THOMSON, UN FRANCAIS AU ROYAUME D'HOLLYWOOD

Chicken Little, King Kong, Da Vinci Code et Harry Potter ont tous un point commun. Celui d’être… un peu français. Une mauvaise plaisanterie   ? Pas du tout. En effet, le groupe Thomson, via sa filiale Technicolor, est leader mondial des services et des technologies de cinéma numérique depuis cinq ans (1), et participe à la production et à la distribution de la majorité des films hollywoodiens (2). Et le français ne cache plus ses ambitions : après plusieurs mois de négociations, il vient de signer un accord historique avec sept des plus grands studios d’Hollywood – DreamWorks , Universal, Warner, Sony Pictures, New Line, Fox et Weinstein – pour l’installation d’un réseau de distribution numérique dans plus de 15.000 salles d’ici à 2015 , aux Etats-Unis et au Canada (sur un total d’environ 37.000 salles). En contrepartie, les studios se sont engagés à distribuer des longs métrages au format numérique sur l’ensemble du territoire nord-américain pendant cette période.

Organigramme de la branche « Services » de Thomson

© www.thomson.net

L’association de Thomson et des majors d’Hollywood devrait suffire à convaincre les exploitants de salles qu’ils auront rapidement accès à des blockbusters et à des films de qualité, et les inciter à monter des tours de table pour financer l’investissement. En effet, entre l’écran, le projecteur et le matériel associé, le passage au numérique d’une salle de cinéma coûte environ 100.000 dollars et «  le modèle économique du Technicolor rend la transition vers le cinéma numérique sensible économiquement », explique Jim Tharp, directeur du département distribution chez Dreamworks (3). Pour les studios, en revanche, le coût d’une diffusion numérique, décliné sous la forme d’une taxe de « distribution virtuelle », sera trois fois moins élevé que celui d’une distribution classique, et Thomson, qui détient déjà près de 45% du marché de la distribution analogique, espère bien gagner de nouvelles parts de marché grâce au développement du cinéma numérique (4).

Mieux encore. Pour contrôler la chaîne du cinéma de bout en bout, le groupe cherche à s’imposer dans la gestion des droits numériques et la sécurisation des contenus – un enjeu vital au moment où le 7 ème art est confronté au piratage. L’an dernier, Thomson s’est ainsi associé à TimeWarner et Microsoft pour acquérir un tiers du capital de ContentGuard, une société créée par Xerox pour protéger les contenus numériques des copies illicites. Mais les activités du français ne se limitent pas exclusivement au domaine du cinéma   : en effet, Technicolor est déjà présent dans l’univers du jeu vidéo, où il collabore avec de grands éditeurs (Microsoft, Vivendi Universal Games, Atari et Electronic Arts), et Thomson envisage de se positionner sur la dématérialisation des contenus audiovisuels comme le sport, la musique, les vidéoclips, l’information et les séries télévisuelles, et leur diffusion sur supports mobiles (téléphones, baladeurs numériques). En quelques années, le groupe d’électronique grand public s’est imposé comme un acteur incontournable du cinéma ; il n’entend pas s’arrêter en si bon chemin.

Sources :

Articles

•  « Contrat majeur pour Thomson dans le cinéma numérique outre-Atlantique », La Tribune , 10/11/05

•  Dominique Vidalon, « Thomson lands role in Hollywood digital movie deal », Washington Post , 10/11/05

•  Tom Braithwaite, «Thomson signs up to digital cinema », Financial Times , 10/11/05

•  « Thomson affiche sa confiance dans ses nouvelles activités », La Tribune , 17/10/05

•  « Thomson Multimédia achète Technicolor à Carlton », L’Expansion , 8/12/00

Sites Internet

•  www.technicolor.com

•  www.thomson.fr

Notes :

(1) Thomson a racheté Technicolor au groupe britannique de communication Carlton en 2000.

(2) Technicolor est également le premier fabricant de films, de vidéocassettes, de DVD et de CD.

(3) Tom Braithwaite, «Thomson signs up to digital cinema », Financial Times , 10/11/05

(4) La mutation étant longue à réaliser, les bobines en 35mm existeront encore pendant longtemps, parallèlement à leur avatar numérique.

Benoît LANDOUSY