LE TABAC REVIENT SUR LES AFFICHES

Enfin une décision de bon sens.
Après avoir saisi le Conseil de l’éthique publicitaire, l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), a décidé que des produits liés au tabac comme la pipe, le cigare ou la cigarette, pourraient désormais apparaître sur des affiches publicitaires, en respectant toutefois certaines conditions.

Le débat avait été ouvert avec l’affaire de l’exposition de Jacques Tati, au mois d’avril dernier.
Déjà, la Société des Réalisateurs français (SRF) et le Syndicat de la Critique de Cinéma s’étaient insurgés à l’époque, contre la RATP et Métrobus, qui avaient remplacé la pipe de Monsieur Hulot par un moulin-à-vent sur les affiches de l’exposition Jacques Tati placardées dans le métro et sur les bus.
Mais, Métrobus et la régie publicitaire de la RATP, s’étaient défendus en faisant valoir une application scrupuleuse de la loi Evin de 1991.
Pourtant, le Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui ne rate pas une occasion de saisir la justice dès lors qu’il existe une infraction, avait trouvé la réaction de Métrobus et de la RATP déplacée car, il n’y avait pas de faute en l’espèce mais une simple promotion d’un évènement culturel.

Et voici que, quelques jours après, l’affaire est réitéré avec cette fois le personnage de Coco Chanel en ligne de mir, pour la promotion du film « Coco avant Chanel ».
Sur l’affiche publicitaire initiale, Audrey Tautou, qui incarne le personnage de Coco Chanel, porte une cigarette à la main. Mais, les usagers des transports en communs parisiens ne verront pas cette affiche, laquelle sera vite remplacée par une autre, sans cigarette !
En effet, comme pour Tati, la régie publicitaire de la RATP a demandé au distributeur d’autres visuels, car, faisant une application stricte de la loi Evin, il est interdit d’émettre toute publicité directe ou indirecte pour le tabac dans des lieux qui sont des services publics.
Pourtant, Coco Chanel sans cigarette n’est plus Coco Chanel…

Face à une telle aberration, la Société des réalisateurs français et le Syndicat de la critique de cinéma, dénonçaient “un révisionnisme insupportable” et une atteinte au droit d’auteur.
Claude Evin, lui-même, a jugé la décision de Métrobus « ridicule », ne correspondant pas à l’objectif visé par sa législation : interdire la propagande et la publicité directe ou indirecte (..)

Rendue publique ce 25 mai 2009, l’ARPP a entendu autoriser l’apparition de produits liés au tabac sur les affiches, sous condition de respecter trois critères :
– «les campagnes devront émaner d’annonceurs qui n’ont aucun lien avec l’industrie ou la distribution du tabac, et avoir une finalité culturelle ou artistique»
– les personnes représentées «devront être disparues, ou figurer dans des œuvres d’art partie intégrante d’une promotion publicitaire pour une manifestation artistique»
– et, il devra s’agir de produits de consommation du tabac «inséparables de l’image et de la personnalité de la personne disparue qui y figure»

On espère qu’avec cette décision, notre patrimoine culturel ne subira plus de nouveaux affronts!
Sources :
www.lemonde.fr
www.lefigaro.fr

Sophie TRICARD