis ce témoignage, il y eut la sortie du documentaire Home, dont le succès a été relaté dans le présent article. Déduire un changement d’attitude du public français constituerait une conclusion hâtive. Peut-être est-il encore nécessaire de recourir à la fiction pour faire prendre conscience d’une vérité catastrophique, comme le fait M. Jorge SEMPRUN, survivant du camp de Buchenwald. Il raconte l’expérience « vécue dans l’univers concentrationnaire nazi », en utilisant « le travail de création et l’artifice de l’art pour transmettre l’indicible, c’est-à-dire ce qui ne semblait pas pouvoir être raconté: la vérité essentielle de l’expérience vécue. »
Sources :

http://www.forumfr.com/sujet148939-films-ecologiques.html
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20090606173446AA7elWT
http://blog.landofthegeeks.com/?p=15418
http://www.novethic.fr/novethic/planete/institution/evenements/parcours_difficiles_pour_films_environnement/118628.jsp
http://www.archipel.uqam.ca/788/1/M9984.pdf
Kelly CHARLETON-GUITTEAUD